[13,0] LIVRE TREIZIÈME : LES PRÉSENTS [13,1] 1. - AU LECTEUR Pour que les thons ne manquent pas de toge, les olives de manteau et la sale mite de quoi ne pas craindre la disette et la faim, Muse, laisse leur ces papyrus égyptiens, qui me font du tort. Voici que l'ivresse des Saturnales d'hiver réclame des saillies nouvelles. Mon dé ne se mesure pas avec l'osselet superbe et je n'agite pas dans mon cornet les as avec les six. Ces tables me sont à la fois des noix et un cornet. C'est un jeu où il n'y a pas d'aléa. [13,2] II. - APOSTROPHE A UN CRITIQUE Quand tu serais tout nez, quand tu aurais un nez tel qu'Atlas n'aurait pas consenti à le porter, quand tu pourrais railler Latinus lui-même, tu ne peux en dire davantage contre mes facéties que je n'en ai dit moi-même. A quoi sert d'user ta dent contre celle d'un autre? C'est de la viande qu'il te faut, si tu veux te rassasier. Ne perds pas ta peine, garde ton venin pour les infatués : je sais, moi, que ce petit livre est peu de chose. Et pourtant ce ne sera pas trop peu de chose, si tu l'écoutes d'une oreille impartiale, si tu ne viens pas à moi avec l'air renfrogné du matin. [13,3] III. - AU LECTEUR Toute la foule des « Présents » contenue dans ce mince livre te coûtera quatre écus d'argent. — Quatre, c'est trop ! — Peut-être l'auras-tu pour deux, et le libraire Tryphon y gagnera encore. Tu pourras envoyer à tes hôtes ces distiques en guise de cadeaux, si ta bourse est aussi plate que la mienne. Le titre te donnera le sujet de chacun. Passe, s'il en est qui ne soient pas de ton goût. [13,4] IV. - L'ENCENS Pour que le Germanique tarde le plus possible à être l'empereur de la cour céleste et reste longtemps le nôtre, offre le pieux encens à Jupiter. [13,5] V. - LE POIVRE Si l'on vient à t'offrir un becfigue tendre comme la cire et au croupion bien gras, si tu as du goût, mets y du poivre. [13,6] VI. - LA LIQUEUR DE FROMENT Voici mon cadeau. Le riche pourra t'envoyer du vin miellé. Sinon, achètes en. [13,7] VII. — LA FÈVE CUITE AVEC SA COSSE Si la pâle fève écume pour toi dans une marmite rouge, tu peux souvent refuser l'invitation des richards. [13,8] VIII. — LA FARINE Enduis de farine de Clusium en bouillie tes cruches plébéiennes pour y boire ensuite, quand tu les auras vidées, le moût sucré. [13,9] IX. - LA LENTILLE Reçois cette lentille égyptienne, présent de Péluse. Plus commune que le froment, elle est plus chère que la fève. [13,10] X. LA FLEUR DE FROMENT Tu ne pourras nombrer les qualités et les usages de la fleur de froment, tant elle est diversement employée par le boulanger et le cuisinier. [13,11] XI. - L'ORGE Prends ceci, muletier, ce n'est pas pour tes mules discrètes. Aussi n'est-ce pas au muletier, mais à l'hôtelier que je le donne. [13,12] XII. -- LE FROMENT Prends ces trois cents mesures de froment de Libye, pour que ton champ du faubourg ne reste pas stérile. [13,13] XIII. LES BETTES Pour donner du goût aux fades bettes, ces déjeuners d'ouvriers, que de fois le cuisinier demandera du vin et du poivre ! [13,14] XIV. - LA LAITUE C'était par la laitue que nos aïeux d'habitude finissaient leurs repas. Dis moi, pourquoi est-ce par elle que