[33,0] LIVRE XXXIII (fragments). [33,1] I. <1> Le sénat, après avoir entendu vers la fin de l'hiver, au sujet de Prusias, le rapport de Lentulus, nouvellement arrivé de l'Asie, appela dans son sein Athénée, frère du roi Attale : <2> Athénée n'eut pas à parler longtemps. Le sénat nomma aussitôt des députés, Publius Lentulus, Claudius Centon, Lucius Hortensius et C. Aurunculéius qu'il fit partir avec lui, et leur donna des instructions pour arrêter les hostilités entre Attale et Prusias. <3> On vit encore arriver à Rome des députés achéens à propos des proscrits; ces députés étaient Xénon d'Égium et Tétéclès de Tégée. Ils plaidèrent longuement en faveur de leurs compatriotes, <4> et le sénat, ayant délibéré sur la question, faillit rendre la liberté à ces malheureux : <5> s'ils ne furent pas délivrés, il faut en accuser le préteur Aulus Posthumius qui présidait alors le sénat. <6> Trois opinions divisaient cette assemblée : l'une voulait le renvoi des captifs pur et simple, l'autre s'y opposait formellement, la troisième était qu'on les déclarât libres et qu'on les retînt toutefois pour le moment : la majorité était pour le renvoi absolu; <7> mais Aulus, supprimant à dessein une de ces opinions, les ramena à deux en ces termes : <8> il demanda quels étaient ceux qui étaient d'avis de rendre à la Grèce les proscrits, et ceux qui repoussaient cette mesure. Les sénateurs qui croyaient utile de les retenir provisoirement se rangèrent avec ceux qui protestaient contre leur départ, et l'emportèrent ainsi sur le parti dont l'avis était qu'on les renvoyât. Tel fut l'état où en resta cette affaire. [33,2] II. <1> Lorsque les députés, de retour en Achaïe, eurent raconté combien peu s'en était fallu qu'ils ne ramenassent les proscrits, les Achéens conçurent de plus douces espérances, et, <2> l'imagination excitée par cette nouvelle, ils envoyèrent une seconde ambassade composée de Tétéclès le Mégalopolitain et d'Anaxidame. [33,3] III. Il offrit à Archias cinq cents talents s'il voulait se retirer de Chypre ; il lui promit encore d'autres avantages et de nouveaux honneurs pour peu qu'il consentît à lui rendre ce service. <2> Mais Archias, au moment où il allait lui remettre l'île, fut arrêté; traduit devant un tribunal, il se détruisit en se pendant à un cordon de tapisserie. <3> Les hommes, dans leur ambition, font de bien faux calculs. <4> Archias, au moment où il se flattait de recevoir cinq cents talents, perd tout à coup, et l'opulence dont il jouissait, et la vie. [33,4] IV. <1> L'année suivante, des députés vinrent à Rome de la part des Marseillais. <2> Depuis longtemps, maltraités par les Liguriens, ils étaient en ce moment serrés de fort près par ces Barbares, dont les troupes assiégeaient en outre les villes d'Antibes et de Nice. Ils firent donc partir pour l'Italie des ambassadeurs chargés d'exposer au sénat leur état malheureux et de demander du secours. <3> Ils obtinrent bientôt audience et le sénat décida d'envoyer des commissaires avec ordre d'examiner de leurs propres yeux les affaires en Gaule et de s'appliquer à réparer, par des négociations, les maux que les Liguriens avaient causés aux Marseillais. [33,5] V. <1> Cependant Hortensius et Aurunculéius, revenus d'Asie, rendirent compte au sénat du peu de cas que Prusias avait fait de ses ordres : <2> ils dirent qu'il les avait, contre le droit des gens, enfermés dans Pergame et leur avait prodigué les injures et les violences. <3> Le sénat, irrité et indigné à la fois d'une telle insulte, nomma sur-le-champ dix députés, parmi lesquels Lucius Anicius, Caïus Fannius et Quintus Maximus ; <3> il les fit partir en leur donnant pour instruction de mettre un terme à la guerre, et de contraindre Prusias à donner satisfaction. [33,6] VI. <1> Lorsque l'ambassade