[0] A DÉMÉTRIEN. [1] I. Jusqu’ici, Démétrien, je m’étais contenté de mépriser les impiétés que vous vomissez avec tant de chaleur contre le seul et vrai Dieu qu’adorent les chrétiens. Je croyais qu’il valait mieux laisser tomber les propos insensés d’un ignorant, que de les provoquer en y répondant. C’est ce que me dictaient les maximes sacrées de nos livres divins: "Ne parlez point, nous disent-elles, à un insensé, de crainte qu’il ne se moque de ce que vous lui direz... Ne répondez point à l’insensé selon sa folie, de peur de lui ressembler à lui-même". Il nous est ordonné de renfermer dans notre cœur les vérités saintes et de ne pas les exposer à être foulées sous les pieds des animaux immondes. "Ne donnez point, nous dit le Seigneur, les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et qu’ils ne se jettent sur vous et ne vous déchirent". Dans les fréquentes visites dont vous m’honoriez, entrevoyant que leur secret motif était le désir de disputer et d’outrager notre croyance par vos blasphèmes plutôt que la curiosité de vous instruire et d’écouter nos raisons, j’ai regardé comme très inutile d’entrer en conférence avec vous. C’est perdre son temps que de présenter un flambeau à un aveugle, de donner de bonnes raisons à un sourd, des avis sages à qui ne peut les sentir. [2] II. Telles sont les réflexions qui m’avaient engagé à garder le silence, dans l’espoir de triompher de vos emportements par la patience; puisque ni mes leçons ne pourraient rien gagner sur votre indocilité, ni le langage de la religion sur votre déchaînement, ni la modération sur la fougue de votre caractère. Mais aujourd’hui que vous faites retentir ce cri: que c’est par tout l’Empire une plainte générale contre les chrétiens, qu’on accuse de la fréquence des guerres qui s’élèvent, des fléaux de la famine, de la mortalité, des inondations qui se succèdent sans relâche le silence n’est plus de saison; on le regarderait, non comme résignation de notre part, mais comme l’aveu de notre impuissance à nous défendre. Je vous répondrai donc, à vous, Démétrien, et à ceux que vous pourriez avoir entraînés dans vo iniques préventions contre nous. Tel qui se prête à de mauvaises impressions, sur la foi du mensonge qui le trompe, se rendra à la vérité quand elle se sera montrée à ses regards. [3] III. Vous dites donc que c’est à nous qu’il faut imputer les calamités diverses qui accablent aujourd’hui la société tout entière; et cela, parce que nous n’adorons pas vos dieux. Comme vous êtes peu au fait des secrets de la divine Providence, il faut vous apprendre, en premier lieu, que le monde est sur son déclin, qu’il est bien loin d’avoir la même force et la même vigueur qu’il avait autrefois. Nous n’avons pas besoin, pour le prouver, du témoignage de nos saintes Écritures. Il nous suffit de prêter l’oreille à la voix du monde lui-même, qui accuse sa décrépitude, et, par un dépérissement successif, nous annonce sa prochaine destruction. L’hiver ne nous donne plus ses pluies abondantes qui fécondent les semences; l’été n’a plus les vives ardeurs qui mûrissent les fruits; le printemps a perdu sa douce température, et l’automne ses bénignes influences; partout la nature épuisée devient avare de ses dons. Tout dégénère, la milice dans les camps, l’intégrité dans le barreau, la bonne foi dans l’amitié, l’habileté dans les arts, la gravité dans les mœurs. Croyez-vous que l’on puisse être, sur le retour de l’âge et sous les glaces de la vieillesse, ce que l’on fut dans la première sève de la jeunesse? Voyez le soleil à son couchant, ses feux amortis ne lancent plus que de pâles rayons. La lune au déclin de sa course cesse de briller à l’horizon. L’arbre jusque-là riche de son feuillage et de ses fruits, atteint par la vieillesse, perd sa