[6,0] LIVRE VI. [6,1] I. 1. J'ai exposé, dans le livre précédent, les origines des noms des lieux, et des choses qui sont dans les lieux. J'exposerai dans celui-ci les origines des noms des temps, et des choses qui se font ou se disent dans le temps, comme de sedere (être assis ), ambulare (marcher ), loqui (parler). S'il se présente des mots de diverses espèces, j'aurai plutôt égard à leur affinité qu'à l'ordre qu'exigerait une critique sévère. 2. En cela je m'autorise de Chrysippe et d'Antipater, et de ceux qui, sans avoir autant de pénétration philosophique, étaient plus versés dans la science grammaticale (au nombre desquels sont Aristophane et Apollodore); et tous s'accordent à reconnaître que les mots dérivent les uns des autres, soit en prenant, soit en rejetant, soit en changeant une ou plusieurs lettres. Par exemple, turdus (grive ), turdarius (qui engraisse des grives), et turdelix (petite grive), sont de la même famille. Ainsi les Grecs ont converti Lucienum en g-Leukienon, Quintium en g-Kointon; de même que les Latins ont dit Aristarchum au lieu de g-Aristarchon, Dionem au lieu de g-Diohna. C'est ainsi, en un mot, que de veter on est arrivé à vetus ; de solu, à solum ; de loesebo à liberam ; de lasibus, à lares. Quoique le temps ait en partie effacé les traces de ces dérivations, je m'appliquerai à les retrouver. [6,2] II. 3. Je traiterai des noms des temps préalablement aux noms des choses qui se font dans le temps, mais toutefois après avoir considéré en général la nature des temps; car elle a dû servir de guide à l'homme dans la création des mots qui servent à les désigner. On a dit que le temps est la durée du mouvement du monde. Le cours du soleil et de la lune a principalement servi à déterminer la division du temps : de là le sens de tempus, parce qu'il est la mesure du cours réglé (temperatus) de ces astres; et de tempus vient tempestiva. Pareillement, comme leur mouvement s'opère dans toute l'étendue du ciel, motus (mouvement) a produit mundus (monde). 4. Le soleil a deux mouvements. Le premier s'accomplit avec le ciel, d'orient en occident, et la durée de ce mouvement a été appelé dies (jour), du nom de ce dieu. Meridies (méridien) composé de medius (milieu) et dies que les anciens disaient medidies, et j'ai vu ce mot ainsi écrit sur un cadran solaire à Préneste. Solarium (cadran solaire) a été formé de sol (soleil) et de hora ( heure). C'est à Cornélius qu'on doit celui qu'on voit sur la basilique Emilienne et Fulvienne. Mane (matin) vient de manat parce que le jour naissant découle de l'orient ou plutôt de manus, mot ancien, qui avait la signification de bonus (bon), comme on peut l'induire de la périphrase g-phohs g-agathon (dies manus), par laquelle les Grecs désignent religieusement l'aube du jour. 5. Suprema (soir) de superrimus (extrême). D'après les Douze Tables c'est le coucher du soleil : ce qui depuis a été confirmé par la loi Plaetoria, suivant laquelle le temps où le crieur public annonce dans le comice l'heure dite suprema, est le dernier moment du jour. Le temps qui suit le coucher du soleil a été appelé crepusculum (crépuscule), de creperus (douteux). Ce mot nous est venu des Sabins; et de là le nom de Crepusci donné par les Amiterniens à ceux qui sont nés à cette heure du soir, et celui de Lucii à ceux qui sont nés à l'aube du jour. Dans le territoire de Réate, crepusculum signifie douteux : ce qui a fait appeler creperae les choses douteuses, parce que le crépuscule n'est précisément ni le jour ni la nuit. 6. Nox (nuit) vient de nocere (nuire), parce que, comme le dit Catulus, les vapeurs glacées de la nuit congèleraient tout, si le soleil ne reparaissait; ou bien du mot grec g-nyx. Le moment où la première étoile se lève s'appelle chez les Grecs g-hesperon, et chez les Latins vesper. Les Grecs ont donné à cette étoile le nom de g-hespera, et les Latins celui de vesperugo, qui se lit dans ce vers de Plaute : Neque vesperugo , etc. : Ni l'étoile du soir ni les Pléiades ne se couchent. Avant le lever du soleil , elle change de nom, et s'appelle jubar, parce qu'elle est rayonnante (jubata). On lit dans Pacuvius : Exorto jubare, etc. ; et dans Ennius : Ajax, quod lumen, jubarne, etc. 7. L'intervalle de temps qui sépare ces deux extrémités de la nuit est dit intempestus, mot que Cassius , l'auteur du Brutus, met dans la bouche de Lucrèce : Nocte intempesta, etc. Suivant Aelius, intempestus signifie inopportun pour agir. Le temps de la nuit est encore appelé concubium, parce que alors tous les êtres sont couchés, et silentium, parce que le silence règne partout. Plaute se sert du mot conticinium, de conticescere (garder un silence général) : Videbimus : factum volo : reddito conticinio. 8. Le second mouvement du soleil est différent de celui du ciel. C'est celui qui a lieu entre le solstice d'hiver et le solstice d'été. Bruma (solstice d'hiver) vient de brevissimus, parce que les jours sont à cette époque les plus courts de l'année ; solstitium (solstice d'été ), de sistere, parce que le soleil semble s'arrêter, ou parce qu'il est alors très près de nous. Aequinoctium (équinoxe), époque où le soleil est à égale distance des deux solstices, de aequus et de nox, parce que les jours sont égaux aux nuits. Annus (année ), de anus (cercle), dont le diminutif est anulus (anneau), parce que le soleil décrit une espèce de cercle pour revenir au solstice d'hiver, c'est-à dire à son point de départ. 9. Le temps qui suit le solstice d'hiver a été appelé hiems, parce qu'il est très pluvieux (multi imbres) : d'où hibernacula (tentes d'hiver), hibernum (quartier d'hiver). Peut-être aussi ce mot vient-il de hiatus (ouverture de bouche), parce que dans l'hiver l'haleine est apparente. La saison suivante a reçu le nom de ver (printemps), parce que les plantes commencent à revivre (vivere), et l'année à tourner (vertere), à moins qu'on ne doive plutôt en reconnaître l'origine dans le mot ionien g-ehr. Æstas (été) dérive de aestus (chaleur) ou du mot grec g-aithesthai (bûler) : d'où æstivum (lieu où l'on passe l'été). Autumnus (automne).... 10.... de sol (soleil), de même que messis (mois), espace de temps pendant lequel la lune s'éloigne du soleil et y revient. L'ancien nom de la lune, chez les Grecs, était g-mehneh, qui a produit g-mehnes ( mois), racine de mensis. De mentis et de inter (entre) on a fait intermestris, intervalle d'un jour entre le mois qui finit et la nouvelle lune, et que les Grecs ont appelé plus exactement g-enehn g-kai g-nean (ancien et nouveau jour), parce qu'on peut voir à la fois dans ce jour intermédiaire la fin et le renouvellement de la lune. 11. Lustrum (espace de cinq ans), de luere (payer), parce que tous les cinq ans les impôts et les contributions volontaires étaient répartis par les censeurs. Seclum (siècle), de senex (vieillard), parce qu'il est le terme le plus reculé de la vie humaine. Aevom, ensemble de tous les âges, de toutes les années, (aetas, annus) : d'où aeviternum, et par contraction aeternum (éternel), en grec g-aiohna, c'est-à-dire, suivant Chrysippe, g-aei g-on ( étant toujours). On lit dans Plaute : Toute la suite des âges est insuffisante pour apprendre ; et dans un autre poète : Les temples éternels du ciel. [6,3] III. 12. Aux distinctions naturelles du temps se sont jointes des distinctions civiles. Je parlerai d'abord des jours consacrés aux dieux; puis de ceux dont la solennité est purement humaine. Agonales, jours pendant lesquels le roi des sacrifices préside au sacrifice d'un bélier dans le palais royal, de agone (frapperai-je?), parce que le chef de la cité adresse cette question au roi du sacrifice : après quoi le chef du troupeau est immolé. Carmentalia, sacrifices et fêtes en l'honneur de Carmente. 