[2,3] CHAPITRE III. Qu'il y a des signes universels et des signes particuliers et que signifie le double Soleil. Des signes, qui se voient dans le soleil et dans la lune, sont très certains et confirmés par le témoignage de beaucoup d'auteurs : "Qui voudrait accuser le soleil de mensonge?" {Virgile, Les Géorgiques, I, 463-464} Toutes les fois qu'il en paraîtra deux que les pays qui les verra se prépare à une grande inondation; et bien que ce météore pour être fort rare semble être du rang des miracles, c'est pourtant un effet de la nature, qui ne produit pas un nouveau soleil, mais qui en représente un semblable dans un nuage opposé. On le nomme Parélion, qui n'est autre chose qu'une nuée qui ressemble au soleil; ce signe est commun a plusieurs mais non pas général. Des signes, les uns sont généraux et les autres particuliers. Les particuliers sont pour chacun, les universels pour tous, ou pour plusieurs; les uns et les autres proviennent tantôt des éléments par la disposition du créateur, tantôt de la nature et quelquefois de la malice des démons, qui par la permission de dieu se jouent ainsi des hommes. Mais on ne saurait donner qu'avec peine un jugement, et encore bien incertain, pour savoir quels ils sont, comme ils se font et de quelle cause ils procèdent, c'est un secret si caché, que les hommes ne le peuvent trouver, néanmoins les mathématiciens en ont rempli leurs livres par une téméraire vanité. Énée se vante : "Que devers ses destins sa mère le guida" {Virgile, L'Énéide, I, 382] parce que Lucifer qui s'appelle autrement Vénus, lui paraît toujours pour bon auspice durant sa route d'Italie. La curiosité humaine accommode comme il lui plaît avec les événements, "Les travaux du Soleil, l'éclipse de la Lune". {Virgile, Les Géorgiques, II, 478} [2,4] CHAPITRE IV. Des signes qui précédèrent le dernier siège de Jérusalem. L'histoire, appelée vieille parce que l'auteur en est incertain et qu'elle raconte des choses fort vieilles nous rapporte qu'un peu devant le siège de Jérusalem une eclipse de lune dura douze nuits, et fut vue dans des lieux bien éloignés. Elle signifiait peut-être la subversion de l'impiété judaïque et des erreurs de ce peuple superstitieux, qui furent très justement abolis par la lumière que Jésus-Christ communiqua au monde, par la prédication de son évangile. Car comme assure l'écriture: "Le fol est changé comme la lune et le sage demeure immuable comme le Soleil". {L'Ecclésiaste, XXVII, 12} Il arriva encore tant d'autres prodiges sur le point que la justice souveraine les menaçait de leur entière ruine ; que si j'entreprenais de les raconter tout au long, tout mon loisir ni tout mon livre n'y suffirait pas. J'en rapporterai seulement le plus brièvement que je pourrai quelques-uns que j'ai tirés de Josèphe, parce qu'ils serviront à confirmer notre foi et à convaincre l'obstination de ce peuple endurci. La peine du parricide, commis en la personne de Jésus-Christ, ayant été différée quarante ans durant lesquels tous les apôtres, et principalement S. Jacques, qu'on appelait le frère de notre Seigneur, étant évêque de Jérusalem, faisaient sans cesse des remontrances aux juifs sur leur horrible attentat et sur leur perfide impiété, afin de leur faire éteindre les flammes de la vengeance de Dieu par l'abondance de leurs larmes. Le ciel leur montrait assez par sa longue patience qu'il les voulait amener à un juste repentir. Car dieu ne souhaite pas tant la mort du pécheur que sa conversion et sa vie. Il tâchait encore d'amollir la dureté de leur coeur par des prodiges effroyables leur montrant sa main armée de terreurs et de foudre premier que de les frapper. L'auteur que j'allègue m'en servira de garant, comme de tout ce que j'en dirai ci-après. Parcourons donc, s'il vous plaît, ce qu'il nous en a laissé dans le sixième de