[5,0] LIVRE CINQ. [5,1] LETTRE I. LE ROI THEODORIC AU ROI DES VANDALES. Traduction française : Antoine Sérieys, Bibliothèque Académique ou Choix fait par une Société..., Volume 5, 1811. Votre fraternité nous a envoyé, non seulement des timbres ou cimiers de casques, noirs comme poix, mais aussi des enfants d'une grande blancheur naturelle et de fortes épées, qui coupent les armes, et qui sont plus enrichies par le fer que par le prix de l'or. Elles sont si bien polies et si claires qu'elles représentent traits pour traits les visages de ceux qui les regardent. Leurs bords sont si affilés et si égaux qu'on les croirait moins faits à la lime que jetés en moule dans des fournaises ardentes. Leur milieu travaillé à jour a de beaux petits bassins creux qui paraissent à quelques-uns pouvoir être frisés comme de petits vermisseaux où il y a tant d'ombre de variété que le tissu est un brillant métal, de différentes couleurs. Votre pierre à aiguiser le nettoie à merveille : votre poudre d'émeri le polit si industrieusement; que c'est une espèce de miroir à l'usage des hommes, que produit l'éclat du fer; que la nature favorisant votre patrie vous accorde si libéralement, que nous en concevons une opinion singulière, savoir que ce sont des épées de Vulcain qui les a forgées de ses mains, moins comme un chef-d'œuvre humain que comme un ouvrage céleste. C'est pourquoi nous acquittant par tel et tel nos ambassadeurs, de la salutation affectueuse que nous vous devons, nous déclarons avoir reçu avec plaisir ces armes qui nous ont transmis les désirs d'une bonne paix, donnant le réciproque de votre présent en considération de vos dépenses ; souhaitant que le nôtre vous soit aussi agréable que le vôtre nous l'a été. Que la divine Providence vous donne la concorde, et que l'entretenant avec vous de bon cœur, nous répondions aux intentions de nos peuples et nous travaillerons, à l'avenir, à pouvoir nous lier par des avantages mutuels ! [5,2] LETTRE II. LE ROI THÉODORIC, AUX HAESTIENS. Traduction française : Comte Jan Potocki, Fragments historiques sur la Scythie…, 1796. En nous envoyant des députés, vous nous avez prouvé le désir que vous avez de nous connaître. Vous vivez sur les bords de l'océan, mais nous pouvons être unis par la pensée. Votre pétition nous est agréable, car il nous est doux de savoir que notre renommée s'étend aux lieux où nos commandements ne peuvent parvenir. Peut-être aimerez-vous, lorsque vous le connaîtrez, celui dont vous avez recherché la connaissance, qui n'était pas facile à faire puisque pour arriver jusqu’à lui il fallait passer au travers de tant de peuples divers. Nous vous annonçons donc que l'ambre, que vous nous avez envoyé à été agréablement reçu. D'après la relation des vôtres, c'est l'océan, qui porte sur vos rives cette substance légère; car vos rives sont les premières qu'il rencontre, mais on ne sait d'où vient cet ambre à ce que disent vos députés. Nous lisons dans les écrits d'un certain Cornélius, que le Succin est le suc d'un certain arbre, et que c'est pour cela qu'il s'appelle succin ; cet arbre (dit il) croît dans les îles intérieures de l'océan; l'ardeur du soleil lui donne de la consistance; il devint un métal sudatile d'une tendresse singulière, quelque fois il brille de la couleur jaune du safran et d'autrefois il est couleur de feu clair et gras; tantôt exposé au soleil et tantôt aux ondes de la mer, il se purifie et c'est dans cet état que vous le trouvez sur vos côtes. Nous vous disons cela, afin que vous sachiez, que ce que vous croyez n'être connu que de vous, ne peut cependant pas échapper à nos connaissances. Or donc ne manquez pas de revenir souvent par les voies que votre amour pour nous a ouvertes. Il est toujours utile à un peuple d'acquérir l'amitié d'un Roi riche et puissant ; il est adouci par un petit présent et songe à des compensations d'un plus grand prix. Nous avons aussi chargé vos députés de choses qui doivent vous être agréables. [5,3] {sans correspondance} [5,4] {sans correspondance} [5,5] {sans correspondance} [5,6] {sans correspondance} [5,7] {sans correspondance} [5,8] LETTRE VIII. AU CONSULAIRE ANASTASIUS, LE ROI THEODORIC. Il convient que Ta Sublimité fasse le plus grand cas de nos ordres avec une fermeté empressée afin que les dispositions d’une ordonnance salutaire soient suivies d’effet. Avec mesure, de fait, la sagacité a appris à exécuter les ordres imposés et à s’occuper de ce qu’on lui confie par une réflexion claire, sans le déshonneur de l’ingratitude. C’est pourquoi Nous te prescrivons d’envoyer à la cité de Faenza un exécutant, pour faire transporter des pierres de taille vers la ville de Ravenne, selon notre commandement et sans malversation ni torts pour quiconque, de sorte que nous nous félicitions de voir notre désir accompli, tout en enlevant aux plaignants l’occasion de pousser de grands cris. [5,9] LETTRE IX . AUX PROPRIETAIRES DE FELTRE, LE ROI THEODORIC. La nécessité collective implique la participation du plus grand nombre d’entre nous, car c’est un fait acquis qu’il ne faut pas qu’un petit nombre se charge de ce qu’un grand nombre peut réaliser ; si une chose est confiée à une partie affaiblie, les ordres royaux se ralentissent en languissant. En conséquence, Notre Autorité a prescrit la construction d’une cité dans la région de Trente. Mais comme la petitesse du territoire ne peut supporter l’envergure de cet ouvrage, Notre Sollicitude a prévu que vous tous, qui avez des rapports de voisinage, vous contribuiez avec eux à une longueur des murs, en recevant un prix raisonnable ; puisque qu’avec une aide appropriée on pourra accomplir moins dangereusement