13. Lupercalia, fêtes célébrées par les Luperques dans le lieu appelé Lupercal. Lorsque le roi des sacrifices annonce la fête mensuelle des nones de février, il appelle februatus le jour où elle tombe. Februum, chez les Sabins, signifie purification; et ce mot est employé dans nos sacrifices ; car les Lupercales sont une purification (februatio), comme je l'ai démontré dans mon traité des Antiquités. Quirinalia, fêtes en l'honneur de Quirinus, qui viennent se confondre avec celles des Furnacales, dont la populace n'a pas encore achevé la solennité. Feralia, fêtes funéraires, pendant lesquelles on va déposer des aliments sur les tombeaux, de inferi (enfers) et de ferre (porter). Terminalia, fêtes du dernier jour de l'année; car le douzième mois était février, dont on retranchait les cinq derniers jours dans les années bissextiles, pour former un mois intercalaire. Equiria, consacré à des courses de chevaux (equus) dans le champ de Mars. 14. Liberalia, jour consacré à Bacchus (Liber), pendant lequel de vieilles femmes, assises dans tous les quartiers de la ville, la tête couronnée de lierre, brûlent des gâteaux sur un petit foyer, en invoquant la protection de Bacchus sur ceux qui achètent ces gâteaux. Dans les livres des Saliens ce jour est appelé Agonis, peut-être à cause du surnom de agonenses, que portent les prêtres. Quinquatrus est une fête qui ne devrait durer qu'un jour, et que la méprise causée par tous nous fait prolonger pendant cinq jours. Quinquatrus signifie cinquième jour après les ides, de même que dans le territoire de Tusculum sexatrus signifie sixième jour, et septimatrus, septième jour après la même époque, Tubulustrium, jour où les trompettes sacrées sont purifiées avec de l'eau lustrale dans un lieu consacré à cette cérémonie. 15. Megalesia, fêtes en'honneur de Cybèle, qui, suivant les livres sibyllins, furent introduites par le roi Attale de la ville de Pergame, où cette déesse avait son temple près du mur Mégalésien. C'est de là qu'elles ont passé à Rome. Fordicidia, sacrifice où l'on immolait publiquement dans les curies des vaches pleines, de fada (vache pleine) et de caedere (tuer). Forda vient de ferre (porter). Palilia, fêtes en l'honneur de Palès. Cerealia, fêtes en l'honneur de Cérès. 16. Vinalia, fêtes où l'on fait des libations de vin nouveau à Jupiter, et non a Vénus. Cette fête est l'objet d'une grande solennité dans le Latium, où autrefois, en certaines contrées, les prêtres présidaient publiquement à la vendange comme cela se pratique encore aujourd'hui dans le territoire de Rome. C'est un flamine diale qui inaugure la vendange : après avoir recueilli les grappes, il sacrifie une brebis à Jupiter, et, au cours de l'immolation et de l'offrande, il choisit la première grappe de raisin. Il est écrit dans les livres sacrés de Tusculum qu'on n'emmène point de vin nouveau à la ville avant la procession des Vinales. Robigalia, fête en l'honneur du dieu Robigus, qui a lieu au temps de la moisson, et pendant laquelle on fait des sacrifices à ce dieu afin qu'il garantisse les blés de la rouille. 17. Vestalia, fête en l'honneur de Vesta; Vestale, prêtresse de Vesta. Quinquatrus minusculae, fête des ides de juin, semblable à celle des ides de mai, et pendant laquelle des joueurs de flûte errent par la ville, et se rassemblent dans le temple de Minerve. Le jour de Fors-Fortunae tire son nom du roi Servius Tullius, qui fit bâtir un temple à cette déesse sur les bords du Tibre, en dehors de Rome pendant le mois de juin. 18. Le jour appelé Poplifugia doit probablement aussi ce nom à une alarme qui aurait fait prendre le fuite au peuple ; car ce jour vient peu après celui où les Gaulois et d'autres peuples conjurés contre nous, tels que les Ficuléates et les Fidénates, abandonnèrent la ville. La fuite que l'on simule dans les cérémonies de ce jour semble confirmer cette origine, comme je l'ai fait voir dans mon traité des Antiquités. Nones Caprotines, jour de fête où, dans le Latium, les femmes font des sacrifices à Junon Caprotine, sous un figuier sauvage, dont elles cueillent une branche... 19. - - - Neptunalia, fête en l'honneur de Neptune. Furrinalia, fête de la déesse Furrina, qui était très honorée des anciens. Ils avaient institué en son nom des sacrifices annuels, auxquels présidait un flamine. Le nom de cette déesse est aujourd'hui presque inconnu. Portunalia, fête en l'honneur de Portunus, en mémoire du jour où un temple lui fut élevé dans le port du Tibre. 20. Vinalia Rustica, fête des jardiniers, en l'honneur de Vénus, comme déesse des jardins. Elle a lieu le quatorzième jour avant les calendes de septembre, en mémoire de la dédicace du temple consacré à cette déesse. Consualia, fête en l'honneur du dieu Consus, pendant laquelle les prêtres célèbrent, dans un cirque autour de son autel, les jeux qui rappellent l'enlèvement des Sabines. Volcanalia, fête de Vulcain, pendant laquelle le peuple jette des animaux dans les flammes pour obtenir la protection du dieu. 21. Opeconsiva, jour consacré à Ops Consiva, qui avait un sanctuaire dans le palais royal : ce qu'on avait fait pour qu'il n'y entrât que les Vestales et le prêtre public. On y lit : Is cum eat, suffibulum haut habeat. Suffibulum (sorte de voile), comme qui dirait subligaculum, de suffio (lier dessous). Vortumnalia, fête du dieu Vortumne. Meditrinalia, de mederi (guérir), jour férié du mois d'octobre, pendant lequel, suivant le flamine de Mars, Flaccus, on était dans l'usage de faire des libations de vin vieux mêlé à du vin nouveau, et d'en boire comme d'une manière de remède : ce que font encore aujourd'hui beaucoup de personnes, en disant : Je bois du vin vieux et nouveau ; je me guéris avec du vin vieux et nouveau. 22. Fontanalia, fête en l'honneur des nymphes des fontaines, pendant laquelle on jetait des guirlandes dans les fontaines et l'on couronnait les puits. Armilustrium, jour férié, qui doit ce nom au lieu appelé armilustrium, où les soldats célèbrent des jeux sacrés, à moins plutôt que le lieu ne doive son nom à cette sorte de jeux ; mais, quelle qu'en soit l'origine, armilustrium dérive évidemment de ludere (jouer) ou de lustrare (parcourir), comme l'indique l'exercice auquel se livrent les soldats, et qui consiste à tourner en jouant, armés de boucliers. Saturnalia, jour consacré à Saturne, comme Opalia, fête qui doit son nom à Ops, et qui vient trois jours après les Saturnales. 