marseillaise était venue à Rome annoncer au sénat que Marseille était pressée par les Liguriens, on avait aussitôt fait partir comme députés Flaminius, Popilius Lénas et Lucius Papius. <2> Ils s'étaient embarqués avec les Marseillais mêmes et s'étaient dirigés vers Égitne, dans le pays des Oxybiens. <3> Les Liguriens, qui savaient que les Romains étaient chargés de faire lever le siège des deux villes que nous avons dites, accoururent aussitôt afin de s'opposer au débarquement de ceux qui étaient encore dans les eaux du port, <4> et sommèrent Flaminius, qui déjà était à terre avec ses bagages, de se retirer. Sur son refus ils se mirent à piller ses effets, <5> attaquèrent sans pitié les esclaves et les valets qui voulurent leur résister et s'opposer au pillage et les maltraitèrent fort. <6> Ils blessèrent même Flaminius tandis qu'il défendait ses gens, lui tuèrent deux esclaves et refoulèrent le reste des Romains sur leurs vaisseaux. <7> Flaminius eut à peine le temps de couper les câbles et de lever l'ancre pour échapper au péril. Transporté à Marseille, il fut soigné avec la plus grande attention. <8> Le sénat, informé de ce qui s'était passé, fit aussitôt partir un de ses consuls, Opimius Quintus avec une armée, pour faire la guerre aux Décéates et aux Oxybiens. [33,7] VII. <1> Quintus rassembla au plus vite des troupes à Plaisance, traversa les Apennins et fut bientôt arrivé chez les Oxybiens. <2> Placé sur les bords du fleuve Apron, il attendit d'abord paisiblement les ennemis qu'il savait réunis et disposés à combattre. <3> Puis il mena ses forces sous les murs d'Égitne, où les députés romains avaient été insultés, prit la ville d'assaut, en fit les habitants esclaves et envoya dans les fers, à Rome, les auteurs du sacrilège. <4> Cette exécution faite, il marcha au-devant de l'ennemi. <5> Les Oxybiens, qui comprenaient que leur crime à l'égard des députés étaient sans pardon, n'écoutèrent plus qu'une ardeur insensée, et avec la fougue de gens désespérés, avant même leur jonction avec les Décéates qui étaient sous les armes au nombre d'environ quatre mille, ils coururent aux Romains. <6> Quintus, brusquement attaqué, s'émut un instant d'une telle audace. Mais la pensée que l'ennemi n'obéissait qu'à une aveugle furie lui donna bon courage, comme à un homme qui à la pratique joignait une grande finesse naturelle. <7> Il fit donc sortir son armée du camp et après lui avoir donné les conseils nécessaires, s'avança d'abord au petit pas, <8> puis tout à coup, s'élançant avec rapidité, il rompit sans peine les premiers rangs des Oxybiens, en tua un grand nombre et força les autres à fuir en désordre. <9> Les Décéates arrivèrent sur ces entrefaites pour prêter main-forte aux Oxybiens, mais trop tard : <10> ils arrêtèrent du moins les fuyards et avec une ardeur et une énergie remarquables, se heurtèrent contre les Romains. <11> Vaincus, ils se livrèrent, eux et leur pays, à la merci du vainqueur. <12> Quintus, maître dès lors de ces deux peuples, donna aux Marseillais tout ce qu'il put détacher du pays conquis, et forçâ les Liguriens de remettre toujours, à une certaine époque, des otages à Marseille. <13> Il les désarma ensuite, et après avoir dispersé ses troupes dans les différentes villes, passa l'hiver en ces parages. <14> Ainsi fut commencée et terminée en peu de temps cette guerre contre la Ligurie. [33,8] VIII. <1> A l'époque même où le sénat envoyait contre les Oxybiens le consul Opimius, Ptolémée le jeune vint à Rome, <2> et porta dans le sénat une accusation contre son frère : il lui reprocha d'être l'auteur de la tentative faite sur sa personne, <3> montra ses cicatrices, et, s'exprimant avec une énergie proportionnée à la grandeur du crime, chercha de toutes les manières à exciter la