ce qui serait à peu près infaisable pour un petit nombre, comme on s’en doute. La condition primordiale à tout cela, il va sans dire, sera que personne ne soit exempté de ces charges, pas même la maison divine. [5,10] LETTRE X. AU SAJON VERANUS, THEODORIC ROI. Traduction (partielle) : Paul Deltuf, Théodoric, roi des Ostrogoths et d'Italie: épisode de l'histoire du Bas-Empire, 1869. Quand, avec l’aide de Dieu, une armée est en marche pour le plus grand bien de la défense de tous, il faut être prévoyant, afin que ni une pénurie inconsidérée ne l’épuise, ni (ce qu’on dit être criminel) qu’on la voie effectuer une dévastation de notre province. Le premier degré de la prospérité, c'est de ne pas être à charge aux siens, et il ne faut pas que ceux pour qui nous prenons tant de soins, se trouvent lésés dans leurs biens. C'est pourquoi nous te déléguons le soin de faire passer la multitude des Gépides, que nous destinons à la garde de la Gaule, à travers la Ligurie et la Vénétie, sans qu'ils y causent le moindre dommage. Pour que ces troupes n'aient aucun prétexte de commettre des excès, vous ferez donner à chacun trois sols d'or par semaine de nos deniers; ils n’auront aucune raison de piller nos provinciaux, mais pourront faire commerce avec eux. Mais, comme nous nous sentons pleins de bonne volonté envers ceux qui travaillent au bien général, si leurs chariots s'endommagent pendant ce long voyage, si leurs animaux pâtissent, c'est à toi de veiller à ce qu'ils les échangent contre ceux du pays, mais sans aucune violence. On pourrait par exemple échanger les animaux fatigués contre des animaux de moindre taille, mais qui seraient néanmoins d'un meilleur usage pour la route. De cette façon les nôtres auraient toujours de bons attelages pour leurs chariots et les habitants ne se croiraient pas lésés. [5,11] LETTRE XI. THÉODORIC ROI, AUX GÉPIDES ENVOYÉS DANS LES GAULES. Traduction française : Paul Deltuf, Théodoric, roi des Ostrogoths et d'Italie, 1869. Nous avons décrété qu'il vous serait alloué des indemnités de route, et, pour assurer et simplifier la pleine exécution de nos ordres, nous vous ferons compter trois sous par semaine, de façon que vous puissiez choisir pour vos campements des endroits abondants en pâturages et acheter pour vous-mêmes les divers objets dont vous aurez besoin. Car, lorsqu'on saura que vous êtes en mesure de payer, les habitants qui auront quelque chose à vendre s'empresseront de venir à vous. Faites bonne route, soyez modérés; que votre voyage soit ce qu'il doit être, puisque vous allez travailler pour le salut commun. [5,12] {sans correspondance} [5,13] {sans correspondance} [5,14] LETTRE XIV. A SÉVÉRIEN, HOMME ILLUSTRE, LE ROI THEODORIC. (Extrait). Traduction : L. G. Du Buat, Histoire ancienne des peuples de l'Europe, Volume 9, 1772. La justice veut que ceux qui commettent des excès soient réprimés afin que tous puissent participer aux douceurs de la paix. Comment en effet peut-on espérer d'établir l'égalité si l'on ne fait pas en sorte que les citoyens médiocres puissent recouvrer leurs forces ? Ainsi ayant souvent appris par les plaintes de nos provinciaux, que ceux d'entre les possesseurs de la Suévie qui sont le plus en état de subvenir aux charges publiques, non seulement les font retomber sur les moins riches, mais s'approprient une partie de leur produit par un commerce infâme, après avoir espéré le redressement de ces abus, de la probité et du zèle de plusieurs personnes que nous en avions chargées, nous nous flattons que c'est à vous qu'il a été réservé d'effectuer ce que leur négligence les a empêchés d'exécuter. Examinez donc vous même, avec toute la prudence que l'on vous connaît, les facultés de chaque possesseur et sans avoir égard à ce que plusieurs d'entre eux ont donné pour se racheter des impositions, établissez une égalité parfaite en proportionnant les taxes à la qualité des biens et des personnes ; ce sera le moyen de faire justice à tous, et de relever les forces de nos provinciaux. Quant à ceux qui seront convaincus d'avoir assis les impositions sans notre ordre, et d'avoir rejeté arbitrairement sur les uns le fardeau que devaient porter les autres, poursuivez-les avec toute la rigueur des lois et forcez-les de réparer tout le dommage qu'ils ont causé. Nous vous enjoignons pareillement de forcer les défenseurs, les décurions et les possesseurs à rendre un compte exact de la recette, afin que vous puissiez répéter ou faire restituer tout ce qui, depuis la remise faite depuis peu, de la huitième indiction, a été payé au-dessus du tribut ordinaire, et n'est pas rentré dans notre trésor, ou n'a pas été employé aux dépenses nécessaires qui ont été faites dans la province...... On dit encore que les juges de la province, ou les décurions et les défenseurs font tourner à la charge des possesseurs d'une manière illicite, les frais du cours public, et plusieurs autres choses de cette nature. Faites-en une perquisition exacte, et mettez-y ordre pour l'avenir. Que les anciens Barbares qui auront épousé des femmes Romaines, et qui de quelque autre manière auront acquis des terres sujettes aux charges, soient contraints de les acquitter, et forcez-les de se soumettre aux indictions dans lesquelles leurs terres sont comprises. Que le juge Romain, dont on dit que les fréquentes tournées ruinent les pauvres n'aille qu'une fois par an dans chaque ville municipale et que chaque fois on ne le défraye que pour trois jours, ainsi qu'il est statué par les lois ; car nos ancêtres ont entendu que ces tournées fussent faites pour le soulagement, et non pour la ruine des provinciaux. On dit aussi que les domestiques