23. Angeronalia, fête célébrée en l'honneur d'Angerona dans la curie Acculeia. Larentinal ou Larentalia, jour funéraire consacré à Acca Larentia. 24. - - - Ce sacrifice se fait dans le Vélabre, à l'entrée de la rue Neuve, où, dit-on, Acca fut ensevelie, et dans le voisinage d'un autre lieu où les prêtres sacrifient aux dieux Mânes Serviles. Ces deux lieux étaient autrefois hors de Rome, à peu de distance de la porte Romanula, dont j'ai parlé dans le livre précédent. Septimontium, jour férié, qui doit son nom aux sept monts dans lesquels est renfermée Rome, et qui n'est célébré que par les habitants de ces monts, de même que les Paganales (Paganalia) sont des fêtes de village particulières. 25. J'ai parlé des jours de fête fixes et déterminés : je passe aux fêtes mobiles, dont le renouvellement est annoncé tous les ans. Compitalia, fête en l'honneur des Lares Compitales, qui se célèbre dans les carrefours, place où aboutissent plusieurs rues (ubi viae competunt). Ce jour est désigné de nouveau tous les ans. Les féries latines sont aussi des fêtes mobiles qui doivent leur nom aux peuples latins, à qui le droit avait été accordé de venir du mont Albain partager la chair des sacrifices avec les Romains. 26. Les fêtes de semailles (sementinae) tirent leur nom de sementis. Ces fêtes sont également annoncées par les pontifes. Les fêtes Paganiques ont été instituées dans l'intérêt de l'agriculture : ce sont les fêtes de village (pagus). Il y a en outre des fêtes mobiles, qui ne sont pas annuelles, et qui n'ont pas de nom particulier, ou dont le nom est manifeste, comme Novendialis (qui dure neuf jours). [6,4] IV. 27. J'arrive aux noms des jours dont la distination se rapporte aux hommes. Le premier jour de chaque mois a été appelé Calendes, de ce que ce jour-là les pontifes annoncent si les nones commenceront le cinq ou le six du mois. Cette annonce se faisait au Capitole dans la curie Calabre, en ces termes : Dies te quinque calo Juno Covella. Septem dies, etc. 28. Le nom de Nones vient de ce qu'elles précèdent toujours les Ides de neuf jours, ou de ce que, de même que les Calendes de janvier sont appelées Nouvel an à cause du renouvellement du soleil, le commencement de chaque mois est appelé Nones à cause du renouvellement de la lune. Ce jour-là le peuple de la campagne se rendait auprès du roi. On retrouve les traces de ces anciens usages dans les cérémonies des Nones, qui ont lieu à cette époque dans la citadelle, lorsque le roi des sacrifices annonce au peuple les fêtes que doit ramener le mois. Idus (Ides) vient du mot étrusque Itus, ou plutôt du mot sabin Idus (division). 29. Le lendemain des Calendes, le lendemain des Nones et le lendemain des Ides ont été appelés atri, parce qu'ils étaient, en quelque sorte, le vestibule de nouveaux jours. Les jours fastes sont ceux pendant lesquels le préteur peut impunément prononcer toute sorte de paroles (fari). Les jours dits comitiales dies sont ceux où le peuple s'assemble (coit) pour donner son suffrage, à moins qu'il ne se rencontre quelques fêtes mobiles, comme les Compitales et les fêtes Latines. 30. Les jours néfastes, au contraire, sont ceux où il est interdit (nefas fari) au préteur de prononcer les mots : do dico addico; de sorte que les plaidoiries sont suspendues, puisqu'il est impossible de faire un acte judiciaire sans se servir de quelqu'un de ces trois mots. Que si le préteur a par mégarde prononcé une manumission, l'affranchi est libre, mais contrairement à la loi; de même qu'un magistrat, irrégulièrement nommé, ne laisse pas de conserver le caractère de magistrat. Si le préteur a agi par mégarde, le sacrifice d'une victime expiatoire l'absout de sa faute; mais s'il a agi sciemment, Quintus Mucius doute que son crime soit susceptible d'expiation. 31. Les jours appelés intercisi sont ceux dont une partie est néfaste et l'autre faste, néfaste, le matin et le soir; faste, dans l'intervalle qui sépare l'immolation de la victime et la présentation des entrailles : d'où intercisum, de intercidere (couper par le milieu), ou de intercedere (intervenir). Le jour qu'on appelle Quando rex comitiavit, fas, a tiré son nom de ce que, ce jour-là, le roi des sacrifres se rend au comice, et que, pendant ce temps seulement, le travail est interdit; et en effet, l'action de la justice a souvent repris son cours dans la même journée. 32. Le jour appelé Quando stercum delatum, fas a tiré son nom de ce que, ce jour-là, on balaye les immondices du temple de Vesta, pour les transporter ensuite, par la voie dite clivus Capitolinus, dans un lieu determiné. Le jour dit Alliensis doit son nom au fleuve Allia, sur les bords duquel les Romains furent mis en déroute par les Gaulois, qui vinrent ensuite assiéger Rome. 33. Je passe des noms des jours à ceux des mois, dont l'origine est, en général, évidente, si l'on commence à compter par le mois de Mars (Martius), qui, d'après l'institution de nos péres, est le premier mois de l'année. Martius, en effet, vient de Mars. Le second mois, Avril, tire son nom, suivant Fulvius et Junius, de Vénus, dont le nom grec est Aphrodite mais comme je n'ai lu le nom d'Aphrodite dans aucun de nos anciens livres, je crois plutôt qu'Avril vient de aperire, parce que le printemps ouvre tout. Maius (Mai) vient de majores (vieillards); Junius (Juin), de juniores (jeunes). 34. Puis viennent Quintilis (Juillet), Sextilis (Août), etc, jusqu'à Décembre, des noms de nombre quintus, sextus, etc. Des trois autres, le premier a été appelé Januarius (Janvier), du nom du premier des dieux; le second, Februarius (Février), suivant les auteurs que j'ai cités plus haut, de ce que, pendant ce mois, on sacrifie aux dieux infernaux. Je crois plutôt que Februarius vient de Februatus, nom du jour expiatoire où les Luperques parcourent tout nus l'ancienne ville du mont Palatin, entourés de la foule du peuple. [6,5] V. 35 J'en ai dit assez sur ce qui regarde les noms latins des temps; je vais maintenant rechercher l'origine des noms des choses qui se font dans le temps, de legisti (tu as lu), par exemple, de cursus (course), de ludens (jouant). A l'égard de cette espèce de mots, je signalerai d'abord leur variété infinie, et ceux dont l'origine est la plus obscure. 36. Les mots sont susceptibles de quatre sortes de modifications : ou ils ont des temps et n'ont pas de cas, comme lego (je lis), legis (tu lis), leges (tu liras); ou ils ont des cas et n'ont pas de temps, comme lectio (lecture) et lector (lecteur); ou ils ont des temps et des cas, comme legens (lisant), lecturus (devant lire) ; ou enfin ils n'ont ni cas ni temps, comme lecte (élégamment) et lectissime (très élégamment). Or, si les mots primitifs sont au nombre de mille, comme le dit Cosconius, les dérivés peuvent s'élever jusqu'au nombre de cinq cent mille, puisque chaque mot primitif est susceptible d'environ cinq cents espèces de modifications. 