ses Histoires. {Flavius Josèphe, La guerre des juifs contre les Romains, VI, 5, 3} "Certains méchants hommes et pernicieux irnposteurs persuadaient au peuple par leurs fausses prophéties de ne croire pas aux signes évidents de la colère du ciel, qui leur annonçaient visiblement la ruine de leur ville et de leur nation : ces malheureux ne tenaient compte de tous les avertissements d'en haut. La fureur les ayant transporté et leur ayant ôté les yeux et l'âme tout ensemble, car une étoile ardente de la figure d'une épée nue qui menaçait leurs têtes et une comète, qui jetait des brandons de feu, parurent un an durant dessus leur ville. Mais outre cela, avant que la guerre eut commencé à les affliger, les peuples s'etant assemblés pour sollemniser la Pâque, la nuit du huitième jour du mois Xanticus, qui est avril, à neuf heures du soir une si grande lueur se répandit à l'entour du Temple et de l'autel une demi-heure durant que tous les assistants croyaient que le jour fût revenu. Les ignorants et le peuple prenaient cela pour un signe de prospérité mais les Rabins et les habiles docteurs de la loi le prirent pour un présage fatal de leurs malheurs. La même fête une vache, amenée devant l'autel pour être sacrifiée, se délivra d'une brebis entre les mains des ministres. Le vingt-unième du même mois sur l'heure de minuit la porte de l'édifice intérieur du Temple du côté de l'Orient toute revêtue de bronze et par conséquent d'une pesanteur immense que vingt hommes de toutes leurs forces avaient peine à pousser, qui était barrée avec des leviers de fer et avec des serrures et des verrous qui la tenaient serrée du haut en bas, vint à s'ouvrir d'elle-même. La solennité passée, quelques jours après le vingtième d'Arthemisius, autrement de mai, parut un signe prodigieux , et qui surpasserait la croyance humaine, si les maux qui suivirent n'eussent confirmé la croyance des yeux qui l'avoient vu. Car sur le soleil couchant on vit par toute la Judée des chariots de guerre et des cohortes de soldats qui combattaient dans l'air; il parut encore des escadrons qui venaient tout d'un coup investir les Villes. Le jour de la Pentecôte les prêtres, étant de nuit entrés dans le Temple pour y faire le service à l'ordinaire, sentirent du commencement un remuement et un bruit sourd , puis aussitôt ils entendirent des voix qui criaient : "Sortons, sortons d'ici". On raconte encore une autre aventure plus effroyable. Un nommé Jésus, fils d'Ananias, homme champêtre et de la lie du peuple, quatre ans auparavant que la guerre commençait, comme Jérusalem était encore florissante dans l'abondance de la paix, commença le jour des Tabernacles à s'écrier tout d'un coup : "Voix de l'Orient, voix de l'Occident, voix des quatre vents, voix sur Jérusalem, et sur le Temple, voix sur les époux et sur les épouses, voix sur le peuple". Et courant sans cesse par toutes les rues, criait toujours la même chose jusqu'à tant que quelques-uns des principaux fâchés d'un si mauvais présage, le prirent et le battirent de verges excessivement. Mais ce malheureux, sans vouloir dire aucune chose pour sa défense ni prier les assistants, répétait les mêmes paroles et criait avec pareille obstination. Alors les principaux qui reconnurent en cela quelque chose de surnaturel, le menèrent devant le préfet Romain, qui le fit déchirer à coups de fouet jusqu'aux os et ne lui su faire jeter aucun cri ni la moindre larme. Mais durant le supplice il ne cessait de réitérer la même menace, avec un piteux et lamentable accent à chaque coup de fouet, ajoutant encore: "Malheur sur Jérusalem". Le même Historiographe conte pour un plus grand miracle, une prophétie trouvée dans les sacrés cahiers, qui désignait qu'un homme devait sortir de Judée pour posséder l'empire de tout le monde, ce qu'il rapporte à Vespasien mais