Le chätiment Comment punir les fous de Dieu sans s'aliéner des foules troublées dans leur vénération d'Allah? Comment déjouer une calamiteuse extension visée par ceux-là mêmes qui frappèrent l'Occident à son pic symbolique? Le spectre d'un conflit de civilisations hante bel et bien une humanité conviée à méditer la persistante férocité de l'espèce. Il hante une Amérique chez elle violentée et dont le choc traumatique n'est pas proche de se dissiper. Il hante tous les caciques d'Occident anxieux de l'exorciser. A quoi ce risque tient-il ? Au fait que le fanatisme à punir est un virus de la famille islamique. Les islamologues optimistes le présentent certes comme un fléau limité et provisoire de l'islam. Ils nous disent qu'après travaux l'immense demeure d'Allah sur Terre sera pleine de grâces. Hélas, nous habitons, nous, pendant les travaux! Et ce que nous avons sous les yeux, c'est, au contraire, le délire taliban, épicentre mystico-militariste d'une guerre de l'ombre; c'est la fourbe ambiguïté du prosélytisme saoudien ou émirati, les guerres rampantes du Nigeria et du Soudan, le sabbat funèbre d'Algérie, les ayatollahs d'Iran, l'intégrisme des masses pakistanaises, le prurit du Cachemire. Et l'émergence en Indonésie, aux Philippines, d'un nouveau terrorisme musulman. Quittons, pour comprendre, notre logiciel laïque! Et constatons d'abord que l'islam ne sépare pas, comme nous, le spirituel du temporel. Il courbe les hommes sous la prière et les peuples sous une loi coranique qui étouffe la laïcité. Son catéchisme est aussi code civil et pénal. Constatons que, sur son sol, aucune démocratie ne prospère. Et que l'islam conserve une inclination missionnaire par le verbe ou par l'épée. Voyons qu'aucune Eglise universelle ne peut y discipliner l'interprétation anarchique d'un Coran surgi, il y a treize siècles, dans les déserts d'Arabie, et où chaque musulman trouve ce qu'il cherche: tel imam un message de paix; tel autre le djihad, la guerre sainte aux infidèles. Réfléchissons à la terrible étrangeté de ces modernes et mystiques paladins qui passaient, dans nos campus, de l'ordinateur à la prière et se préparaient sereinement, en apprentis pilotes, à leur suicide assassin pour la gloire d'Allah! Oui, nous mésestimons, en Occident, la puissance des religions sur le destin des peuples. Mais le monde entier ne marche pas à notre amble économiste... Et en tout cas pas les pauvres de l'aire islamique! Le fanatisme intégriste y prolifère sur la misère. Voyez alors le cercle vicieux: l'islam allergique au rôle de l'individu demeure rétif à la production capitaliste: il entretient la misère, laquelle entretient la révolte; et la révolte un terrorisme que le fanatisme sanctifie d'avance par le martyrat ... Un tel enragement trouve sans peine ses boucs émissaires. Ce sera une Amérique jalousée et abhorrée, citadelle d'un Occident dépravé, exhaussée par son hégémonie même en Satan universel. Ce sera Israël, Satan du monde arabe. Autant de cibles sorcières pour inquisiteurs auxquels les techniques modernes délivrent un passeport pour l'apocalypse. Car ce n'est pas l'Amérique - mais l'Europe - qui a expédié les juifs rescapés de la Shoah en Israël. Et le conflit arabo-israélien n'est pas l'unique source de ce terrorisme. Il n'est que le plus actuel et visible foyer d'un plus vaste incendie. A entendre quelques gribouilles européens, pressés de sacrifier Israël pour s'assurer les faveurs suspectes de la passion arabe, on voit que le régional Ponce Pilate a déjà fait, chez nous, des émules! Pour éradiquer le fléau, c'est donc sur l'islam lui-même qu'il faudrait compter. Hélas, il n'a pas encore trouvé ni son Luther ni sa Réforme. Quelques Etats musulmans, c'est vrai, n'ont pas éludé la manière forte. Et par exemple, Ben Ali, sans qui la Tunisie serait une autre Algérie. C'est à cette manière forte que l'Amérique aussi se prépare. Son peuple patriote veut une riposte rapide. Ce ne sera pas la meilleure. Et Ben Laden n'est que le vilain, le loup-garou d'une malédiction transnationale. Il faut espérer en de plus durables atouts: la Russie confrontée au même mal, la Chine contaminée dans ses provinces de l'Ouest. L'assèchement des circuits financiers du terrorisme sera plus profitable. Et surtout l'engagement de leaders musulmans effrayés, tout autant que nous, par la mécanique infernale. De Palestine jusqu'en Iran. En France, méfions-nous de nos défauts. Du syndrome munichois qui nous fait braconner de vains répits en faisant d'avance à l'Amérique l'habituel procès d'intentions du conseilleur rechigneux. L'Arnérique a, certes, fait des erreurs. Mais que dire des nôtres ? Méfions-nous aussi d'un angélisme confit dans la repentance. Les seuls anges à considérer sont désormais les anges noirs qui ont fracassé New York. LEurope ne se sauvera pas seule avec un peu de déshonneur et beaucoup d'illusions.