37. Les mots primitifs sont, par exemple, lego (je lis), scribo (j'écris), sto (je me tiens debout), sedeo (je suis assis), et tous ceux qui ne tirent pas leur origine d'un autre mot, mais qui ont une racine propre. Les mots dérivés, au contraire, sont ceux qui tirent leur origine d'un autre mot, comme legis (tu lis), legit (il lit), legam (je lirai), etc… Si donc on indiquait les origines des mots primitifs, ces mots étant au nombre de mille, on indiquerait en même temps les racines de cinq cent mille mots simples ; mais celui qui, sans remonter si haut, se bornerait à faire connaître les mots dérivés des mille mots primitifs, aurait encore assez fait pour la science, puisque les mots primitifs sont en petit nombre, et leurs dérivés innombrables. 38. Remarquons d'abord que les prépositions quoique peu nombreuses par elles-mêmes, multiplient et varient à l'infini les mots devant lesquels elles sont placées. Ainsi le verbe cedere donne processit, recessit, accessit, abscessit, incessit, excessit, successit, decessit, concessit, discessit. Supposons qu'il n'y ait que ces dix prépositions : comme un seul mot est susceptible de cinq cents modifications, en multipliant par dix chacun de ces mots modifiés par l'adjonction d'une préposition, avec un seul on irait jusqu'à cinq mille; et avec mille, jusqu'à cinq millions. 39. Démocrite, Épicure, et les autres philosophes qui ont dit que les principes sont infinis, sans expliquer l'origine de ces principes, n'ont pas laissé de faire beaucoup en faisant connaître la nature de ces principes, et en expliquant par eux ce que nous voyons dans le monde. Il en est de même de l'étymologie qui demande qu'on la dispense de rendre raison de mille mots primitifs, mais qui ne sollicite pas la même grâce pour les dérivés : il est évident qu'elle ne laissera pas de donner l'étymologie d'une foule innombrable de mots. 40. Après avoir fait voir l'immensité de la science étymologique, je dirai un mot de son obscurité. L'étymologie des mots qui indiquent le temps est très obscure, parce que nous n'en avons emprunté qu'un très petit nombre aux Grecs, et que ceux à la formation desquels nous avons assisté ne sont pas primitifs. Je ne promets donc, comme je l'ai dit, que mes soins et mes efforts. [6,6] VI. 41. Je rechercherai d'abord ce qu'on entend par ago (je mets en mouvement). L'action est le résultat de la mise en mouvement : c'est pourquoi l'on dit agitare gestum (gesticuler), agitare quadrigas (conduire un char), agere pecus pastum (mener paître un troupeau). De là, angiportum, impasse, lieu ou l'en ne peut se mouvoir qu'avec peine; angulus (angle), lieu où tout mouvement est impossible, à moins que ce mot ne dérive de angustus (étroit). 42. Il y a trois sortes d'action : penser, parler, faire. La pensée précède les deux astres, puisqu'on ne peut parler et faire qu'après avoir pensé. Il est vrai qu'elle est vulgairement regardée comme nulle, et que la troisième passe pour la plus importante; mais sachons reconnaîltre que penser et parler sont des actions aussi réelles que faire. Aussi dit-on agere causam (plaider), augurium agere (augurer, prédire), quoique, dans ces deux cas, on parle plus qu'on ne fait. 43. Cogitare (penser) dérive de cogere (pousser devant soi, rassembler), parce que l'esprit rassemble ses idées pour choisir entre elles. Ainsi caseus (fromage) vient de lac (lait), et coactum (coagulé). De cogere on a formé aussi contio (assemblée du peuple), coemptio (achat), compitum (carrefour). Cogitatio a produit concilium (assemblée), d'où consilium (conseil, délibération). Conciliare est même un terme qui désigne l'action du foulon. 44. Reminisci (se ressouvenir) indique l'effort de celui qui rappelle une nation disparue de son esprit (mens) et de sa mémoire (memoria). De cum (avec) et de mens (esprit) a été formé comminisci (méditer, imaginer). Eminisci (énoncer sa pensée), meminisse (se souvenir), amens (déchu de sa raison, troublé), dérivent également de mens. 45. Meminisse, rappeler une idée qui, après être entrée dans la mémoire, s'en est échappée, est peut-être composé de manere (demeurer) et de moveri (être mis dehors). Peut-être aussi le mot memoria est-il une contraction de manimoria. Sans doute ces mots du chant des Saliens, Mamuri Veturi, signifient vetus memoria (ancienne mémoire). De là monimenta, inscriptions gravées sur les tombeaux de la voie Flaminienne, par lesquelles les morts rappellent (admonent) aux passants qu'ils sont mortels comme eux. Ce mot désigne, en général, tout ce qui est écrit et fait pour transmettre la mémoire d'une chose à la postérité. 46. Curare (avoir soin) derive de cura (soin). Cura, de urere (brûler) et de cor (cœur). Recordari (se ressouvenir), de revocare rusrsus (rappeler de nouveau) et de cor. Curia, lieu où le sénat s'occupe des intérêts de la République (curat). Ce mot désigne encore le lieu où l'on s'assemble pour le soin (cura) des choses sacrées: d'où curio (prêtre de chaque curie). 47. Volo (je veux) vient de voluntas (volonté) et de volatus (vol), parce que l'âme est si lègère qu'elle vole en un instant au lieu où elle veut. Lubere (suivre son penchant, sa fantaisie), de labi (glisser), parce que l'âme se laisse aisément entraîner, lubrica prolabitur, comme on disait autrefois. De lubere, libido (caprice, passion), libidinosus, Venus Libentina et Libitina, etc. 48. Metuere (craindre), de motus (mouvement), parce que l'âme, en présence d'un danger, tressaille et s'enfuit. Formido, crainte excessive, qui met l'âme hors d'elles-même (foras). Pavor, peur, trouble de l'âme égarée (quum per avia it). 49. Metuere indique plus particulièrement l'état d'une âme émue (mota); et tremere, le frisson causé par la crainte : d'où tremor, frayeur qui se manifeste par le tremblement de la voix et même du corps, dont les poils se hérissent comme l'épi de l'orge. 50. Maerere (être triste), de marcere, parce que le chagrin refroidit le corps. De marcere est venu macer (maigre). Laetari (se réjouir), de ce que le bonheur dilate le coeur. Juventius a dit : Toutes les joies humaines réunies ensemble n'égaleront pas ma joie (laetitia). De là laeta (choses heureuses). [6,7] VII. 51. Narro (je raconte), de narum ou gnarum facere alterum (faire connaître à quelqu'un) d'où narratio, exposition qui nous fait connaître un fait. Je suis donc arrivé à la seconde partie de l'action, laquelle consiste à parler; et je vais expliquer l'origine des mots qui s'y rapportent, et appartiennent aux actions qui se passent dans le temps conjoint et dans le temps non conjoint. En voici, ce me semble, la source étymologique. 