cet empereur ne domina que sur les peuples sujets à l'empire Romain. C'est pourquoi cet oracle doit plutôt dénoter Jésus-Christ, à qui le père éternel avait dit : "Demande moi, et je te donnerai pour héritage les nations et pour empire les deux bouts de la terre" {Psaumes, II, 8} et lequel en ce même temps-là eut des apôtres dont la voix se répandit par toute la Terre, et dont les paroles s'entendirent d'un bout de l'univers à l'autre. [2,5] CHAPITRE V. La calamité des assiégés, leur malice endurcie, leur misérable fin et la piété de Titus. Mais parcourons aussi brièvement qu'il se pourra l'effroyable calamité, la ruine irréparable, la servitude inouïe et sans exemple de cette aveugle et détestable nation, de peur qu'on ne pense pas que tant de sigues épouvantables n'aient été que les présages d'une médiocre plaie et d'une légère vengeance de dieu contre l'impénitence de ces parricides. Que si quelqu'un veut savoir par le menu de combien de maux elle fut affligée comme le fer, le feu, le carnage et la faim désolèrent la Judée; combien de milliers de pères et d'enfants, de femmes et de maris furent égorgés pêle-mêle sans nombre et sans distinction de sexe ni d’âge ; combien de villes furent pillées, quel fut le sac de cette superbe Jérusalem, et de combien d'espèces de morts elle vit périr ses enfants entre ses bras ; combien furent grandes et cruelles les guerres ; comment pour accomplir les prophéties "l'abomination de la désolation fut mise" {Daniel, IX, 27} dans le Temple autrefois si célèbre et comment enfin pour achever en un mot la flamme consomma ces malheureuses reliques, qu'il lise l'Histoire de Josèphe. Nous n'en prendrons que ce qui peut nous servir pour achever la preuve que nous avons commencée. Il rapporte donc que trois cents mille hommes de toute la Judée étaient venus à la fête solennelle de Pâques, comme si quelque main vengeresse les eût assemblés : ce temps fut assurément choisi par un jugement divin, afin que ceux qui à la fête de Pâques avaient immolé par leurs mains sanglantes, et par leurs sacrilèges voix leur messie et le sauveur du monde, étant tous amassés en une troupe, payassent les devoirs des funérailles à son tombeau et qu'ils reçussent la peine qu'ils avaient méritée. J'omettrai les dommages qu'ils souffrirent par le tranchant de l'épée et par les machines du siège pour raconter seulement suivant le récit de notre auteur les maux que la faim enragée leur fit endurer, afin que ceux qui liront ces Histoires apprennent quel crime c'est d'attenter sur Jésus-Christ et de quels tourments le ciel punit de semblables parricides. Ouvrons seulement le cinquième des Histoires de Josèphe, qui nous décrira toute cette funeste tragédie. {Flavius Josèphe, La guerre des juifs contre les Romains, V, 10, 2 et 3} "Les riches, dit-il, qui demeuraient dans la ville voyaient leur perte assurée, car on les faisait mourir comme atteints et convaincus de désertion pour avoir leurs richesses. La nécessité de la faim augmentait l'insolence des factieux et la disette croissait avec la tyrannie. On ne vendait point de blé en public mais ces brigands de ville allaient fouiller par force dans les maisons et s'ils trouvaient quelques vivres là dedans punissaient ceux qui les avaient cachés, ou, s'ils n'en trouvaient point, ils les mettaient à la gêne, les accusant d'avoir des magasins trop cachés; ils les convainquaient d'avoir encore des vivres, parce qu'ils vivaient encore et subsistaient avec leur embonpoint, car ils fussent morts autrement, disaient-ils, s'ils n'eussent eu des viandes cachées pour se nourrir. Que s'ils en trouvaient que la faim eût desséchés jusqu'aux os, ils passaient sans leur rien faire, sachant bien qu'il n'était pas besoin de tuer ceux que la faim devait bientôt faire mourir. Plusieurs à la dérobée achetèrent un