du comte des Goths et les vidames ont extorqué quelques choses aux provinciaux par menaces. Examinez attentivement la chose, et ordonnez là-dessus ce que vous jugerez de plus équitable. Et quand vous vous serez pleinement mis au fait de tout ce qui intéresse l'utilité publique et les provinciaux, nous voulons que vous fassiez dresser un cadastre aussi exact qu'il vous sera possible, afin de prévenir les fraudes qui ont été faites par le passé… [5,15] {sans correspondance} [5,16] LETTRE XVI. AU PRÉFET DU PRÉTOIRE ABUNDANTIUS, THÉODORIC ROI. (Extrait). Traduction : Auguste François Louis Scipion de Grimoard-Beauvoir Du Roure, t. II. …Frappé de la pensée que l'Italie, où tant de bois de construction abonde que les autres pays lui en demandent, est néanmoins privée de tout moyen de navigation sur mer, j'ai résolu, Dieu aidant, de construire mille dromons ou vaisseaux légers pour subvenir soit à ses approvisionnements, soit à sa défense. Cette affaire est de si grande considération que j'ai cru devoir en confier le succès aux soins de votre magnificence. Cherchez donc, dans toute la Péninsule, des ouvriers convenables. Je mets les bois de mes domaines à votre disposition, et sur tous les points du littoral où vous trouverez des cyprès et des pins, traitez avec les possesseurs pour qu'ils vous les cèdent, en estimant seulement ceux qui en valent la peine. Procurez-vous aussi dès aujourd'hui, afin de presser l'ouvrage de toutes les manières à la fois, le nombre de matelots nécessaire, en achetant ou louant, de leurs maîtres, ceux qui seraient esclaves, et en promettant à chacun de ceux qui seraient libres cinq sous d'or, plus les vivres et l'entretien... Mais évitez de prendre des mariniers employés à la pêche fluviale, à celle du Pô particulièrement, ou même à la pêche maritime, d'abord parce qu'ils font un service très utile, ensuite parce que, habitués qu'ils sont à se tenir le long des côtes poissonneuses, ils sont peu aguerris contre l'inclémence des vents et des flots. [5,17] LETTRE XVII. AU PRÉFET DU PRÉTOIRE ABUNDANTIUS, THÉODORIC ROI. (Extrait). Traduction : Auguste François Louis Scipion de Grimoard-Beauvoir Du Roure, vol 2. Sur le point de terminer un travail entrepris, les soucis qu'il donnait s'effacent devant l'espoir de le voir bientôt dans sa perfection. Naguère encore je vous commandais de disposer des équipages pour mille dromons que vous auriez à faire construire, et voilà que, répondant à mes désirs comme au choix que j'avais fait de votre intervention, vous m'annoncez que l'œuvre touche à sa fin, ce qu'à peine on peut concevoir. Que dis-je, annoncer; vous me faites voir une forêt flottante, une ville aquatique habitée par des hommes qui, sans s'agiter, sans seulement laisser paraître leurs têtes, bien assis, manœuvrent ces demeures mobiles avec trois rangs de rames. Précieuse invention des Argonautes, nous dit-on, aussi bonne pour la guerre que pour le commerce !... Ainsi nous pourrons désormais, à notre tour, enrichir ou effrayer les étrangers. Vous avez accru le lustre et la sûreté de notre État, de façon à ce qu'il rivalise avec le Grec et brave, au besoin, l'Africain... Maintenant il te faut pourvoir à terminer l'armement; procure-toi donc tout ce qui est nécessaire, et surtout cette âme des carènes rapides, la toile qui vole en l'air, la toile dont on fait aux vaisseaux des ailes, soulagement pour les rameurs, et messagères du commerce. Alors nos dromons, au prix desquels tous les autres vaisseaux seront comme de lentes et paresseuses machines, feront ce que pourraient faire à peine les oiseaux les plus rapides… Et prenez soin qu'au premier des ides de juin, la flotte soit rassemblée à Ravenne…Que le Pô envoie à la mer nos navires italiens ; et que le sapin, qui s'élevait sur les rives nourricières du fleuve, apprenne à franchir les vagues marines…. [5,18] {sans correspondance} [5,19] {sans correspondance} [5,20] {sans correspondance} [5,21] {sans correspondance} [5,22] {sans correspondance} [5,23] LETTRE XXIII. AU PREFET DU PRETOIRE ABUNDANTIUS, LE ROI THEODORIC. Nous avons pensé envoyer notre saion Tata(nes), avec des archers, à l'illustre comte Julianus, parce qu'une armée plus importante possède plus de vigueur. Que nos jeunes montrent à la guerre ce qu’ils ont appris en valeur à l’entraînement. L'école militaire envoie ses troupes: celles qui doivent s'exercer en temps de paix combattront en s’amusant. Voilà pourquoi nous ordonnons à Ton Illustre Magnitude de leur fournir provisions et navires selon la coutume, afin qu’avec l'aide de Dieu ils puissent parvenir à destination. En effet, nous comptons sur l’efficacité de votre empressement pour exécuter nos instructions, puisqu’il semble qu’en aucun cas je ne manquerai, avec l’aide de Dieu, au commencement de tes dispositions. [5,24] {sans correspondance} [5,25] LETTRE XXV. AU SUBLIME BACAUDA, LE ROI THEODORIC. Notre Munificence renforce les années de lassitude, afin que les préjudices de la misère ne se fassent pas sentir lors du déclin de l’âge. Si vraiment la vigueur de la jeunesse est mue par l’assurance au travail: alors le seul remède à une vie âgée est de trouver la tranquillité. Et voilà pourquoi, ému par ta supplique, Nous avons décidé que te revienne, dans la ville de Milan, l’administration du tribunat indiqué, que tu mèneras jusqu’au bout avec la plus grande conscience, afin que, charge nouvelle dans l’Etat, tant que tu seras en vie, on ne puisse jamais t’assigner un successeur avec une insolence punissable. Ainsi, en produisant des spectacles liés à l’administration de cette fonction, tu pourras jouir continuellement de Notre Mansuétude, ayant par