fécondité avec la belle parure de ses rameaux. La source de qui l’onde auparavant jaillissait avec abondance, finit par n’amener qu’un simple filet d’eau. Tel est l’arrêt porté sur le monde; telle est la loi établie par le souverain Créateur: que tout ce qui a commencé prenne fin; que, dans toutes choses, le point de la perfection en soit le terme, et qu’une dégradation insensible en amène nécessairement la destruction. [4] IV. Quand donc vous reprochez aux chrétiens que tout empire à mesure que le monde vieillit, c’est comme si les vieillards s’avisaient de nous reprocher les incommodités de l’âge, l’altération de leurs organes, l’affaiblissement de leurs forces et le dépérissement de leur corps. Autrefois la vie se prolongeait par delà plusieurs siècles; maintenant à peine en peut-elle atteindre un seul. Combien aujourd’hui de vieillesses précoces, et qui commencent dès le berceau! Le premier pas que l’on fit en entrant dans la vie mène à ce dénouement, et tout ce qui prend aujourd’hui naissance présente les caractères de cet affaiblissement général. Faut-il s’étonner que tout dégénère dans le monde, puisque le monde tout entier lui-même marche à la décrépitude? [5] V. Vous vous plaignez de ces fréquentes guerres, de ces stérilités et de ces famines qui nous dévorent, de tant de fléaux meurtriers, dont les ravages, autrefois inconnus, consument aujourd’hui l’espèce humaine; mais tout cela avait été prédit pour les temps où nous sommes. Nous devions nous attendre à voir les maux se multiplier, se produire dans les formes les plus diverses, et manifester l’approche du dernier jugement, par la successive accumulation des maux que la colère de Dieu épanche sur la terre. La cause de ces désolations, ce n’est point, comme vous affectez de le répandre, sans autre fondement que l’ignorance où vous êtes de la vérité, ce n’est point parce que nous n’adorons pas vos dieux, c’est parce que vous, vous n’adorez pas le vrai Dieu. Arbitre et dominateur suprême de tout l’univers, c’est lui qui dispose à son gré de tous les événements; rien n’arrive dans le monde que par son ordre ou par sa permission. Lors donc qu’il arrive de ces événements, auxquels il est impossible de méconnaître la colère du Ciel qui se venge, qui faut-il en accuser, ou les chrétiens, par qui il est honoré, ou vous seuls, dont les crimes ont provoqué son courroux? vous, qui ne songez pas même à le chercher, ni à le craindre; vous, qu’une vaine et mensongère superstition éloigne de lui, et empêche que l’unique Dieu de tous soit l’objet du culte et des vœux de tous? [6] VI. Ecoutez ces oracles : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul. — Vous n’aurez point d’autre Dieu que moi. — N’allez point après des dieux étrangers pour les adorer et les servir, et ne m’obligez point par vos crimes à vous perdre. Voici dans quels termes un de ses prophètes, rempli de son divin Esprit, vous dénonce sa colère et ses vengeances : Voici ce que dit le Seigneur Dieu tout- puissant : Parce que ma maison est déserte, et que chacun de vous se hâte d’aller en sa maison, le ciel ne versera plus ses pluies, et la terre ne produira plus ses fruits; et je ravagerai la terre, le blé, le vin, l’huile, les hommes et les bêtes, et tous leurs travaux. Un autre fait éclater de semblables menaces : Je ferai pleuvoir sur une ville, et ne ferai point pleuvoir sur une autre. La pluie tombera d’un côté, et le côté où elle ne tombera pas séchera. Deux ou trois villes viendront dans une même ville pour boire, et ne pourront se désaltérer; et après cela vous ne vous convertirez point au Seigneur. [7] VII. Vous l’entendez le Seigneur irrité menace; il se venge, il vous châtie, parce que vous ne vous convertissez pas à lui. Et cependant, opiniâtre dans votre indocilité, vous