52. L'homme commence a parler (fatur), dès qu'il articule un mot significatif. Jusque-là l'homme est infans (qui ne parle pas). Fari (parler) est un mot imitatif, qui rappelle les premiers bégayements de l'enfant. Fatum (destinée) doit son nom à l'époque de la vie, déterminée par les Parques, où l'enfant commence à parler. Du même mot fari on a fait facundus (qui parle avec facilité), fatidicus (qui prédit l'avenir). Vaticinari (prophétiser) a été formé de vesanus (qui est en délire), parce que ceux qui prophétisent sont transportés d'une fureur divine. Mais j'anticipe sur les mots poétiques, dont j'aurai à parler plus tard. 53. Les jours pendant lesquels il est permis au préteur de prononcer certains mots judiciaires ont été appelés fasti, de fari; et ceux pendant lesquels il lui est interdit, sous peine d'expiation, de prononcer ces mots, ont reçu le nom de nefasti, de ne (adverbe négatif) et du même mot fari. De là effata, dernières paroles par lesquelles les augures annoncent hors de la ville la fin des auspices; effari, affari, mots sacramentels du même genre. 54. De là fana (temples), parce que les pontifes, en les consacrant, en annoncent la circonscription (fati sint finem); profanum (profane), la façade extérieure du temple, et profanatum, ce qui, dans les sacrifices est placé devant le temple. La dîme d'Hercule a été aussi appelée profanatum, parce qu'elle est vouée au temple. On l'appelle encore polluctum, de porricere (présenter). C'est pourquoi on consomait autrefois dans le temple tout ce qui était profane: ce que fait encore aujourd'hui le préteur en immolant publiquement une génisse à Hercule. 55. Du même mot fari on a fait fabula (pièce de théâtre, tragique ou comique); fassi et confessi (qui confessent ce qu'on leur demande); professi (promettant, avouant); fama (renommée); famosus (fameux). Il faut ajuster à ces dérivés fallere (tromper), falsum (fausseté) et fallacia (tromperie) : dont le racine fari implique l'idée d'une déception, causée par une parole, que le fait a démentie. Quand la déception ne repose que sur la chose, il n'y a pas là à proprement parler ce qu'on appelle fallacia, mais tralaticio (métaphore), comme dans pied de lit, et dans poirée. Ajoutons enfin famigerabile (illustre) et autres mots composés, ou simplement comme déclinés comme fatuus (fat) et fatuae (devineresses). 56 Loqui (parler) vient de locus (lieu), puisque, suivant Chrysippe, autre chose est de parler des mots, autre chose de les émettre dans leur ordre et dans le lieu qui leur convient. Dans le premier cas, ce n'est point parler (loqui), mais bégayer (ut loqui, quasi loqui) ; et l'enfant ressemble alors au corbeau ou à la corneille, qui engendre des mots par imitation, mais qui ne parlent pas. Parler (loqui) est donc mettre sciemment chaque mot en son lieu (locus) : d'où proloqui, produire au dehors en parlant ce qu'on a dans l'esprit. 57. De là eloqui et reloqui, qui, dans les temples sabins, désignent l'action du dieu au fond du sanctuaire; loquax (qui parle de trop) eloquens (qui parle avec abondance); colloquium (entretien de plusieurs personnes). De là adlocutum ire (faire une visite de condoléance) mot en usage parmi les femmes; loquela (langage). Concinne loqui (être d'accord en parlant), de concinnus (concordant), parce que cet accord rappelle celui d'un chœur. Cette étymologie, du reste, n'est pas adoptée par tous les grammairiens. 58. Pronuntiare (prononcer) est composé de pro (devant) et enuntiare (énoncer), comme proludere (préluder). C'est pourquoi ce mot se dit des acteurs, parce qu'ils récitent souvent sur le devant de la scène les vers des poètes. Il est principalement applicable à ceux qui jouent une piece nouvelle. Car nuntius (nouvelle) vient de novus (nouveau), qui dérive peut-être du mot grec g-neos. Nos ancêtres disaient Novapolis au lieu du nom grec Neapolis. 59. De novus on a formé novissimus (dernier, extrême), que de mon temps, quelques vieillards, et entre autres Ælius, évitaient d'employer comme un mot trop nouveau. Novissimus est le superlatif de novus, comme veterrimus, par exemple, dont la racine est vetus (ancien). Novitas (nouveauté), novicius (novice), novalis (jachère), ont la même origine, ainsi que Sub novis, d'un quartier du Forum, qui est néanmoins très anclen, de même que le nom de rue Neuve, désigne une rue déjà fort ancienne. 60. Nominare (nommer) vient peut-être du même mot, parce que la connaissance (qui eas novissent) des choses nouvelles, qui étaient mises en usage, était suivie d'une dénomination. De là encore nuncupare (dédier, prononcer des vœux), parce que, dans les solennités religieuses, on se lie par de nouveaux vœux. Dans les actes judiciaires, nuncupare et nominare sont synonymes : on dit, par exemple, nuncupatae pecuniae. Nuncupare a également le sens de nominare dans ce vers d'un chœur : Énée ! car qui est-ce qui prononce mon nom (nuncupat) ? et dans cet autre : Qui es-tu, femme, qui m'as appelé d'un nom inaccoutumé (nancupasti) ? 61. Dico (je dis) vient du grec g-dikazoh. On lit dans Ennius: Dico qui, etc. De dico on a formé dicere (dédier); judicare (juger), composé de dicere et de jus (droit, justice) ; judex (juge), qui rend la justice au nom de la loi, et en prononçant (dicendo) certaines paroles sacramentelles; dedicare (consacrer), parce que le magistrat qui consacre un temple en présence du pontife prononce également certaines paroles (dici). De là encore indicium (indice, denonciation); indicere duellum (déclarer la guerre); indicere funus (publier les funérailles); prodicere diem (assigner un jour); addicere iudicium (adjuger ou fixer le jour de jugement); dictum (bon mot d'une comédie); dictiosus (plaisant)) : dicta (commandement), terme militaire; didacta (ce qu'on dicte), terme d'école; dictator (dictateur), maître du peuple, nommé (dictus) par le consul; et autres mots anciens, comme : dicimonium (mendicité), dicis causa (pour la forme, par manière d'acquit), et addictus (assigné, enrôlé). 62. Docere (enseigner, faire connaître) vient, ou de dicere (dire), ou de inducere (introduire), parce que celui qui enseigne est comme le guide (dux ou ductor) de celui qui est enseigné. De docere on a fait discere (apprendre) et disciplina (discipline), qui n'en diffèrent que par quelques lettres, et documentum (document, précepte). 63. Disputalio (discussion) et computatio (calcul) viennent de putare (penser), qui, au propre, signifie purifier, éclaircir (purum facere). Les anciens disaient putus au lieu de purus. Celui qui émonde les arbres a été appelé putator, parce qu'il les éclaircit; et, par analogie, putare a servi à désigner l'action de penser, parce que la pensée éclaire, en quelque sorte, la raison. De là disputare, discuter, mettre une pensée dans un beau jour, à l'aide d'un discours dont les mots sont disposés avec ordre et clarté. 