boisseau de blé, qui leur coûta tout leur bien ; les riches en eurent de froment et les pauvres d'orge et puis s'enfermèrent dans les plus secrets lieux de leurs maisons, où quelques-uns en mangeaient la pâte et d'autres même en dévoraient le grain ; d'autres le faisaient cuire, selon que la nécessité ou la crainte le permettaient. Personne n'attendait que la nappe fût mise mais chacun, tirant du feu les viandes à demi cuites, avalait ces morceaux comme s'il les eût dérobés. C'était un spectacle digne de pitié que ces funestes repas, lors vous eussiez vu les plus forts qui tiraient comme de la bouche aux plus faibles ce qui leur restait de vie et ne laissaient à leur faiblesse que le secours des larmes. Mais quoique cette famine surpassât l'amertume de toutes les calamités, le plus insupportable désordre qu'elle causa fut la perte de la honte; car ce qui semblait peu honnête dans l'abondance, fut effrontément commis dans cette nécessité. Les femmes arrachaient la viande des mains de leurs maris, les enfants de celles de leurs pères et, chose pitoyable, les mères la retiraient de la bouche de leurs enfants ; et, quoiqu'elles vissent leurs chères entrailles languir entre leurs bras dessus leur sein, elles n'avaient point de honte de leur ôter d'entre les dents, ce peu qu'ils avaient pour se conserver la vie. Encore ne pouvait-on si bien se cacher pour prendre un petit morceau qu'aussitôt quelqu'un de ces voleurs trouvant une porte fermée, ne tirât de là un indice qu'on mangeait dans la maison, et qu'il n'enfonçât la porte avec ses camarades pour arracher de la gorge, et même faire rendre à ces malheureux ce qu'ils avaient déjà pris. Ils fouettaient les vieilles gens, s'ils eussent voulu défendre leur nourriture; ils traînaient les femmes par les cheveux, si elles tâchaient de serrer le pain qu'elles avaient commencé de manger. Ils n'avaient ni respect pour la vieillesse, ni compassion pour les enfants, car ils battaient ces pauvres innocents attachés à leur morceau de pain et les soulevant en haut pendus à la viande qu'ils avaient empoignée les écrasaient contre terre. Ils tourmentaient encore plus cruellement ceux qui pour les prévenir s'étaient hâtés de manger et par d'étranges supplices bouchaient à quelques-uns les conduits naturels de la digestion et empalaient les autres. Je frémis d'horreur au récit de ces cruautés ; après cela ils les forçaient d'avaler un grand pain, ou une mesure de farine; Car ces bourreaux n'étaient pas affamés et leurs cruautés seraient en quelque façon plus excusables, s'ils les avaient exercées par nécessité; mais c'était ou seulement pour amasser des vivres â l'avenir ou pour établir leur tyrannie par ces méchantes actions. Que si quelques-uns ayant fait de secrètes sorties ou par la porte, ou par les tranchées pour aller amasser des herbes, s'en revenaient bien joyeux d'avoir échappé des mains des ennemis, ces brigands allaient au devant d'eux pour leur ravir ce qu'ils avaient apporté. Et comme ils les suppliaient et qu'ils invoquaient ce terrible et mystérieux nom de Dieu, afin qu'ils leur laissassent au moins quelque portion de ce qu'ils avaient gaigné au péril de leur vie, ils ne leur en donnaient aucune chose, et leur faisaient grâce, ce leur semblait, de les laisser échapper après les avoir pris". Un peu après le même auteur ajoute : "Toute espérance de salut était fermée aux juifs aussi bien que leur ville et la famine croissant de jour en jour désertait si fort toutes les maisons qu'elles étaient pleines de femmes et de petits enfants morts. L'on voyait les rues pavées de squelettes vivants des vieillards que la rigueur de la faim avait consumés plutôt que la longueur de l'âge. Les jeunes hommes et ceux de qui la vigueur était plus robuste, erraient à l'entour des places et des carrefours comme des pâles