vous étonnez, vous murmurez de ce que les rosées du ciel ne viennent plus étancher la soif de la terre, de ce qu’un sol aride et poudreux produit à peine quelques germes bientôt avortés, que vos vignes soient mutilées par la grêle, vos oliviers emportés par des ouragans impétueux; vous vous plaignez que vos fontaines tarissent, que l’air soit infecté par des miasmes pestilentiels, que des maladies contagieuses assiègent l’espèce humaine, quand vos péchés vous montrent la source toujours renaissante de ces calamités, quand votre endurcissement ne fait qu’irriter de plus en plus le courroux céleste! Dieu en agit ainsi pour corriger les méchants ou pour les punir. Son Écriture le déclare en termes formels : C’est en vain, dit le Seigneur par la voix d’un de ses prophètes, que j’ai frappé vos enfants, ils ne se sont pas corrigés et le prophète répond : Vous les avez frappés, et ils ne l’ont pas senti; vous les avez affligés, et ils n’ont pas voulu rentrer dans leur devoir. Dieu châtie, et on ne le craint point! les fléaux de sa colère se succèdent sans interruption, et les cœurs restent insensibles! Que serait-ce s’il gardait le silence? Jusqu’où les hommes ne porteraient-ils pas leur sacrilège audace, s’ils n’avaient rien à redouter de sa justice? [8] VIII. Vous vous plaignez que les éléments ne soient pas à l’ordre de vos besoins ou de vos plaisirs; mais je vous demande : Servez-vous Dieu, vous qui voulez que toutes choses vous servent? lui obéissez-vous, vous qui faites de toute la nature la tributaire de vos caprices? Vous exigez de votre esclave qu’il vous soit tout dévoué. Homme d’un jour! cet esclave est-il moins homme que vous? Entré dans le monde aux mêmes conditions, votre égal par sa naissance et par sa mort, pourvu des mêmes organes, doué tout aussi bien que vous d’une âme raisonnable, appelé aux mêmes espérances, soumis aux mêmes lois, tant pour la vie présente que pour le temps à venir; vous le contraignez bien à vous obéir, à vous être assujetti; et s’il lui arrive d’oublier un moment le droit que vous avez de lui commander, s’il néglige d’exécuter vos ordres avec une rigoureuse précision, malheur à lui! Maître impérieux, exécuteur impitoyable des droits de votre domination, vous n’épargnez ni les coups, ni les fouets, ni les privations; vous le châtiez par les supplices de la faim et de la soif; vous le dépouillez; souvent vous le chargez de chaînes et l’enfermez dans les cachots. Misérable! tandis que vous savez si bien faire valoir votre qualité de maître sur un homme, vous ne voulez pas reconnaître le maître et le Seigneur de tous les hommes! [9] IX. Plaignez-vous encore des plaies dont la colère du Ciel frappe vos incurables iniquités! Mais attendez-vous à plus encore : à des cachots d’où l’on ne sort plus, à des feux vengeurs qui ne s’éteindront jamais, à des châtiments qui ne finiront pas. Représailles légitimes! on n’a point voulu prêter l’oreille à ses menaces; il sera sourd aux gémissements qui imploreront trop tard sa miséricorde. Enfants d’Israël, avait-il dit par la voix d’un prophète, écoutez ce que dit le Seigneur. Voici qu’il va juger les habitants de la terre, parce qu’il n’y a plus sur la terre ni miséricorde, ni justice, ni connaissance de Dieu, mais abomination, mensonge, meurtres, brigandages, adultères, incestes. C’est pourquoi la terre sera désolée avec tous ses habitants, avec les bêtes de la campagne, avec les serpents de la terre, les oiseaux du ciel; et les poissons mêmes de la mer seront enveloppés dans leur ruine. Dieu fait éclater son indignation; il sévit contre les coupables qui refusent de le reconnaître; et ils s’opiniâtrent dans leur aveuglement! il accuse, il punit leurs impostures, leurs débauches, leurs artifices, leurs emportements, leurs impiétés; et