nous commençons les nôtres? [13,15] XV. - BOIS A BRÛLER Si tu as des domaines près de Nomente, n'oublie pas, campagnard, de porter du bois à ta ferme. [13,16] XVI. - LES RAVES Ces raves que je te donne et qui aiment le froid de l'hiver font le régal de Romulus au ciel. [13,17] XVII. - LES TENDRONS DE CHOU Pour que ces choux pâlissants ne te répugnent pas, qu'ils deviennent choux verts avec de l'eau nitrée. [13,18] XVIII. LES POIREAUX QUI SE COUPENT Toutes les fois que tu as mangé des ciboules de Tarente à l'odeur forte, ne donne de baisers qu'à lèvres closes. [13,19] XIX. - LES POIREAUX A TÊTE Aricie la silvestre envoie des poireaux extra. Vois la verdure de leur chevelure à côté de la blancheur de leur tête. [13,20] XX. - LES NAVETS Le terroir d'Amiterne nous fait pousser dans ses heureux jardins. Tu pourras ne plus manger autant de navets ronds de Nursie. [13,21] XXI. - LES ASPERGES L'épine souple qui croît sur les rivages de Ravenne ne sera pas mieux accueillie que les asperges sauvages. [13,22] XXII. - LE PIQUE-POULE Quoique raisin, je ne suis pas fait pour les coupes, je suis inutile à Bacchus. Ne me bois pas, je serai pour toi du nectar. [13,23] XXIII. - LA FIGUE DE CHIO La figue de Chio, semblable au vin vieux que nous envoie Sétia, porte avec elle son vin et son sel. [13,24] XXIV. - LES COINGS Si l'on te sert des coings de Cydon saturés de miel attique, tu pourras les appeler pommes de paradis. [13,25] XXV. - LES POMMES DE PIN Nous sommes les fruits de Cybèle. Passant, au large!, si tu ne veux pas que notre écroulement t'endommage le crâne. [13,26] XXVI. - LES FRUITS DU SORBIER Nous sommes les fruits du sorbier, excellents astringents pour ventre relâchés. Il te sera plus à propos de nous donner à ton enfant qu'à toi. [13,27] XXVII. - DATTES EN BRANCHE Aux Calendes de janvier on offre la datte d'or. Et pourtant ce fruit n'est d'ordinaire que le présent du pauvre. [13,28] XXVIII. - LES COCTANES Les coctanes qui t'arrivent, cachées dans une corbeille de jonc, si elles étaient plus grosses, seraient des figues. [13,29] XXIX. - LES PRUNEAUX DE DAMAS Prends ces pruneaux exotiques, tout ridés, tout vieillis, remède habituel pour constipés. [13,30] XXX. - LE FROMAGE DE LUNA Ce fromage en forme de lune est de Luna en Etrurie. Il fournira mille repas à tes jeunes esclaves. [13,31] XXXI. - LE FROMAGE VESTIN Veux-tu, sans viande, casser frugalement la croûte? Voici un fromage qui te vient des troupeaux du Vestin. [13,32] XXXI - LE FROMAGE DU VÉLABRE Ce n'est pas un foyer, une fumée quelconque, qui donnent à ce fromage son bon goût, mais la fumée du Vélabre qui l'imprègne. [13,33] XXXIII. - LES FROMAGES DE TRÉBULA Nous sommes nés à Trébula. Doublement recommandables, soit passés au feu, soit macérés dans l'eau. [13,34] XXXIV. - LES BULBES Si ta femme est vieille et tes membres morts, rien de mieux à faire que de te rassasier de bulbes. [13,35] XXXV. - LA SAUCISSE Saucisse de Lucanie, fille d'une truie du Picénum, j'encadre agréablement la bouillie neigeuse. [13,36] XXXVI. - LES OLIVES Sauvées des pressoirs du Picénum, ces olives commencent et finissent le repas. [13,37] XXXVII. - LES CITRONS Les frondaisons