pitié des sénateurs. <4> Ptolémée l'aîné avait chargé Néolaidas et Andromaque de le défendre contre son frère. <5> Mais le sénat, prévenu par les plaintes d'Évergète, ne voulut pas même les écouter, et leur ordonna de quitter Rome. <6> Au contraire, il fit accompagner le jeune Ptolémée d'une ambassade où figuraient C. Mérula et Lucius Thermus ; donna à chaque député une quinquérème et leur confia le soin d'établir le prince à Chypre; <7> il écrivit en outre à ses alliés, en Grèce et en Asie, de seconder Ptolémée dans la conquête de cette île. [33,9] IX. <1> Aristocrate, général rhodien, avait dans la physionomie je ne sais quoi d'imposant et de terrible : <2> aussi ses concitoyens se figurèrent-ils qu'ils trouveraient en lui un capitaine distingué et un sage conseiller. Leur espérance fut déçue. <3> Quand il fallut agir, l'expérience fut pour Aristocrate ce qu'est le feu pour la fausse monnaie : il parut tout autre à l'épreuve. Les faits ne mirent que trop en lumière cette différence. [33,10] X. <1> Cependant en Asie, Attale, au milieu même de l'hiver, réunissait des forces considérables, grâce à Ariarathe et Mithridate, ses alliés, qui lui avaient fourni de l'infanterie et de la cavalerie, sous la conduite de Démétrius, fils d'Ariarathe ; il était tout entier à ces préparatifs lorsque les députés romains arrivèrent. <2> Ils le virent à Quades et après quelques conférences avec lui se transportèrent auprès de Prusias. <3> Dès la première entrevue ils lui exposèrent nettement les intentions du sénat. <4> Prusias n'accepta que quelques-unes des conditions, repoussa les autres, <5> et les Romains irrités, après lui avoir déclaré que son alliance avec Rome était rompue, retournèrent auprès d'Attale. <6> Prusias, qui ne tarda pas à se repentir, poursuivit quelque temps les députés la prière à la bouche, mais ne put rien obtenir et rentra dans son royaume fort embarrassé. <7> Les Romains conseillèrent à Attale de demeurer sur ses frontières avec ses troupes, d'éviter de prendre l'offensive et de se borner à mettre sous bonne garde ses villes et ses villages. <8> Puis ils se séparèrent; les uns s'embarquèrent pour aller dire au sénat la désobéissance de Prusias, les autres pour se rendre en Ionie ; quelques-uns enfin se dirigèrent vers l'Hellespont et les pays voisins de Byzance. <9> Tous, du reste, n'avait qu'un seul but : c'était de détacher les peuples de l'amitié de Prusias et d'assurer autant qu'il était possible à Attale de nouvelles alliances et de nouveaux renforts. [33,11] XI. <1> Sur ces entrefaites, Athénée, le frère d'Attale, amena une flotte de quatre-vingts vaisseaux pontés; <2> les Rhodiens avaient fourni cinq galères, prises parmi celles qu'ils avaient envoyées en Crète ; vingt autres navires avaient été donnés par Cyzique, sept par Attale et le reste par d'autres alliés. <3> Chemin faisant vers l'Hellespont, Athénée, à mesure qu'il passait devant les villes soumises à Prusias, opérait une descente et ravageait les environs. <4> De son côté, le sénat, sur le rapport des députés revenus de Bithynie, envoya immédiatement en Asie trois nouveaux commissaires, Appius Claudius, Lucius Oppius et Aulus Posthumius. <5> Ils mirent fin à la guerre et amenèrent les deux princes à signer le traité suivant : <6> « Prusias promet de livrer sur-le-champ à Attale vingt vaisseaux pontés, et de payer cinq cents talents en cinq ans : <7> les deux rois garderont leur territoire tel qu'il était avant le commencement de la guerre. <8> Prusias réparera le dommage fait au pays des Méthymnéens, des Égéens, des Cuméens et des Héracléotes, en leur donnant vingt talents. » <9> Ces conventions rédigées, Attale ramena ses troupes de terre et de mer dans leurs foyers. <10> Telle fut la suite et la fin des hostilités qui, à