personne ne se convertit! Ces terribles prédictions s’accomplissent sous nos yeux; et ils restent fermés à la lumière! Enchaînés dans un cercle d’adversités qui nous laissent à peine le temps de respirer, nous n’en avons pas moins le loisir d’être méchants; et au milieu des dangers qui nous pressent, nous sommes plus occupés de condamner les autres que de nous condamner nous-mêmes! Vous avez de l’humeur de ce que Dieu s’irrite, comme si, en vivant mal, vous méritiez que Dieu vous fît du bien; comme si tout ce qui vous arrive n’était pas encore moindre que ce que vous méritez! [10] X. O vous qui vous faites le Juge des autres! sondez les secrets replis de votre conscience; ou plutôt, parce que vous avez cessé de craindre ou de rougir d’offenser Dieu, et que vous semblez vous faire de vos péchés mêmes des titres à la considération, regardez-vous vous-même des mêmes yeux avec lesquels les autres vous voient à nu et tel que vous êtes. Vous êtes dominé par l’orgueil ou par l’avarice; la colère vous emporte à des excès qui vont jusqu’à la cruauté; vous vous livrez aux prodigalités du jeu, à de crapuleuses débauches, à une jalousie basse qui vous dévore, à des faiblesses honteuses qui vous dégradent, des violences qui vous jettent dans la barbarie; et vous vous étonnez que la colère de Dieu redouble les châtiments dont elle punit le genre humain quand chaque jour voit redoubler les motifs de sa colère! Vous vous plaignez des invasions de l’ennemi, quand, à défaut de l’ennemi, la paix elle-même nous est funeste! Vous vous en prenez à l’ennemi du dehors et quand les Barbares ne viendraient pas des extrémités du monde menacer notre liberté, les calomnies, les injustices, les abus de la puissance, ne nous font-ils pas au dedans une guerre et plus dangereuse et plus implacable? Vous accusez la stérilité et la famine; comme s’il fallait s’en prendre à la stérilité elle-même, plutôt qu’aux crimes des hommes! vous qui, spéculant sur la misère publique, l’aggravez impitoyablement par vos calculs usuraires! Vous vous plaignez que le ciel nous refuse des pluies fécondes: mais les greniers s’ouvrent-ils aux besoins de l’indigence? que la terre produise moins de fruits : mais ceux qu’elle vous donne, les partagez-vous avec ceux qui n’en ont pas? que les mortalités nous assiègent: mais quels sont les secours accordés aux malades? Les morts eux-mêmes ne font qu’exciter l’avarice, qui en dévore la dépouille. Si lâches à remplir les devoirs les plus sacrés; si empressés à courir après des gains sacrilèges; toujours bien loin du lit des mourants; toujours ardents à disputer la succession des morts, il semble qu’on ne les avait abandonnés durant leur maladie, que de peur qu’ils n’en réchappassent: car s’emparer ainsi de la fortune du mort, n’est-ce pas témoigner que l’on formait des vœux contre sa vie? [11] XI. Un aussi formidable appareil des vengeances divines n’est pas encore capable de nous ramener à la règle et à l’amour du devoir. Et au milieu de ce carnage affreux de tout un peuple; au milieu de tous ces morts amoncelés autour de nous, personne ne pense que soi-même on est mortel. De tous côtés on s’agite, on s’empresse, on ne songe qu’au pillage, qu’à l’invasion; on ne s’occupe pas même de masquer ses brigandages; nulle hésitation, nulle crainte. Il semble que ce soit chose permise, une sorte de devoir, et que ne pas attenter au bien d’autrui, ce soit faire tort à son propre bien. Les voleurs publics conservent du moins dans leurs excès une ombre de retenue; ils choisissent et des lieux écartés et des solitudes profondes; ils ont grand soin d’envelopper leurs crimes des voiles et du silence de la nuit. L’avarice marche tête levée, et, assurée par sa propre audace, elle étale au grand jour son insatiable cupidité. De