là, ce qui te consolera de ton âge, un endroit approprié et l’allégresse des spectacles. [5,26] LETTRE XXVI. THEODORIC ROI A TOUS LES GOTHS DU SAMNIUM ET DU PICENIUM Traduction : L. G. Du Buat, Histoire ancienne des peuples de l'Europe, Volume 10, 1772. Quoique notre libéralité, doive être agréable à toux ceux qui en éprouvent les effets, en quelque endroit qu'ils soient, nous croyons cependant que notre présence doit en augmenter le prix. L'honneur d'être vu et récompensé par son prince en personne, l'emporte dans le cœur d'un peuple généreux, sur la valeur de la récompense elle-même. Il y a peu de différence entre la mort et l'état d'un homme qui n'est pas connu de son maître ; et celui-là vit sans honneur qui, étant ignoré de son roi, ne peut se vanter d'être sous sa protection spéciale. C'est pourquoi nous ordonnons à vous tous, qui avez part à la distribution des largesses royales, pourvu que vous vous présentiez à temps, de vous trouver devant nous le huit des Ides de Juin. Mais nous vous enjoignons en même temps de vous abstenir, pendant votre marche, de toutes sortes d'excès, et de ne toucher ni aux prairies ni aux moissons des possesseurs. Sachez donc que nous ne vous verrons avec plaisir qu'autant que vous aurez observé la plus exacte discipline. Si nous faisons avec plaisir les dépenses qu'exige l'entretien de nos armées, ce n'est qu'afin que nos guerriers défendent et épargnent les citoyens paisibles. [5,27] LETTRE XXVII. AU SAJON GUDUIM, LE ROI THEODORIC. Traduction : L. G. Du Buat, Histoire ancienne des peuples de l'Europe, Volume 10, 1772. Le temps s'approchant où l'usage voulait que le roi fît à ses Goths la distribution solennelle des largesses ordinaires, Guduim devait en avertir sans délai les millénaires des deux provinces et faire partir pour la cour ceux à qui on avait assigné des dons annuels, afin qu'ils en reçussent le paiement mais que ceux qui se trouveraient avoir bien mérité du prince, recevraient aussi de plus grandes marques de sa libéralité. Que la distribution des présents devait se faire par le prince en personne, afin que la nécessité où seraient les Goths de paraître devant lui, fut pour eux un avertissement continuel de se rendre dignes de son approbation, puisqu'ils ne devaient pas douter qu'en se rendant à la cour ils n'y fussent accompagnés par les éloges ou par les plaintes que mériterait leur conduite ; que son intention était de profiter de cette occasion pour examiner les actions de chacun d'eux , afin que rien de ce qu'ils avaient fait dans les combats, ne fût perdu pour eux. En se bornant à ce qui était d'usage pour tous, il courait risque de décourager la vertu qui se trouverait confondue avec les talents et les services les plus médiocres. Que celui-là apprenne à trembler devant un juge sévère, qui n'apporte avec lui le souvenir d'aucune action courageuse. Il n'évitera point la censure que mérite sa lâcheté, et ce sera pour lui une raison de combattre l'ennemi avec plus de valeur, lorsqu'il saura que c'est le seul moyen qu'il ait d'éviter nos justes reproches. [5,28] {sans correspondance} [5,29] LETTRE XXIX. A L’ILLUSTRE NEUDES, LE ROI THEODORIC. Traduit de Hodgkin, Theodoric the Goth, the barbarian champion of civilization (1891). Nous avons éprouvé de la sympathie pour la longue pétition d’Ocer, mais encore plus à contempler ce vieux héros privé de la bénédiction de la vue, car les calamités dont nous sommes témoins nous impressionnent plus que celles dont nous n'entendons que parler. Ce pauvre homme, vivant dans l'obscurité perpétuelle, a dû emprunter la vue d'un autre pour venir en notre présence, afin de pouvoir ressentir la douceur de notre clémence, bien qu’il n’ait pu contempler notre visage. Il se plaint que Gudila et Oppas l'ont réduit à l’état d'esclave, condition inconnue de lui-même ou de son père, puisqu'il a servi un jour dans notre armée en homme libre. Nous sommes stupéfait qu'un tel homme puisse être entraîné dans la servitude sans avoir été libéré (en raison de son infirmité) par un propriétaire légitime. Il s'agit d'un nouveau type d’ostentation de demander les services d'un tel, dont la vue vous choque, et d’appeler un tel homme esclave, lorsqu’on doit plutôt faire preuve envers lui d’une divine compassion. Il ajoute en outre que toutes ses requêtes ont déjà été jugées irrecevables après un examen attentif du comte Pythias, homme bien connu pour la droiture de ses jugements. Mais maintenant, accablé par le poids de son malheur, il ne peut pas récupérer la liberté de son propre bras, le plus efficace défenseur, pour l'homme fort, de ses prétentions. Cependant, Nous, dont le pouvoir particulier est d'administrer la justice équitablement, que ce soit entre hommes de condition égale ou inégale, décrétons par le présent mandat, que si, dans l'arrêt dudit Pythias, Ocer a prouvé qu’il était né libre, on déboutera immédiatement ceux qui le harcèlent de leurs revendications ; ils ne devront point non plus oser se moquer des malheurs d'autrui: ces gens qui, une fois reconnus coupables, devraient être couverts de honte en raison de leurs desseins malfaisants. [5,30] {sans correspondance} [5,31] {sans correspondance} [5,32] {sans correspondance} [5,33] {sans correspondance} [5,34] {sans correspondance} [5,35] LETTRE XXXV. AUX COMTES LIVERA ET AMPELIUS, LE ROI THEODORIC. En raison de la situation incertaine de la période, la pénurie, d'apparence sévère, frappe les maisons romaines, et, bien que ce soit chose rare, un tel fait semble cependant inimaginable pour une ville si merveilleuse ; nous avons donc estimé juste de lui offrir l’abondante récolte de blé d’Hispanie ; afin