des jardins de Corcyre les ont produits, ou celles que gardait le dragon de Massylie. [13,38] XXXVIII. - LE LAIT CAILLE Ce caillé que je t'offre fut trait par le berger, avant que les chevreaux eussent tété leur mère. [13,39] XXXIX. - LES CHEVREAUX Que ce bétail bouillant et nuisible à la vigne encore tendre soit puni : à peine né il faisait du mal à Bacchus. [13,40] XL. - LES ŒUFS Quand le jaune d'oeuf nage au milieu du blanc, délaye le dans le garum du scombre d'Espagne. [13,41] XLI. - LE COCHON DE LAIT Qu'on me serve, quand il tette encore, le nourrisson d'une truie paresseuse, et que le riche mange du sanglier d'Etolie. [13,42] XLII. - GRENADES ET JUJUBES Ce ne sont pas les rameaux Libyens, mais les arbres de mon jardin de Nomente, qui t'envoient ces grenades et ces jujubes. [13,43] XLIII. - MÊME SUJET Je t'envoie ces grenades cueillies aux branches de mon jardin de banlieue et ces jujubes nées chez moi : qu'as-tu besoin de celles de Libye? [13,44] XLIV. - LA TÉTINE On ne croirait pas manger, mais boire la tétine, tant le lait frais jaillit à large flot de cette mamelle rebondie. [13,45] XLV. - LES POULETS Si j'avais des oiseaux de Libye ou du Phase, tu en recevrais de moi : pour l'instant reçois ceux de ma basse-cour. [13,46] XLVI. - LES BRUGNONS Nous étions fruits précoces et vulgaires sur les rameaux maternels. Sur les rameaux adoptifs nous sommes maintenant d'agréables prunes. [13,47] XLVII. LES PAINS DU PICÉNUM Trempés dans du lait, ces pains du Picénum gonflent tellement qu'on dirait l'éponge légère imbibée d'eau. [13,48] XLVIII. - LES CHAMPIGNONS Envoyer de l'argent, de l'or, un manteau, une toge, c'est facile. Envoyer des champignons, voilà le difficile. [13,49] XLIX. - LE BEC-FIGUE Puisque la figue me nourrit, mais qu'aussi je me nourris de doux raisins, pourquoi n'est-ce pas plutôt le raisin qui m'a donné son nom? [13,50] L. - LES TRUFFES Nous autres tubercules, qui brisons de notre tête tendre la terre nourricière, nous sommes les seconds des champignons. [13,51] LI. LA COURONNE DE GRIVES Peut-être aimes-tu une couronne de roses ou de riches feuilles de nard. Moi, ce qui me plaît, c'est une couronne de grives. [13,52] LII. - LE CANARD Fais toi servir la bête entière, mais seuls la poitrine et le cou ont du goût. Renvoie tout le reste au chef. [13,53] LIII. LES TOURTEREAUX Tant que j'aurai un gras tourtereau, porte toi bien avec tes laitues et garde tes coquillages : je n'y veux pas perdre ma faim. [13,54] LIV. - LE JAMBON Qu'il m'en arrive du pays des Cerrétans, qu'on m'en envoie, je veux bien, de chez les Ménapiens. Aux gourmands le jambon ! [13,55] LV. - LE FILET DE PORC Il est à point? Vite, hâte-toi d'inviter tes amis. Car je n'ai rien à faire d'un filet faisandé. [13,56] LVI. - LA VULVE Peut-être préféreras-tu celle d'une truie vierge. Moi je préfère celle d'une truie pleine. [13,57] LVII. - LA COLOCASE Tu riras de ce légume du Nil aux filaments tenaces, quand il te faudra tirer avec les dents et les mains ces fils importuns. [13,58] LVIII. LE FOIE D'OIE Vois quel volume ! plus gros qu'une grosse oie. Tout étonné tu diras : « D'où vient, je te prie, pareil