là les fausses délations, les empoisonnements, tant de forfaits dont l’audace effrénée trouve une sauvegarde dans l’impunité. Les coupables, ils pullulent et ne trouvent partout que des complices. Point de juste qui soit en droit de les punir. Comment réprimer les méchants, quand il n’y a plus de frein qui les arrête, que les plus discrets n’ont pas le courage ou la pudeur de parler, et qu’il n’y a plus de juge qui ne se vende à l’encan. Aussi nos divins oracles nous apprennent-ils pourquoi Dieu, pouvant, s’il voulait, empêcher les calamités, leur laisse un libre cours en punition des péchés qui les provoquent: Est-ce que la main du Seigneur est impuissante pour vous sauver? demande un prophète. Est-ce qu’il a appesanti votre oreille et l’a rendue sourde? Ce sont vos péchés qui ont mis un mur de séparation entre lui et vous, et qui l’obligent à détourner de vous son visage, afin qu’il ne soit point ému de compassion. Que chacun se rende compte de ses iniquités; qu’il porte la sonde au fond de sa conscience, et l’on cessera de s’en prendre à Dieu ou aux chrétiens, en reconnaissant qu’il n’a que trop mérité le châtiment qu’il endure. [12] XII. C’est là sur quoi nous insistons particulièrement dans nos discours; la principale apologie que nous opposons à vos persécutions, où Dieu n’est pas plus épargné que ses serviteurs. Pour vous ce n’est pas assez que votre vie soit souillée par mille abominables désordres, par les attentats les plus monstrueux, per une insatiable et sanguinaire avarice, pas assez que des superstitions mensongères vous détournent de la religion véritable; qu’il n’y ait parmi vous ni crainte de Dieu ni désir de le connaître, c’est pour vous un besoin de persécuter avec le plus inique acharnement les serviteurs de Dieu, fidèles adorateurs de sa majesté et de son nom. Vous ne l’honorez pas, et vous ne voulez pas même qu’on l’honore; et quand vos faveurs se prodiguent à ceux qui ont choisi pour objet de leur culte de vains et ridicules simulacres, l’ouvrage de la main des hommes, des idoles monstrueuses et abominables; votre haine s’appesantit sur l’adorateur du vrai Dieu. Partout vos temples regorgent du sang des animaux égorgés en l’honneur de vos fausses divinités, et sont noircis de la fumée de vos sacrifices; Dieu seul, ou n’a point d’autels, ou il faut se cacher pour l’adorer. Des crocodiles, des cynocéphales, des serpents, des pierres, voilà vos dieux; il n’y a que le seul Dieu véritable que l’on ne révère pas sur la terre, ou que l’on ne puisse pas révérer impunément. Des hommes qui ont justes innocents, chéris de Dieu, ou vous les bannissez, ou vous les dépouillez de leurs biens, ou vous les chargez de chaînes, ou vous les condamnez aux bêtes, aux flammes, ou vous les faites périr par le glaive. C’est un regret pour vous de voir finir nos souffrances ou de les voir abréger. Vous aimez à prolonger nos tortures, pour nous déchirer lentement, multiplier notre agonie, enchérir sans cesse sur votre cruauté, et sans cesse imaginer de nouveaux supplices. [13] XIII. Qu’est-ce dont que cette rage insatiable de barbarie? Que veut dire cette soif implacable du sang chrétien? Mais de deux choses l’une: ou c’est un crime d’être chrétien ou ce n’en est pas. Si c’est un crime, pourquoi ne condamnez-vous pas à mort aussitôt après qu’on s’est avoué tel? Si ce n’en est pas un, pourquoi tourmenter un innocent? Je ne dois être mis à la torture qu’au cas où je le nierais. A la bonne heure, si je dissimulais par la crainte du supplice; mais quand je suis le premier à confesser hautement, à répéter que je le suis, le premier à insulter à vos dieux; que je n’en fais pas mystère que je le déclare, non en secret, obscurément, mais en présence de tout le peuple, au pied des tribunaux, sans craindre