que, sous notre souveraineté, Rome reste heureuse grâce à une redevance ancienne. L'activité de notre spectabilis Marcianus, digne de louange, a suivi notre instruction. Mais elle a été respectée avec peu d’empressement, alors qu’on le sait, elle était précisée de manière très explicite. En effet, on dit que ceux qui furent chargés de la remplir, n'aimant pas les délais indiqués, ont envoyé et vendu le blé en Afrique pour leur propre compte avec grand profit. Bien que cette réalité ne doive absolument pas rester impunie, (afin que l’amour des avantages personnels de tant de gens soit laissé dans l'incertitude par de vaines promesses), cependant, au fond de nous, est inséré le désir d'accorder la rémission des fautes que nous pouvons corriger par une disposition prudente, ce que nous croyons faire en vous envoyant Catellus et Servandus, hommes diligents ; car on dit que les patrons des navires ont reçu des sommes de 280 solidi pour le blé et de 758 solidi pour le prix du transport ; si ce fait est avéré parmi vous, faites le total et qu’ils paient le montant de 1.038 solidi, afin que pour ceux dont nous allégeons la peine, nous en sentions moins les dommages. Votre Sublimité s’impliquera dans cette entreprise avec toute la diligence requise afin qu’on voie satisfaire non seulement la justice, mais encore l’utilité publique. [5,36] {sans correspondance} [5,37] LETTRE XXXVII. AUX JUIFS DE MILAN, LE ROI THEODORIC. Traduction partielle : Auguste François L.S. de Grimoard Beauvoir, Histoire de Théodoric le grand. Nous accordons volontiers ce qui nous est demandé selon l'équité, d'autant plus même que ceux qui nous implorent sont, à notre avis, dans de fausses croyances, persuadé que rien n'est plus propre à consolider le bon ordre que l'égalité dans la justice. Que ceux-là donc qui éprouvent les bienfaits des jugements humains s'occupent avec plus de sollicitude des jugements de Dieu! Sur les plaintes que vous nous adressez relativement aux vexations dont vous êtes les objets en affirmant que les droits de votre synagogue ont été brisés, recevez la protection requise de Notre Mansuétude. Qu'aucun ecclésiastique n'empiète sur ce qui vous appartient légalement ou n’intervienne durement et cruellement dans vos affaires ; de votre côté, gardez-vous de porter atteinte aux droits de l'Eglise, et vivez en paix les uns les autres, tout séparés de culte et de relations que vous êtes. Nous vous accordons l’avantage de l’assistance royale à condition, cependant, que vous ne cherchiez jamais à vous approprier injustement ce qui est considéré comme appartenant de droit à la dite Eglise ou, bien évidemment, à des personnes religieuses. Que la prescription trentenaire, cette patronne du genre humain, vous profite comme aux autres, et nous ordonnons que vous ne soyez pas l’objet de coûts d’intérêts déraisonnables. Ainsi renforcés par la protection de notre piété, votre requête satisfaite, vous devrez vous féliciter de cette délivrance de mauvais traitements illicites. Nous ne faisons que suivre nos habitudes clémentes, en vous accordant ce que vous demandez. Cependant, ô juifs! à quoi vous servira le repos temporel, si vous ne vous mettez en quête de l’éternel repos? [5,38] {sans correspondance} [5,39] LETTRE XXXIX. LE ROI THEODORIC A AMPELIUS ET A LIVERA. Traductions françaises (partielles) : Henri Leclercq, L’Espagne chrétienne, 1906 ; Irmino (Sangermanensis), Polyptyque ou dénombrement des manses, serfs et des revenues..., t. I, 1844. Ampelius et Livera sont envoyés en Espagne pour réprimer les homicides, les fraudes fiscales qui grèvent les patrimoines des propriétaires et toutes les autres malversations. 1. Il convient que les terres qui, par la volonté de Dieu, nous sont soumises soient réglées par des lois sages et de bonnes mœurs parce que l'homme ne peut vivre une vie digne de lui que si elle est gouvernée par le devoir. Les bêtes vivent à l'aventure, font un détour pour attraper quelque chose, et meurent de leur témérité improvisée. Mais le laboureur avisé débarrasse son champ des buissons épineux et la vraie louange qui lui convienne est celle de ne faire produire à sa culture que de bons fruits. De même le repos délicieux d'un peuple, la paix des provinces est l'éloge des souverains. 2. Nous sommes instruits des intérêts opposés de beaucoup d'Espagnols. Le plus grave de tous les crimes s'y commet, qui est de ravir la vie du prochain sur un simple soupçon, et beaucoup périssent pour des causes futiles. C'est ainsi qu'une paix mal établie procure des maux aussi grands et aussi nombreux que les violences de la guerre en pourraient à peine attirer. En outre, les fortunes des provinciaux sont soumises à l'impôt, non pas en consultant les rôles publics, comme de coutume, mais selon l’arbitraire des collecteurs. C’est évidemment un moyen de pillage : devoir donner selon la volonté de celui qui n'hésite pas à demander de plus en plus pour son profit. 3. Nous, désireux de d'y faire face par notre providence royale, pensons que Votre Sublimité doit être investie de pouvoir sur toute l'Espagne, afin que les anciennes pratiques ne puissent prévaloir sur vos nouvelles instructions. Mais, comme c'est la coutume des médecins, nous attribuons les remèdes urgents aux maladies graves et ainsi débutent nos soins qui, nous le savons, présentent le plus grand danger. 4. Nous ordonnons que les meurtres soient poursuivis sans pitié par la loi, et plus forte sera la peine, plus on fera une enquête approfondie sur le délit, car il ne semble pas que les innocents soient persécutés par amour de la vengeance. Ainsi donc seuls les malfaisants périssent pour la réprimande d’un grand nombre, car une sorte de pitié consiste à réprimer le crime à l’enfance, afin qu’il ne se renforce pas à l’adolescence. 