64. Disserere (disserter) est une expression métaphorique, qui, au propre, signifie semer ou planter de coté et d'autre : d'où disertus (disert), parce que l'orateur ressemble au jardinier qui distribue avec ordre les semences et les plantes de son jardin. Sermo (conversation) dérive, je crois, de series (série, enchaînement): d'où serta (guirlandes), et sartum (raccommodé, cousu), en parlant d'un habit. Par conséquent sermo ne peut se dire dune seule personne, et implique l'idée d'interlocution. Serere (nouer, enchaîner) a produit conserere manum (en venir aux mains, livrer bataille), et la formule judiciaire : manum consertum vocare (appeler ad manum conserendam). De là aussi adserere manum in libertatem, mettre en liberté, ce qui se fait en prenant par la main celui qu'on affranchit. Les augures disent. - - -. 65. - - - et consortes (qui partagent le même sort), sortes (divinations), parce que le sort enchaîne les temps, les hommes et les choses. De sortes est issu sortilegi (devins). L'intérêt de l'argent a été appelé sors, parce qu'il augmente le capital, de serere (unir, attacher). 66. Legere, cueillir, et, au figuré, lire, distinguer les lettres avec les yeux : d'où legati, magistrats choisis pour une mission publique; legulus, qui cueille des olives ou du raisin; legumina (légumes); leges (lois), parce que elles sont lues et annoncées au peuple afin qu'il ait à les observer; et legitima (formalités judiciaires). Collegae (collègues), de lecti (choisis) et cum (avec, ensemble); sublecti (substituts), de lecti et de sub (sous); allecti (adjoints), de lecti et de ad; collecta (choses rassemblées de divers lieux en un seul), de cum et de legere. Ligna (bois) vient aussi de legere, parce qu'on recueille dans les champs le bois tombé des arbres pour en faire du feu. Ajoutons legio (légion), diligens (soigneux), et dilectus (chéri). 67. Murmurari (murmurer). mot imitatif, qui se dit d'une personne parlant à voix si basse, qu'elle semble plutôt vouloir faire entendre un son ou une parole inintelligible. De là murrnurantia litora (des rives murmurantes). Fremere (trembler), gemere (gémir), clamare (crier), crepare (retentir ), sont pareillement des mots imitatifs. D'où : Arma sonant, FREMOR oritur; nihil me INCREPITANDO commoves. 68. Quiritare (plaindre publiquement), jubilare (appeler à grands cris), sont des mots analogues. Quiritare se dit de celui qui en appelle à haute voix aux Quirites. Quirites dérive de Curenses, qui étaient les habitants de Cures, qui s'associèrent avec le roi Tatius au peuple romain. Quiritare se dit des habitants de Rome; et jubilare, des gens de la montagne; ce qui a fait dire à Aprissius : Io bucco! — Quis me iubilat? etc. Triumphare (triompher) vient du cri : Io triumphe, que les soldats vainqueurs poussent dans la ville en accompagnant leur général au Capitole; ou bien du mot g-thriamboh, surnom de Bacchus. 69. Spondere (promettre volontairement), de spons qui a le sens de voluntas (volonté). On lit dans Lucilius, parlant de Crétéa: cum ad se cubitum venerit sponte suapte (de son plein gré), et spons a le même sens dans ce passage de Térence : Il vaut mieux faire le bien librement (sua sponte) que par crainte. Du même mot venant de la racine de spondere, on a formé respondere (répondre), desponsor (qui s'engage), sponsa (fiancée), etc., etc. Spondere se dit de celui qui s'engage le premier volontairement; et sponsor, de celui qui garantit cet engagement. 70. Sponsus (fiancé, qui s'engage à épouser) et consponsus sont synonymes. On lit, en effet, dans Naevius, consponsi (les fiancés ou du fiancé). Spondere se dit et de la dot et de la fille promise en mariage; car on lit dans les comédies : sponden' tuam, etc.: promets-tu ta fille en mariage à mon fils? Sponsa désigne et la dot et la fiancée; sponsio, l'indemnité réciproquement stipulée pour le cas d'inexécution des conventions; sponsus, celui à qui une fille est promise en mariage; sponsalis, le jour des fiançailles. 71. Despondere (promettre sa fille en mariage), composé de spondere et de la préposition de, implique l'idée de démission de volonté; car celui qui promet sa fille en mariage est tenu d'exécuter sa promesse, sous peine d'être condamné par le préteur à ce que la loi ordonne, et par le censeur à ce que l'équité réclame. De là despondisse animum (se décourager), qui, comme despondisse filiam, suppose l'abandon de la volonté. 72. Respondere (répondre), composé aussi de spons et de dicere, indique par son étymologie que celui qui répond, obéit à la volonté (ad spontem) de celui qui interroge. C'est pourquoi l'on dit de celui dont les paroles ne satisfont pas d'une manière pertinente à la question qui lui a été adressée, qu'il n'a pas répondu; de même que ce n'est pas s'engager ni donner action contre soi, que de dire sans intention sérieuse : spondeo (je promets). Par exemple, dans ce passage d'une tragédie: Te souviens- tu de m'avoir promis ta fille en mariage? on sent qu'il ne s'agit pas d'une promesse sérieuse, qui puisse donner lieu à une action judiciaire. 73. Spes (espérance) vient peut-être aussi de spons, parce que l'espérance consiste à croire que ce qu'on souhaite (quod volt) peut arriver; car si l'on croit qu'il arrivera ce qu'on ne souhaite pas, on craint alors, on n'espère pas. Les personnages de l'Astraba, auxquels Plaute prête les paroles suivantes, sont dans ce dernier cas : Poursuis, Polybadiscus, poursuis; J'aspire à posséder l'objet de mon espérance. Je me hâte de toute l'ardeur qui m'entraîne vers toi, ô ma fiancée! Or, la volonté n'anime point ces paroles ; car le jeune homme n'espère pas véritablement ce qu'il dit, et la jeune fille n'est rien moins que sa fiancée et l'objet de son espérance. 74. Sponsor, praes et vas ont de l'analogie sans avoir la même racine. Ainsi on appelle praes celui à qui le magistrat adresse cette question : praesne es in publicum (êtes-vous caution envers le peuple)? et qui répond : praes. On appelle vas celui qui garantit la comparution d'un autre en justice. L'usage était autrefois de présenter un garant, lorsque par soi-même on n'était pas en état de satisfaire aux suites d'un procès ; mais depuis, pour prévenir les abus qui pouvaient résulter de cet usage, l'État prit des précautions contre ceux qui vendaient leur héritage pour n'avoir pas à fournir de cautionnement sur leurs biens; et la loi sur les mancipations interdit la faculté de présenter des garants. 