cette époque, éclatèrent entre Attale et Prusias. [33,12] XII. <1> Vers cette époque, les habitants de cette ville se virent tout à coup soumis à une rude épreuve. <2> Ils avaient reçu en dépôt d'Oropherne, alors qu'il était sur le trône, quarante talents, et Ariarathe un peu plus tard, après avoir recouvré la couronne, leur demanda cette somme. <3> Les Priéniens, à mon avis, faisaient bien de déclarer que, tant que vivrait Oropherne, ils ne remettraient cet argent qu'à lui, <4> et l'opinion générale fut qu'Ariarathe avait tort d'exiger un dépôt fait par autrui. <4> Peut-être cependant pourrait-on l'excuser jusqu'à un certain point d'avoir voulu reprendre ce qu'il croyait appartenir au trésor de Cappadoce. Mais on blâma comme une chose déraisonnable d'avoir poussé si loin l'entêtement et la colère. <6> Vers le temps où nous sommes arrivés, Ariarathe ravagea le pays des Priéniens avec l'aide et à l'instigation d'Attale, qui nourrissait contre Priène un ressentiment personnel. <7> Après avoir perdu beaucoup d'hommes et de troupeaux, et vu tomber quelques-uns des leurs jusqu'aux portes de la ville, les Priéniens, incapables de résister plus longtemps, envoyèrent des députés aux Rhodiens, et ensuite aux Romains. <8> Mais Ariarathe ne fit attention à rien, et Priène, qui avait fondé sur ce trésor de grandes espérances, vit son attente cruellement trompée. <9> Si les Priéniens purent remettre à Oropherne l'or qu'il leur avait confié, ils éprouvèrent, de la part du roi Ariarathe, des dommages considérables, qu'en définitive ils ne méritaient pas d'essuyer. [33,13] XIII. L'année suivante, des députés achéens adressèrent encore au sénat une requête en faveur des proscrits ; mais le sénat crut devoir s'en tenir à son ancienne décision. [33,14] XIV. Démétrius se livrait à la boisson et le plus souvent il était ivre. <1> Aussi vers le milieu de l'été, Héraclide vint à Rome, amenant avec lui Laodice et Alexandre Bala. <2> Il n'est pas de finesse, pas d'artifice qu'il n'ait employé durant tout le temps de son séjour pour se ménager l'appui du sénat. [33,15] XV. <1> Les Crétois envoyèrent demander du secours aux Achéens par Antiphate de Gortyne, fils de Télemnaste et les Rhodiens par Théophane. <2> L'assemblée était réunie à Corinthe, et après avoir entendu les requêtes des deux partis, les Achéens penchèrent du côté des Rhodiens : <3> la gloire de cette république, la nature de son gouvernement, l'esprit des habitants les intéressaient à leur cause. <4> Antiphate, à cette vue, demanda une nouvelle audience que le stratége lui accorda, et son langage fut plus noble et plus sérieux qu'on ne pouvait espérer d'un Crétois. <5> En effet, ce jeune député n'avait rien du caractère de sa nation. <6> Il avait su échapper aux perverses maximes de l'éducation Crétoise. Les Achéens applaudirent à sa franchise, d'autant plus que son père Télemnaste était venu, suivi de cinq cents Crétois, faire bravement la guerre contre Nabis avec les Achéens. <7> Cependant après le discours d'Antiphate, ils se montraient encore disposés à secourir de préférence les Rhodiens, lorsque Callicrate s'écria qu'on ne devait ni faire la guerre ni envoyer des secours à qui que ce fût sans l'agrément des Romains.