5. On dit que les collecteurs de taxes (foncières), en trafiquant les poids d’une certaine façon, accablent les patrimoines des propriétaires, de sorte que cela ne ressemble plus à une perception car c’est un pillage. Afin d'éliminer toute possibilité de fraude, nous ordonnons que la livre de notre chambellan, qui vous est donnée maintenant soit aussi donnée à tous les titulaires de charges publiques. Quoi en effet de plus désagréable qu’on ait donné lieu à suspecter que nous péchons, dans la qualité même de la balance? Que l’on sache que ce qui a été considéré comme le plus approprié à la justice est corrompu par la fraude? 6. Quant aux gérants du domaine royal, où qu’ils résident, une fois la vérité éclairée, nous leur ordonnons de ne payer que ce qui leur est imposé sur nos sites. Et pour que la tâche ne semble ingrate à personne, nous voulons que Votre Equité établisse pour eux un impôt foncier, selon la qualité de la chose louée, car si le calcul du versement était fait selon la volonté des locataires, ils considéreraient ces domaines comme les leurs. 7. Ainsi, la redevance des commerçants d’outre-mer retient le plus notre attention, où l’on nous fait savoir qu'il s'agit là d'une fraude non négligeable pour l'intérêt public et que vous établissiez un certain montant en fonction de la qualité de leurs richesses, parce que c'est un remède utile contre la fraude de savoir ce qu'ils importent. 8. Nous savons aussi que les monétaires, spécialement établis pour le service public, sont passés au service des intérêts privés. Qu’on supprime cet abus et qu’ils retournent aux fonctions publiques selon la qualité de leur énergie et qu’on les soumette à l’acquittement des impôts publics selon la mesure de leur fortune. 9. En outre, assurez-vous que la redevance des percepteurs ne soit pas confondue avec quelque usurpation, mais un moyen très utile pour des choses, et en l’imposant à celui qu'ils doivent payer, résiliez le permis d'exploitation pour une juste cause afin que l'ambition énorme de ceux qui l’exigent ne soit pas sans limites. 10. Ainsi, dans le cas de Laetus, dont la conscience vise l'équité « que ni la fraude ne soit cachée par des machinations habiles ni l'innocence gênée par de fausses accusations. » 11. Tous ceux que vous pouvez trouver qui sont habitués aux manœuvres furtives, devront rétrocéder l'argent selon votre gré, tous les montants dont ils se sont saisis. Et si l'on découvre que tout cela est réparti entre plusieurs, on considérera comme coupables ceux qui, conscients de l'affaire, s’y sont impliqués ; parce qu'ils étaient complices du délit en ne dénonçant pas les actes des voleurs. 12. Le cours ininterrompu inscrit des prébendes, généreusement attribuées par Notre Humanité à nombre de gens, est devenu intolérable pour les provinciaux et est cause de dommages, car, sans vergogne, on les réclame en espèces et on les demande en plus en argent. Ces choses-là sont la preuve d'une cupidité détestable: tout d'abord, requérir la concurrence pour soi ; puis la transformer en impudeur pour exiger. Parce qu'il paraît trop pervers et trop absurde qu’ils oublient nos constitutions et ils semblent arracher les richesses des tributaires, qui doivent être protégés. Ainsi donc contentez-vous de la manière antérieurement remarquable, déjà exprimée ici : ayez une volonté libre pour demander seulement l'une de deux choses, puisqu'ils ne doivent pas grever les fortunes étrangères avec une double perception. 13. On dit aussi que les exigences des agents du fisc sont plus grandes que les quantités versées à notre chambre (cubiculaire) du Trésor. Après avoir examiné cela attentivement, vous décréterez que le mode de prélèvement des taxes publiques est le même que celui des époques d'Alaric et d’Euric. 14. Nous apprenons, par la plainte des provinciales que ceux à qui des veredi sont accordés exigent des paraveredi pour leur voyage : ce que vous ne devez souffrir d'aucune manière, attendu que le propriétaire est ruiné par les gains illicites les plus honteux, et que la célérité des transports devient impossible. 15. Nous voulons supprimer la classe des Vilici, soi-disant créée pour une protection préjudiciable (des provinciaux), tant des biens privés que des fonds publics ; parce que ce n’est pas une protection qui est fournie à ceux qui n’en veulent pas et je soupçonne qu’ils la supportent contre leur gré, car, en vérité seul un bienfait n’encoure pas la médisance. Ainsi donc nous ordonnons que soient supprimés, les services qui se proposaient de manière superflue aux Goths situés en ville. Il n'est pas décent pour des hommes libres de demander la servitude alors que nous les envoyons lutter pour la liberté. Il ordonne de relever immédiatement de leurs charges, tous ces vilicos, tant des fonds publics que des biens privés, qui sous le prétexte d’une protection, qualifiée de préjudiciable par le texte, consentaient à se livre à la servitude au bénéfice des garnisons goths établies dans les villes, servitudes dont il ordonna aussi la suppression. [5,40] LETTRE XL. LE ROI THÉODORIC A CYPRIEN, COMTE DES LARGESSES SACRÉES (Septembre 524). Traduction partielle : Charles Jules Revillout, De l'Arianisme des peuples germaniques qui ont envahi l'Empire romain, 1850. 