75. Canere (chanter) et les composés accanit et succanit, ainsi que canto et cantatio, viennent de Camena (muse), dont la lettre m a été remplacée par n. Cantare, cantitare sont des verbes fréquentatifs, qui dérivent de canere. Tibicen (joueur de flûte), et les autres mots de cette espèce sont composés du nom de l'instrument et de canere (chanter), parce que les sons des instruments de musique tiennent du chant. Bucccinator (qui sonne de la trompette] est composé du même verbe et de bucca (bouche), parce que le son de la trompette ressemble à la voix. 76. Orare (dire, prier), perorare (pérorer) exorare (supplier), oratio (discours), orator (orateur) et osculum (baiser), dérivent de os (bouche). Omen (présage) et ornamentum (ornement) ont la même racine : omen, contraction de osmen, parce que les présages étaient originairement tirés du bec ou du chant des oiseaux; ornamentum, mot qui est aujourd'hui accompagné d'une préposition dans le langage commun, mais dont la plupart des auteurs dramatiques se servent, comme autrefois, sans préposition. De là encore oscines, nom des augures qui tirent des auspices du bec ou du chant des oiseaux. [6,8] VIII. 77. Faire est le troisième degré de l'action. Ici la ressemblance entre agere, facere et gerere a fait croire communément que ces trois mots étaient synonymes. Cependant facere n'implique pas agere. Ainsi un poète facit fabulam (compose une pièce), non agit (il ne la joue pas) et réciproquement un acteur agit (joue une pièce), et ne l'a pas faite (facit). Gerere, à son tour, n'implique ni facere ni agere, et se dit d'un général d'armée, qui porte (gerit) comme un fardeau le commandement qui lui a été confié. 78. Facere vient directement de facies (face, figure), parce que celui qui fait une chose la réalise par une figure. Il faut ranger dans la même classe fingere (façonner), informare (former) qui désignent l'action de donner à une matière la forme d'un vêtement, d'un vase, etc. Agere nous paraît, plutôt que facere , convenir à celui dont l'oeuvre ne tombe pas sous les sens ; mais comme, dans le langage usuel, on n'observe pas toujours l'acception rigoureuse de chaque mot, on se sert indistinctement de facere et de agere, et l'on dit par métaphore, d'un orateur qui parle: facit verba; et de celui qui applique son esprit à une action qui ne consiste pas proprement à faire : non est inficiens (il n'est pas oisif, il fait quelque chose). 79. - - - Lucere (luire) vient de luere (délier, dissoudre), parce que la lumière (lux) dissout les ténèbres. Lugere (porter le deuil), de lux, parce que le deuil a pour cause le regret de ceux qui ont perdu la lumière. Acquirere (acquérir) est composé de la préposition ad et de quaerere (chercher); et quaerere, de quae res, parce que celui qui cherche s'efforce de trouver quelque chose. Quaerere a produit quaestio (question) et quaestor (questeur). 80. Video (voir) vient de vis (force), parce que la vue est le plus étendu des cinq sens. En effet, aucun des autres sens ne peut percevoir ce qui est au-delà de mille pas, tandis que la vue s'étend jusqu'aux étoiles. De videre on a fait visere (visiter), vigilare (veiller), vigilium (veille), et invidere (envier). Cette étymologie d'invidere est confirmée par le passage suivant d'Attius : Celui qui regarde une chose qui ne doit pas être vue (invidendum) la viole par les yeux. Violare (violer) dérive également de videre. On emploie ce mot, de préférence à vitiare (souiller), pour désigner l'outrage fait à la pudeur d'une vierge, de méme que cum muliere fuisse (avoir commerce avec une femme) est une expression plus réservée que concubuisse (coucher avec une femme ). 81. Cerno a le même sens que video, témoin ce passage d'Ennius : Est-ce la lumière d'un astre que je vois (cerno) dans le ciel? et celui-ci de Cassius : Je vois (cerno) que les membres sont doués de sensibilité et de mouvement. Cerno vient de cereo, c'est-à-dire creo (créer), parce que ce qui est créé tombe sous le sens de la vue. Discrimen désigne la séparation faite par le peigne, et qui laisse voir chaque cheveu distinctement. Le mot cernito, employé dans les testaments, contient implicitement cette injonction : FACITO UT VIDEANT te esse haeredem (fais voir que tu es héritier.) C'est pourquoi dans l'acceptation de la succession (in cretione) on est tenu d'avoir des témoins. Le poète fait dire à Médée : J'aimerais mieux risquer trois fois ma vie (cernere vitam) sur un champ de bataille, que d'enfanter une seule fois. Dans ce passage, l'expression cernere vitam (combattre) s'explique par ce qui se passe dans un combat : lutte sanglante, où plusieurs voient la fin de leur vie. 82. Spectare (regarder) vient de l'ancien mot specio, qui se trouve dans Ennius : après que l'hôte vous eut regardé (spexit). On le retrouve aussi dans spectio, terme employé dans les auspices, où l'on distingue les augures qui ont ce qu'on appelle spectio (inspection), et ceux qui ne l'ont pas. Avem specere est encore aujourd'hui un terme d'augure. L'usage a conservé cet ancien mot dans les verbes composés aspicio, conspicio, respicio, suspicio, despicio, etc., au nombre desquels est exspecto (j'attends), c'est-à-dire spectare volo (je veux regarder). De là specula (lieu élevé, d'où l'on voit ce qui se passe au loin) ; speculum (miroir); speculator (éclaireur, qui va à la découverte); specillum, petit instrument à distiller dans les yeux, par lesquels nous voyons (quibus specimus). 83. Audio (entendre) et ausculto (écouter) paraissent venir de aures (oreilles). Auris (oreille), de aveo, parce que nous sommes continuellement avides d'apprendre quelque chose de nouveau. Ennius semble confirmer cette étymologie dans ce passage de la pièce intitulée Alexandre : Depuis longtemps mon âme et mes oreilles désirent avidement (avent avide), etc. C'est à cause de cette avidité que les théâtres sont toujours pleins. Ausculto vient de audio, et désigne l'action d'obéir à ce qu'on a entendu : ce qui a fait dire à un poète : audio, ausculto. Le changement d'une lettre a fait olor (senteur), de odor (odeur). Ces deux mots ont produit olere (exhaler quelque odeur), odorari (flairer), odoratus (odorat), et odora res (chose odoriférante). 84. Edo (manger), sorbeo (avaler, absorber), bibo (boire) et poto (id.) ont pour racine os (bouche). De là esculentum (aliment), esca (nourriture), edulia (comestibles). Gustat (goûter) vient de grec g-geuetai. Sorbere, bibere, sont des mots imitatifs, comme fervere (bouillonner). Du grec g-poton est encore venu potio (action de boire, boisson) : d'où poculum (coupe), potatio (action de boire), repotia (repas du lendemain des noces). Puteus (puits) a aussi une origine étrangère, et vient de l'ancien mot grec puteus, remplacé aujourd'hui par g-phreae. 85. De manus ( main) on a fait manupretium (prix de la main-d'oeuvre); mancipium (achat, esclave), composé de manus et de capere (prendre); manipulus (bataillon), composé de manus (poignée d'hommes) et de plures (plusieurs); manipularis (compagnon) ; manica (manche de vêtement); manubium (partie par où l'on prend certains instruments) ; mantelium (essuie-main). [6,9] IX. 86. Je citerai d'abord les registres des censeurs : Après avoir pris les auspices pendant la nuit, dans le temple de la censure, ordre sera donné en ces termes au héraut (praeco) de convoquer le peuple : « Au nom du peuple romain, à qui fassent les dieux que cela soit utile, propice et salutaire, ainsi qu'à mon collègue et à moi, convoque (voca inlicium) ici auprès de moi les citoyens de toute classe, etc. 87. Le héraut fait deux convocations : la première dans le temple, et la seconde du haut des murs. A l'aube du jour, le censeur, les scribes, les magistrats, se parfument de myrrhe et de substances odiférantes. Lorsque les préteurs, les tribuns du peuple et les autres magistrats convoqués, sont arrivés, les censeurs tirent entre eux au sort le nom de celui qui doit présider au lustre. Ensuite le censeur, chargé de cette fonction rassemble le peuple dans le nouveau temple. 