développement? » [13,59] LIX. - LES LOIRS Je dors tout l'hiver et alors m'engraisse : qui dort dîne. [13,60] LX. - LE LAPIN Le lapin aime loger dans des terriers creusés. C'est lui qui a enseigné l'art guerrier des mines silencieuses. [13,61] LXI. - LES GÉLINOTTES Le premier en délicatesse des oiseaux de table est, dit-on, la gélinotte d'Ionie. [13,62] LXII. LA POULARDE Nourrissez la poularde de farine douce et d'obscurité. Elle engraissera vite. Génie de la gourmandise ! [13,63] LXIII. - LE CHAPON Pour que le coq, épuisé par le coït, ne maigrisse pas, on le chaponne. Dès lors il ne sera plus pour moi qu'un prêtre de Cybèle. [13,64] LXIV. - LE MÊME En vain la poule est couverte par ce mari impuissant. Mieux eût valu pour lui être l'oiseau de Cybèle notre mère. [13,65] LXV. - LA PERDRIX En Italie on la sert bien rarement à table. Pourtant on en mange souvent chez les richards. [13,66] LXVI. - LES PIGEONS Ne porte pas unc dent sacrilège sur les tendres colombes, si tu es initié aux mystères de la déesse de Gnide. [13,67] LXVII. LE RAMIER A COLLIER Les ramiers à collier engourdissent et émoussent le désir. Ne mange pas de cet oiseau si tu veux rester lubrique. [13,68] LXV III. - LE LORIOT Le loriot se prend à la glu et aux filets, quand le raisin encore vert commence à grossir. [13,69] LXIX. LES MARTRES Jamais l'Ombrie ne nous donna de martres pannoniennes. Pudens, qui en a, aime mieux en faire présent à son maître. [13,70] LXX. LE PAON Tu l'admires toutes les fois qu'il déploie son éventail de pierreries, et tu peux, barbare, le livrer à l'impitoyable maître-queux? [13,71] LXXI. - LE PHÉNICOPTÉRE Je dois mon nom à mon plumage pourpre. Mais ma langue est du goût des gourmands. Que serait-ce, si elle bavardait? [13,72] LXXII. - LE FAISAN Un navire Grec, le premier, m'apporta. Auparavant je n'avais rien connu que le Phase. [13,73] LXXIII. - LES PINTADES OU POULES DE NUMIDIE Tout repu qu'il était d'oies romaines, jamais Hannibal le Barbare ne mangea ces oiseaux de chez lui. [13,74] LXXIV. -- L'OIE Cet oiseau sauva sur le Capitole le lieu consacré du maître de la foudre. Tu t'en étonnes? Ce temple n'était point encore l'oeuvre d'un dieu. [13,75] LXXV. LES GRUES Tu détruiras la symétrie et le delta ne volera plus entier, si tu en ôtes un seul des oiseaux de Palamède. [13,76] LXXVI. LA BÉCASSE Que je suis bécasse ou perdrix, qu'importe, si le goût est le même? La perdrix est plus chère : son goût est donc meilleur. [13,77] LXXVII. - LE CYGNE Au moment où la voix va lui manquer, il module de doux accents. Il est ainsi lui même le chantre de sa mort. [13,78] LXXVIII. - LES PORPHYRIONS Quoi! Un si petit oiseau porter le nom d'un grand géant? Mais oui! Il a le nom de Porphyrion, de la faction verte. [13,79] LXXIX. - LE MULET Ce mulet respire encore, mais déjà paresseusement, dans de l'eau de mer transportée. Se meurt-il? Donne-lui la mer elle-même. Il renaîtra. [13,80] LXXX. LA MURÈNE. La grosse murène qui nage au fond des mers de Sicile n'a plus la force d'y replonger sa peau, une fois cuite par le soleil. [13,81] LXXXI. - LE TURBOT Si large que soit le plat qui porte ce turbot, le turbot est encore plus large que le