1. Je me réjouis d’avoir souvent à accorder des avantages au-delà des désirs des pétitionnaires, car parfois, — exploit plus difficile — je dépasse les prières de l'ambition humaine, mais les actes que j’embrasse les plus volontiers sont ceux où je me fais gloire d’agir par bonne cause. Longtemps, en effet, doit-on évaluer, celui à qui les contrôles sont confiés, et celui qui mérite l'amour du prince doit avoir un caractère tel que la loi elle-même le décrète. Les pierres précieuses sont très prisées à la lueur de l'or, et prennent la grâce de la beauté, quand elles ne sont souillées par aucun contact vil. 2. Ainsi, de bons mérites alliés à de grands honneurs, sont accompagnés d’une gloire mutuelle, et l'apparition d'un objet unique gagne en beauté l’amour qui lui est attaché. Maintenant, dans votre cas, je n'ai pas eu confiance dans la louange habituelle, bavardage sur la gloire — vous avez souvent satisfait mon examen. Car vous établissez les querelles confuses des suppliants dans des rapports très clairs et analytiques; ceux qui n’ont pu exprimer leurs propres griefs ont gagné leurs procès quand appuyés par votre plaidoirie, et, de peur que toute partialité illicite fut suspectée, vous avez déclaré les requêtes des pétitionnaires en leur propre présence. 3. Les demandes des parties au différend se sont réunies sur vos lèvres, et vous avez satisfait l'une des parties, recevant un éloge impartial — la plus dure sorte de faveur, et un accomplissement qui a jeté dans l'ombre les orateurs eux-mêmes. Car leur tâche consiste à faire état des souhaits de l'une des parties, après mûre réflexion; vous avez toujours su déclarer l’un ou l’autre côté d'une affaire subitement déclarée. Il y a aussi le très honorable fardeau de la présence royale, en vertu de laquelle vous avez si bien servi que ce que les hommes ne peuvent guère obtenir de leurs juges par une rhétorique élaborée, vous le procurez pour le roi par des déclarations simples. 4. Il n’est pas étonnant que le verdict de notre sérénité a été donné pour le bien public, car il ne supportait aucun retard dans l'audition de l'affaire. Car un procès instauré par vous est vite compris. Et pourquoi la fin de l'affaire devrait-elle être retardée lorsque vous concluez votre rapport avec concision et clarté? J'espère que vous avez appris à juger en étant à mon service : ainsi, dans le genre le plus efficace de la formation, vous avez été formé à l'action, plutôt qu’à la lecture. 5. Formés, par conséquent, à de telles pratiques, vous avez pris la charge d'une ambassade en Orient (Constantinople), et avez été envoyé à des hommes vraiment de la plus haute expérience. En leur compagnie, cependant, vous n’avez été troublé par aucune nervosité, puisque, après ma présence, rien ne pouvait vous étonner. Puisque vous êtes formé aux trois langues, la Grèce n’a rien trouvé de nouveau à vous montrer ; elle ne vous a pas surpassé non plus par la subtilité dans laquelle elle excelle. 6. A vos mérites s’est ajoutée une loyauté plus précieuse que tout éloge, que Dieu aime et que les mortels apprécient. Car, parmi les tempêtes soufflant en rafales sur le monde, comment la fragilité humaine sera-t-elle à même de se contrôler, si un esprit inébranlable ne prête pas assistance à nos actions? Cela préserve l'amitié entre partenaires ; cela sert aux dirigeants d’une intégrité simple; à la majesté du ciel cela paie le respect d’une pieuse confiance, et, devrait-on rechercher plus largement pour la bénédiction tout ce qui appartient à une telle vertu, tout ce qui vit correctement est immuable en loyauté. 6. Cette vertu au dessus de tout éloge que la divinité chérit et que les mortels vénèrent au milieu des orages et des agitations de ce monde; c’est la foi qui conserve l’amitié entre les alliés qui fait que l’esclave sert son maître avec une intègre probité ; c’est la foi qui consacre à la Majesté suprême le respect d’une pieuse croyance et si vous cherchez à connaître plus au long l’avantage d’une semblable vertu une vie honnête ne se rencontre qu’avec une foi immuable. 7. Recevez donc, avec la grâce de Dieu, l'honneur des Largesses Sacrées, pour la troisième indiction (524-5). Conduisez-vous comme il sied à votre naissance. Jusqu'ici, vous avez mérité mon don de grands honneurs; maintenant agissez afin que je puisse de même vous attribuer des faveurs encore plus élevées. [5,41] LETTRE XLI. LE ROI THÉODORIC AU SÉNAT DE LA VILLE DE ROME. 1. Bien que la générosité princière ait souvent amené à faire naître vos candidats, et que ma bonté fut aussi fertile que la nature pour vous, vous possédez maintenant assurément un homme qu’il me plaît de choisir et de recevoir. Comme la promotion que je lui ai donnée a été heureuse, ainsi son union avec votre assemblée par la loi des honneurs sera glorieuse. En cela, cependant, le Sénat est le plus chanceux: car même une recrue novice peut me servir, alors qu’il ne reçoit qu’un homme déjà jugé digne de l'honneur. 2. C’est à juste titre, alors, que votre ordre est jugé exceptionnel, composé, comme toujours, d’hommes éprouvés. Car ses portails ne sont pas ouverts au vulgaire: les hommes ne peuvent y entrer que si on en a vu sortir de pareils. Recevez, donc, un collègue que mon palais a longtemps utilisé et éprouvé. Il a servi les déclarations royales avec une telle confiance que nombre de fois il a soutenu mes ordres tandis que je le surveillais et en faisais l'éloge. 3. Vous savez certainement ce dont je veux parler. Car lequel d’entre vous deux a échappé au service de Cyprien? En effet, l'homme qui recherche son aide reçoit bientôt mes faveurs. Bien souvent il a obtenu, durant nos chevauchées, ce qui s’effectuait habituellement au consistoire des anciens. Car, lorsque je voulais soulager un esprit épuisé des soucis de l'état, je me tournais vers une cavalcade, afin que la force et l'énergie du corps soient revigorées par le changement même d'activité. Alors, ce plaisant référendaire me présentait de nombreuses affaires, et sa déclaration était la bienvenue à l'esprit fatigué du juge. Ainsi, alors que cet artiste aimable présentait ses causes, un esprit enflammé par la cupidité de la bienfaisance se régénérait. 