88. Je lis dans les archives consulaire : Celui qui doit commander l'armée dit au héraut (accensus) : Calpurnius, ordonne à tous les Romains de se rassembler ici auprès de moi (voca inlicium). Le héraut dit : Romains, rassemblez-vous tous ici devant les juges (inlicium vos ite). Le consul dit : Calpurnius, convoque tous les Romains (voca ad conventionem), etc. Ensuite le consul dit aux soldats : Je vous ordonne de vous rendre au lieu où s'assemblent les centuries. 89. Praeco et accensus sont employés indistinctement pour désigner le héraut, parce que, de même que l'officier public appelé praeco, celui qu'on appelle accensus convoquait le peuple, acciebat, d'où accensus. Cette étymologie est attestée par le vers suivant de la comédie intitulée Boeotia, qu'on attribue à Aquilius : Dès que le héraut (accensus ) eut annoncé l'heure de midi. Cosconius dit aussi, en parlant des actes judiciaires, que le préteur a coutume d'ordonner au héraut, appelé accensus, d'annoncer la troisième heure, ainsi que celle de midi et la neuvième. 90. Un héraut était envoyé autour des murs (circum muros), pour inviter le peuple à se rendre dans ce lieu, d'où il pût lui signifier l'ordre de paraître, non seulement devant les consuls et les censeurs, mais encore devant les questeurs. C'est ce qu'indique un ancien acte de poursuite criminelle rédigé par le questeur M. Sergius Manius le fils, accusateur de Trogus, et dans lequel on lit : Va prendre les auspices dans le temple, pour les communiquer au préteur ou au consul. Que le crieur public se rende sur les murs, et prie l'accusé de comparaître devant toi. Que le héraut sonne du cor à la porte de la maison de l'accusé et dans la citadelle. 91. Dis à mon collègue de convoquer le peuple du haut de la tribune et d'ordonner aux banquiers de fermer leurs boutiques. Que les sénateurs te commettent pour rechercher et faire comparaître l'accusé. Que les magistrats décrètent que les consuls, les préteurs, les tribuns du peuple et tes collègues, se rassemblent, à ta voix, dans le temple, et que, après les avoir congédiés, tu convoques l'assemblée du peuple. 92. A la fin du même acte d'accusation, on lit : Que les hérauts, chargés par les censeurs de convoquer les centuries au son de la trompette, aient soin que, le jour des comices, la trompette donne le signal dans la citadelle et autour des murs, ainsi qu'à la porte de la maison de l'accusé T. Quinto, Trogus, et qu'il ait à comparaître, à l'aube du jour, dans le champ de Mars. 93. II résulte évidemment de ce qui se passait entre l'envoi du héraut autour des murs (circum muros) et la convocation de l'assemblée publique, que ces deux actes n'avaient pas lieu dans un temps continu. Quant à l'assemblée des comices, elle est alors convoquée, parce que le questeur ne peut autrement réunir l'armée urbaine : ce que peuvent faire, au contraire, le censeur, le consul, le dictateur et le magistrat temporaire (interrex) ; et cela, parce que le censeur fait décréter, dans l'assemblée des centuries, la formation d'une armée quinquennale, à l'époque du renouvellement du lustre; et quant au dictateur et au consul de l'année, parce qu'ils peuvent commander l'armée partout où elle va : ce qui explique, à l'égard du questeur, la nécessité de convoquer l'assemblée des comices par centuries. 94. C'est pourquoi il n'est pas douteux qu'il n'y ait ce qu'on appelle inlicium (invitation, convocation), lorsque le héraut va autour des murs pour inviter le peuple à comparaître devant le magistrat, qui doit ordonner aux Romains de se rendre dans un lieu d'où la voix du héraut puisse être entendue. Inlici (être attiré) et inlicis (tu attires), qu'on lit dans le choeur de Proserpine, ont donc la même origine, ainsi que pellexit qui se trouve dans ce passage de l'Hermione de Pacuvius : La possession d'un trône étranger l'a séduit (pellexit). Il faut de même reconnaître dans elicere (tirer de, faire sortir) le surnom de Elicius, donné à Jupiter, qui a, sous cette invocation, un autel sur le mont Aventin. 95. Contrairement aux usages anciens, un augure assiste le consul qui commande l'armée, et lui dicte ce qu'il doit dire. C'est à l'augure, et non à l'officier public dit accensus ou praeco, que le consul ordonne de convoquer l'armée. Cet usage est venu, je crois, de ce qu'il n'avait point de héraut auprès de lui, et que le choix de la personne chargée de ce soin importait peu. Cet ordre était accompagné, pour la forme, de certaines pratiques, qui variaient souvent. J'ai trouvé aussi, dans les actes de M. Junius, inlegium, inlexit, pris dans le même sens que inlicium, inlexit : ce qui ne doit pas étonner, à cause de la grande affinité de la lettre I avec la lettre E, et de la lettre C avec la lettre G. [6,10] X. 96. Comme, dans ce livre, je me suis beaucoup étendu sur l'étymologie d'un petit nombre de mots, je vais procéder d'une manière toute contraire, en me bornant à énumérer ceux qui passent pour avoir une origine grecque. Tels sont scalpere (gratter, sculpter), de g-skaleusai; sternere (étendre à terre), de g-strohnnuein; lingere (lécher), de g-lichmasthai; (va), de g-ei; ite (aller), de g-ite; gignitur (engendrer ), de g-gigneta, ferte (portez), de g-pherete; providere (prévoir), de g-proidein; errare (errer), de g-errein; strangulare (étrangler), de g-straggalan ; tinguere (tremper), de g-teggein; - - - malassare (pétrir, amollir), de g-malassein; gargarissare (gargariser), de g-anagargarizesthai; putare (penser), de g-pythesthai; domare (dompter), de g-damazein; mulgere (traire), de g-amelgein ; pectere (peigner), de g-pexai ; stringere (serrer étroitement), de g-straggalisai, qui vient de g-straggalis, de même que runcinare (raboter) vient de rumina (rabot), qui a pour racine le mot grec g-rykaneh. [6,11] XI. 97. Je crois avoir suffisamment approfondi les origines des mots qui font l'objet de ce livre; je m'arrêterai donc : et puisque je me propose de vous adresser trois livres sur cette matière savoir, deux livres sur les mots du langage prosaïque, et un livre sur les mots du langage poétique; et que de ces trois livres vous en avez déjà reçu deux, le premier sur les noms des lieux et des choses qui sont dans les lieux, et le second sur les noms des temps et des choses qui se font dans le temps, je traiterai dans le prochain livre des origines des mots poétiques.