plat. [13,82] LXXXII. - L'HUITRE J'arrive à l'instant, huître saoûle de l'eau du Lucrin, près de Baïes. Maintenant j'ai une soif folle du noble garum. [13,83] LXXXIII. - LES SQUILLES Aimées du bleu Liris que couvrent, en auvent, les bois de Marica, c'est par troupe que, nous autres squilles, nous nageons dans ses eaux. [13,84] LXXXIV. - LE SCARE Ce scare, qui arrive, obèse, de la mer, n'a de bon que ses intestins. Tout le reste est d'un goût médiocre. [13,85] LXXXV. LE CORACIN Coracin, tu es la proie la plus recherchée des marchés du Nil. Rien de plus estimé que toi des gourmets d'Alexandrie. [13,86] LXXXVI. - L'OURSIN Son enveloppe hérissée de pointes pique les doigts. Mais, une fois ouvert, quel fondant ! [13,87] LXXXVII. - LES MUREX Ce n'est pas assez, ingrat, de porter des manteaux teints de notre sang. Il faut encore que tu nous manges ! [13,88] LXXXVIII. - LE GOUJON Si somptueux que soient chez les Vénitiens les festins, le goujon en est d'ordinaire l'entrée. [13,89] LXXXIX. -- LE LOUP DE MER Le loup tendre se plaît à l'embouchure du Timave Padouan, où il se nourrit à la fois d'eau douce et d'eau salée. [13,90] XC. - LA DORADE Toute dorade n'a pas valeur et prix, mais celle qui ne se nourrit que d'huîtres du Lucrin, oui. [13,91] XCI. - L'ESTURGEON Envoyez l'esturgeon aux tables du palais impérial. Un présent si rare ne doit orner que les repas des dieux. [13,92] XCII. - LE LIÈVRE Selon moi, la grive est le plus fin régal du côté oiseaux, le lièvre du côté quadrupèdes. [13,93] XCIII. LE SANGLIER Le porte-soie redoutable qui, dans les champs de Diomède, tomba sous la pointe étolienne, c'est lui. [13,94] XCIV. - LES DAIMS Ses défenses font craindre le sanglier. Les bois défendent le cerf. Mais nous, daims désarmés, que sommes-nous sinon une proie? [13,95] XCV. - L'ORYX Tu n'es pas, cruel oryx, aux combats du matin la dernière des bêtes fauves. Que de chiens tués tu nous coûtes ! [13,96] XCVI. - LE CERF Du cerf que dompta ton lacet, Cyparisse, ou du tien, Silvia, lequel ressemblait le plus à celui-ci? [13,97] XCVII. - LE LALISION Quand l'onagre est tout jeune et qu'il ne se nourrit que du lait de sa mère, il est « lalision ». Ce nom de bébé, il ne le garde pas longtemps. [13,98] XCVIII. - LE CHEVREUIL Fais cadeau à ton petit enfant de ce gentil chevreuil, que la foule fait courir en agitant les toges. [13,99] XCIX. - LE CHAMOIS Tu verras le chamois suspendu au sommet d'un roc. Tu espéreras le voir tomber? Ah ouiche ! De là-haut il nargue tes chiens ! [13,100] C. - L'ONAGRE Voici le bel onagre : il faut cesser la chasse à l'éléphant de la Mer Rouge. Allons ! Enlevez les filets ! [13,101] CI. - L'HUILE DE VÉNAFRE Ce parfum est extrait de l'olive de Vénafre, en Campanie. A l'usage, on le sent bien. [13,102] CII. - LE GARUM DES ALLIÉS Le scombre respirait encore quand on a recueilli son premier sang, ce garum fastueux. Accepte favorablement ce présent. [13,103] CIII. - LA SAUMURE Oui, je suis fille du thon d'Antibes. Si je l'étais du scombre, je ne t'aurais pas été envoyée. [13,104] CIV. - MIEL ATTIQUE L'abeille butineuse de l'Hymette athénien t'envoie ce noble nectar cueilli par elle aux forêts de