images de la mort et des spectres de trépassés et tombaient où la dernière langueur les abattait. Le nombre des morts était si grand et les forces des vivants si débiles qu'on n'avait plus de soin de rendre les devoîrs de la sépulture et que chacun avait plutôt soin de sa vie que des funérailles des autres. Il s'en trouva quelques-uns qui rendirent l'âme sur la fosse de ceux qu'ils venaient d'enterrer; plusieurs même avant que d'arriver au tombeau rendaient le dernier soupir. On ne rendait point aux morts la lamentation, et le deuil accoutumé. Il n'y en avait pas assez pour déplorer les misères de la faim dont la sècheresse avait épuisé même l'humidité des larmes. Un profond et vaste silence occupait toute la ville ; une nuit pleine d'horreurs mortelles en avait couvert la face, et cependant il se trouvait quelque chose de pire que ces maux, c'étaient ces brigands, qui violaient impunément les sépulcres et pillaient les trépassés plutôt par dérision que par envie du butin. Ils éprouvaient le tranchant de leurs épées à hacher ces cadavres et quelquefois poussaient de la pointe contre ceux qui respiraient encore; ce qui faisait que ceux qui languissaient de faim entre la mort et la vie, les priaient à jointes mains d'exercer sur eux un crime qui leur tiendrait lieu de bienfait. Mais ces enragés, qui donnaient la mort de gaieté de coeur, la refusaient par un nouveau genre de cruauté quand on la leur demandait. Cependant ceux qui trépassaient jetaient leurs regards et leurs derniers soupirs devers le Temple avec moins de regret de perdre la lumière que de laisser au monde des bourreaux si barbares. Du commencement, à cause de la puanteur insupportable, ils avaient commandé d'ensevelir les corps mais, voyant que la trop grande quantité excédait la dépense et le soin, ils les jetaient par dessus les murailles. Et comme Titus, qui faisait le tour de la ville pour reconnaître les fortifications, eut aperçu les fossés tous comblés de cadavres et cette malheureuse terre regorgeant du sang de ses enfants, il leva les mains au ciel avec un grand soupir et prit dieu à témoin qu'il n'était point cause d'un si grand désastre mais qu'il le souffrait par contrainte". Un peu après Josèphe poursuit : "Je ne craindrai point de dire franchement mes sentiments là dessus : je pense que, si les armes des Romains eussent cessé de punir ces détestables, que la terre eût englouti cette damnable cité, qu'un autre déluge ou une pluie de feux ensouffrés ou la foudre du ciel lui eussent fait bientôt payer le supplice de ses méchancetés, car de jour en jour elle eut produit une plus malheureuse et plus exécrable engeance que celle pour qui toute la nation mérita d'être éteinte". Dans le sixième livre encore, il écrit : "Le nombre de ceux que la disette faisait périr par toute la ville ne se pouvait conter, non plus que la misère ne s'en peut expliquer. Car s'il se fût trouvé quelque morceau dans une maison aussitôt les pères et les enfants s'entrebattaient à qui le ravirait et se l'arrachaient non seulement des mains mais encore de l'estomac. Les brigands se défiaient même des morts et les souillaient pour voir s'ils n'avaient point quelque viande cachée dans leur sein. Les autres à gueules béantes comme des chiens enragés couraient çà et là, et comme s'ils eussent été transportés de frénésie, se jetaient à moins d'un quart d'heure sept ou huit fois dans un même logis. La nécessité leur faisait avaler jusqu'aux choses mêmes que les plus vils animaux auraient horreur de manger. Ils dévorèrent jusqu'à leurs souliers, à leurs ceintures et aux brides de leurs chevaux ; ils arrachaient même les cuirs dont leurs coffres étaient couverts pour les mettre sous leurs dents ; quelques-uns rongeaient de la paille et de vieux foin et le moindre poids des ordures se vendait quatre drachmes.