<8> Il obtint par là qu'on s'en tînt à l'état actuel des choses. XV a. <1> Abattus par tant de malheurs, les Rhodiens en vinrent à des manœuvres, à des pratiques insensées et tombèrent dans cet état d'esprit ordinaire aux malheureux en proie depuis longtemps à quelque maladie : <2> si, après avoir épuisé les remèdes nécessaires à leur guérison et obéi aux prescriptions des médecins, ils ne peuvent obtenir aucune amélioration, aigris par leurs incurables douleurs, ils éprouvent un découragement inévitable ; alors les uns consultent les aruspices et les devins tandis que les autres essayent tous les talismans, tous les charmes, tous les prestiges connus. <3> Il en fut de même pour les Rhodiens. Comme ils ne voyaient aucun succès répondre à leur attente, force était pour eux de prêter l'oreille à tout conseil, d'accueillir, d'embrasser toute espérance. <4> Cet état d'esprit était bien naturel. Lorsque pas un des moyens que la raison commande ne réussit, et que cependant la nécessité d'agir est là qui presse, il faut bien chercher des chances ailleurs que dans la raison même. <5> Ainsi firent les Rhodiens; avaient-ils rejeté un chef? ils le reprenaient ensuite. Ils commirent mille autres extravagances. <3> Enfin, Astymède, à la fois amiral et ambassadeur des Rhodiens, se rendit à Rome. Introduit dans le sénat, il parla longuement de la guerre avec la Crète. <4> Le sénat prêta à ses discours une sérieuse attention, et aussitôt Quintus partit comme député pour mettre un terme à ces hostilités. [33,16] XVI. <1> L'année suivante plusieurs députations se rencontrèrent à Rome. Le sénat reçut d'abord Attale, fils du roi Eumène. <2> Bien qu'il fût encore enfant, Attale était venu en Italie afin de se recommander à la bienveillance des sénateurs et de renouer les liens d'hospitalité et d'amitié qui avaient uni son père aux Romains. <3> Il fut accueilli avec une extrême bienveillance par le sénat, par les amis d'Eumène: il obtint la réponse qu'il désirait et des honneurs proportionnés à son âge ; puis il retourna en Asie, <4> et toutes les populations grecques chez qui il passa lui firent à l'envi la réception la plus brillante. <5> Démétrius vint aussi vers la même époque et fut reçu aussi bien que pouvait l'être un enfant. Il reprit aussitôt le chemin de la Syrie. <6> Héraclide, qui avait eu le soin de demeurer à Rome, reparut alors au sénat, suivi de Laodice et d'Alexandre. <7> Alexandre dit d'abord quelques mots : il pria rapidement les sénateurs de se rappeler leur amitié et leur ancienne alliance avec Antiochus son père, et de lui rendre le trône paternel <8> ou du moins de l'autoriser à se montrer en Syrie et à laisser agir ceux qui voulaient l'aider à conquérir sa couronne. <9> Héraclide prit ensuite la parole, fit un long éloge d'Antiochus, accusa vivement Démétrius et arriva à cette conclusion qu'il fallait, au nom de la justice, accorder à Laodice et à Bala, légitimes enfants d'Antiochus, de retourner dans leur patrie. <10> Ces intrigues ne plaisaient guère aux sénateurs modérés : ils voyaient clairement tous les fils de cette comédie et blâmaient hautement les artifices d'Héraclide. <11> Mais la majorité, séduite par l'adresse de ces hommes, rendit un décret en ces termes : <12> « Alexandre et Laodice, enfants d'un roi qui fut l'ami et l'allié de Rome, se sont présentés au sénat à qui ils ont fait entendre leurs plaintes. <13> Le sénat les autorise à retourner dans le royaume de leur père, et leur promet son assistance. » <14> Héraclide, saisissant cette occasion, leva sur-le-champ des troupes et s'associa quelques hommes éminents. <15> De retour à Éphèse, il poussa activement les préparatifs de l'entreprise dont nous avons parlé. [33,17] XVII. Dès que les peuples se laissent aller àune haine violente ou à un vif amour pour quelqu'un, tous les prétextes leur deviennent valables pour achever leur dessein. XVII a. <1> Mais je me tais ; je craindrais d'imiter à mon insu l'homme du proverbe qui trait un bouc et recueille du lait dans un crible : il me semble en effet qu'en m'arrêtant trop longtemps à des mensonges évidents, et en poussant plus loin une critique inutile, je ferais quelque peu comme cet insensé. <2> Pourquoi insisterais-je davantage? à moins que par fantaisie on ne veuille écrire des rêves ou bien tout éveillé contempler des visions.