4. Le candidat, donc, tenu à son allégeance, servait ainsi tant mon esprit qu’aucun ressentiment ne le troublait. J'ai souvent été en colère contre des causes injustes, mais la langue du référendaire ne pouvait pas faire injure; parfois j'ai condamné l'entreprise, charmé par son avocat ; et, fort de la faveur qu'il possédait, il résista à plusieurs reprises au début de ma colère. 5. Il est glorieux, d'ailleurs, de ne pas être d’une famille parvenue. Car, comme vous vous en souvenez, son père était Opilion, un homme choisi pour le service palatin, même pour un règne dégradé (Odoacre). Il aurait pu croître bien plus si sa loyauté n'avait pas mis en friche dans la saison stérile d'un parcimonieux donneur de récompenses. Car que pouvait attribuer un pauvre bienfaiteur? Mais, s'il ne s’est pas l'enrichi, il s’est distingué, puisque, lorsque l'Etat est pauvre, gagner, même les moindres distinctions signifie une foule de grands éloges. 6. Cet homme a dépassé ses ancêtres par la bonne fortune de l'époque où il vit; et le fait que son élévation soit plus importante doit être crédité à notre règne. En effet, c’est la différence avec laquelle les dirigeants estiment la promotion de leurs sujets. Par conséquent, Pères conscrits, j'ai élevé Cyprien à la dignité des Largesses Sacrées, brillant de ses propres mérites et de la splendeur de sa famille. Ainsi, votre nombre peut s’accroître, tandis que le dévouement de mes serviteurs est stimulé. Considérez, révérends pères, mon sentiment pour votre ordre, quand je recommande avec beaucoup d’intercessions ceux que j'ai décidé d'ajouter à votre nombre. [5,42] {sans correspondance} [5,43] LETTRE XLIII. A THRASAMUND, ROI DES VANDALES, THÉODORIC ROI. Traduction : Auguste François Louis Scipion de Grimoard-Beauvoir Du Roure, Histoire de Théodoric le Grand, roi d'Italie..., t. II, 1846. Recherché pour notre alliance par les rois étrangers, nous avons donné à l'un notre nièce, aux autres nos filles ; mais nul, plus que vous, ne nous est redevable pour le don que nous vous avons fait de notre sœur, dont le mérite est égal au vôtre, qui justifie l'origine qu'elle tient des Amales, et peut servir à l'éclat d'un règne par le conseil autant que par le rang. Cependant nous voyons avec douleur que vous ayez pris sous votre protection Gésalic que nous avions épargné et qui persiste à se faire notre ennemi. Dieu aidant, il ne saurait nous nuire; mais vous nous découvrez par là de fâcheuses pensées. Vous l'avez reçu, enrichi, muni de tout ce dont il avait besoin contre nous. Qu'attendre des étrangers si nos parents nous traitent ainsi? Où est cette prudence nourrie de tant de lectures qui vous rendait la règle des mœurs d'autrui? Certes vous eussiez agi autrement si vous aviez consulté notre sœur, votre femme, qui n’aurait jamais permis que son frère fut outragé, ni que la bonne réputation de son époux fut ternie par de sombres intrigues. C’est pourquoi nous vous envoyons tel et tel (illum et illum) pour vous engager à cesser ce scandale... Vous ne vous y refuserez pas sans doute... Il n'y a rien de si pénible que de voir la paix rompue par des hommes placés pour la maintenir. ... [5,44] LETTRE XLIV. LE ROI THEODORIC A THRASAMUND, ROI DES VANDALES. Traduction française : L. G. Du Buat, Hist. Ancienne des peuples de l’Europe, t. IX. Vous avez bien prouvé que la sagesse a de grandes ressources pour réparer les fautes qu'elle n'a pu prévenir : la promptitude de votre changement, cette modération si contraire à l'entêtement des hommes farouches, m'attachent à vous plus que jamais. Quel pouvoir n'a pas une justification donnée par un roi ? Nous n'étions point en droit de vous arracher votre secret, et vous nous avez ouvert votre cœur. Puissions-nous répondre dignement à un procédé si noble, en acceptant vos excuses avec toute la franchise dont nous sommes capables. Mais pour ce qui est de l'or, que vous nous avez envoyé, nous ne pouvons le garder : la justice a dicté nos plaintes : ce n'a point été par l'argent qu'elles ont pu être apaisées. Nous avons tenu tous les deux une conduite vraiment royale. Je me suis mis au-dessus de cette avarice insatiable qui caractérise les tyrans, et vous avez triomphé de l'erreur. Que cet or retourne dans votre épargne : l'offre qui nous en a été faite, est tout ce qui a pu nous être agréable : on doit mépriser ce métal quand on a choisi pour sa récompense le témoignage d'une bonne conscience : qu'au moins une fois, on ait refusé ce qui eut toujours un si grand empire sur les rois : que toutes les nations apprennent qu'un parent chéri n'a pas nié sa faute , et qu'un roi offensé a refusé un présent ; que ce qui a été le sujet de tant de guerres a pu être méprisé par l'effet d'une tendre amitié ; qu'un roi a renoncé à tout désir de vengeance, parce qu'on n'a pas nié de l'avoir offensé. Notre cœur a reçu vos présents, trouvez bon que nos mains n'y touchent point : laissez-nous goûter le plaisir de vous les avoir rendus : soyez seulement en garde pour l'avenir contre une pareille surprise : et que ce qui vient de vous arriver, vous serve de leçon pour l'avenir. Vos ambassadeurs, qui vous remettront cette réponse, sont chargés de vous dire de notre part, tout ce que l'amitié la plus parfaite peut dicter. Veuille le ciel accorder une vie longue et heureuse à un prince que nous savons nous être attaché par la plus solide amitié.