d’irriter encore davantage et votre haine et vos bourreaux; que je vous reproche hautement à vous et à vos dieux votre imposture. [14] Pourquoi vous adresser à mon corps, qui est faible, à une chair que la violence des tortures mettra bientôt hors de combat? c’est mon intelligence qu’il faudrait plutôt attaquer. Essayez-vous à ma vertu, livrez assaut à ma foi, engagez le combat par la discussion, et triomphez, si vous le pouvez, de ma raison. XIV. Que si vos dieux ont ce que vous dites, qu’ils prennent en main leur propre cause; qu’ils entreprennent de venger leur divinité; qu’ils fassent voir ce qu’ils peuvent en faveur de ceux qui les servent, s’ils ne peuvent rien contre ceux qui ne les servent pas. C’est vous qui les défendez, ce n’est pas eux qui sont capables de se défendre eux-mêmes. Vous êtes donc plus puissant qu’eux; et loin de leur rendre vos hommages, c’est vous qui avez plutôt le droit d’en exiger de leur part. Quelle honte de vous prosterner devant des idoles qui ne peuvent se passer de vous, d’implorer la protection de ceux qui ont besoin de la vôtre! [15] XV. Oh! si vous aviez la curiosité de les voir, de les entendre, toutes les fois que nous les conjurons par nos exorcismes; que, par les brûlants aiguillons de nos paroles, nous les contraignons à quitter les corps qu’ils tenaient obsédés; que, tourmentés par la puissance divine et par des fouets invisibles, ils confessent en pleurant et en gémissant le jugement à venir! Venez, venez reconnaître par vous-même la vérité de ce que nous vous disons. Et puisque vous dites que ce sont là vos dieux, croyez au moins à vos dieux! Si vous voulez n’en croire qu’à vous-même, celui qui maintenant vous obsède et vous aveugle saura bien se faire entendre. Il vous dira que ces dieux, à qui vous adressez des prières, nous en adressent à nous; qu’ils nous redoutent quand vous êtes à leurs pieds; qu’ils tremblent en notre présence comme de misérables esclaves, eux que vous regardez comme vos maîtres. Au moins pourrez-vous reconnaître votre erreur, en les voyant, en les entendant confesser, sur notre simple appel, ce qu’ils sont, et découvrir à vos propres yeux leurs impostures et leurs prestiges [16] XVI. Quelle faiblesse, ou plutôt quelle démence n’est-ce donc pas de ne vouloir point sortir de ses ténèbres pour embrasser la lumière; que d’aimer mieux demeurer engagé dans la mort éternelle que de vivre dans l’espérance d’une bienheureuse immortalité! de fermer l’oreille aux menaces du vrai Dieu, quand il vous dit: Celui qui sacrifiera à d’autres dieux qu’au Seigneur sera exterminé; et encore : Ils ont adoré ceux qu’ont fait leurs mains, ils se sont courbés et humiliés devant eux; je ne leur pardonnerai point ce crime. Quoi! vous dégrader de la sorte et ramper aux pieds de ces fausses divinités! vous courber lâchement devant d’impuissantes idoles et de vains simulacres forgés par des mains mortelles! Vous à qui les mains du Dieu qui vous créa ont imprimé cette stature droite, élevée, qui vous distingue des animaux courbés à terre, vous oubliez que vous êtes fait pour le ciel. Laissez donc vos regards se diriger d’eux-mêmes vers le lieu où Dieu réside. Cherchez-le par-dessus cette terre. Pour éviter de tomber plus bas, portez plus haut vos pensées et vos affections! Adorateur des démons, vous risquez d’être enveloppé dans leur ruine. Vous vous précipitez à l’aveugle dans l’abîme où ils sont tombés. Réservez-vous pour les hautes destinées où vous appelle la dignité d’homme. Soyez réellement ce que Dieu vous a fait. Mettez votre âme à l’unisson de votre corps, qui ne pose sur la terre que par ses extrémités. Pour connaître Dieu, commencez par vous connaître. Laissez là des idoles inventées par le mensonge et l’ignorance; convertissez-vous au Seigneur: il