Pallas. [13,105] CV. - LE GATEAU DE MIEL SICILIEN Quand tu offriras ces rayons siciliens des côteaux de l'Hybla, tu pourras dire qu'ils viennent du pays de Cécrops. [13,106] CVI. - LE VIN CUIT Les vignes de la Crète Minoenne l'ont produit. C'est le vin miellé du pauvre. [13,107] CVII. - LE VIN POISSÉ Ce vin poissé vient de Vienne, riche en vignes. N'en doute pas : Romulus lui-même me l'a envoyé. [13,108] CVIII. - LE VIN MIELLÉ Vous épaississez de miel attique ce nectar de Falerne. Il convient que Ganymède en personne verse ce vin. [13,109] CIX. - LE VIN D'ALBE Cette douce vendange te vient des celliers de César, elle qui se plaît sur le mont Jules. [13,110] CX. - LE VIN DE SORRENTE Bois-tu du Sorrente? Laisse-là vases myrrhins ciselés et coupes d'or. Bois le dans l'argile même qui l'apporte. [13,111] CXI. LE FALERNE Ce Massique vient des pressoirs de Sinuesse. De quel consul date, demandez-vous, la mise en tonneau? Il n'y avait pas encore de consuls. [13,112] CXII. - LE VIN DE SÉTIA Suspendue au-dessus des marais Pontins qu'elle domine, Setia, petite ville, nous envoie ses vieux tonneaux. [13,113] CXIII. - LE VIN DE FONDI L'heureux automne d'Opimius a produit ce vin de Fondi. Le consul l'a foulé et en a bu lui-même. [13,114] CXIV. - LE TRIFOLIN Non, je l'avoue, je ne suis pas des premiers crus. Mais entre les vins je serai le septième. [13,115] CXV. LE CÉCUBE Le généreux Cécube mûrit sur le sol fondanien d'Amyclée. La vigne qui le produit verdit au milieu des marais. [13,116] CXVI. - LE VIN DE SIGNIE Bois du vin de Signie qui resserre le ventre. Pour éviter la constipation, modère ta soif. [13,117] CXVII. - LE VIN DE MESSINE Si l'on t'offre une amphore de Mamertin aussi vieux que Nestor, tu pourras lui donner le nom que tu voudras. [13,118] CXVIII. - LE VIN DE TARRAGONE Ce vin de Tarragone, qui ne doit le céder qu'au vin de Campanie, rivalise avec ceux des jarres de Toscane. [13,119] CXIX. - LE VIN DE NOMENTE Mes vignes de Nomente te donnent ce vin. Si tu es l'ami de Quintus, tu en boiras de meilleur. [13,120] CXX. - LE VIN DE SPOLÈTE Le vin de Spolète vieilli en bouteilles sera préféré par toi au vin nouveau de Falerne. [13,121] CXXI. - LE VIN DE PÉLIGNE Les vignerons péligniens t'envoient le vin trouble des Marses. N'y touche pas. Fais le boire à ton affranchi. [13,122] CXXII. - LE VINAIGRE Ne fais pas fi de cette amphore. Quand ce vinaigre du Nil était vin, il avait moins de prix. [13,123] CXXIII. - LE VIN DE MARSEILLE Puisque la sportule te livre à l'assaut des clients par centaines, tu peux leur servir des vins enfumés de Marseille. [13,124] CXXIV. - LE VIN DE GÉRÉ Que Népos te serve du Géré, tu le prendras pour du Sétie. Il ne le donne pas à tout le monde. Il ne le boit qu'en trio. [13,125] CXXV. - LE VIN DE TARENTE Aulone est renommée pour ses laines et riche en vignes. A toi ses toisons précieuses. A moi ses vins. [13,126] CXXVI. - LES PARFUMS Ne laisse à ton héritier ni parfums ni vins. Ne lui laisse que ton argent. Le reste, réserve le toi tout. [13,127] CXXVII. LA COURONNE DE ROSES L'hiver, César, t'offre ces couronnes précoces. Autrefois la rose était fleur du printemps. Aujourd'hui elle est tienne.