suffit de recourir à lui pour en être exaucé; croyez à Jésus-Christ, Fils de Dieu, que Dieu son Père a envoyé pour nous donner la vie et nous racheter; cessez de persécuter les serviteurs de Dieu et de son Christ : ils sont sous la protection du Ciel. [17] XVII. C’est pour cela que jamais on ne nous voit nous défendre quand nous sommes arrêtés, ni chercher à nous venger de vos tyranniques violences, bien que nous formions un peuple nombreux. Nous supportons en silence toutes vos tortures, parce que nous savons avec certitude que nos souffrances sont comptées, et que plus l’injustice dont nous sommes les victimes est criante, plus la vengeance sera éclatante autant que légitime. Jamais on n’a persécuté notre religion, que le Ciel ne se soit déclaré contre ses oppresseurs. Sans en aller chercher la preuve à des époques reculées, vous venez tout récemment de sentir la main vengeresse du Dieu qui nous protège, par la chute des rois et des empires, que vous avez vus disparaître en un moment, par l’anéantissement de tant de fortunes, les défaites d’armées si puissantes, l’appauvrissement de vos légions. Dira-t-on que le hasard ait tout fait, quand nos saintes Écritures l’avaient prédit dans ces termes: A moi la vengeance, dit le Seigneur, et je l’accomplirai? Ne dites pas, avait dit l’Esprit saint lui-même: Je me vengerai de mon ennemi; mais reposez-vous sur le Seigneur, pour le temps où il vous protégera. Il est donc manifeste que les fléaux dont vous êtes accablés arrivent, non par nous, mais pour nous, comme effets de la vengeance de Dieu. [18] XVIII. « Mais, direz-vous, ils n’épargnent pas plus les chrétiens que les autres? » Oui, mais avec cette différence que les disgrâces du monde, sensibles pour ceux qui, mettant leur joie et la gloire dans le monde présent, n’ont point de récompenses à espérer dans le monde à venir, n’enlèvent rien à ceux qui, indifférents sur les biens et sur les maux de la vie, sont assurés des biens futurs. Resserrés dans le cercle étroit de cette vie d’un moment, toujours prête à leur échapper, qu’ils arrêtent leur félicité à ces étroites limites: par-delà, il n’y a pour eux que châtiments et douleurs. Mais il n’en est pas ainsi de nous. Non, pour nous il n’est point d’adversités qui nous abattent, point de fléaux qui nous accablent, point d’infirmités qui excitent nos murmures. Vivants par l’esprit plutôt que par la chair, nous trouvons dans la force de l’âme de quoi surmonter la faiblesse du corps. Ce qui est pour vous sujet de peine et de terreur n’est pour nous qu’une épreuve, un soutien. [19] XIX. Pouvez-vous croire que nous voyons les disgrâces des mêmes yeux que vous, quand vous êtes les premiers témoins de la manière si différente dont elles nous frappent, vous et nous? Ce n’est parmi vous que reproches, que clameurs. Nous, loin de nous plaindre, calmes et résignés au sein de la souffrance, nous ne savons que bénir et remercier Dieu; nous, indifférents sur la bonne ou la mauvaise fortune, tranquilles, inaltérables, nous laissons gronder autour de nous les flots orageux du monde, en attendant l’accomplissement des divines promesses. Tant que nous sommes enchaînés dans les liens du corps, il faut bien que nous soyons assujettis à la commune destinée du corps; et ce n’est qu’en se séparant de ses semblables par la mort, que l’homme s’affranchit des maux qui pèsent sur tout ce qui est homme. Enfermés, bons ou méchants, dans une même enceinte, nous en partageons tous ensemble les accidents divers, jusqu’au discernement qui sera fait des uns et des autres, à la consommation des siècles, pour assigner aux uns et aux autres l’immortalité des récompenses et des châtiments. Il n’y a donc point ici de parité entre vous et nous, sous le prétexte que, durant notre commun séjour dans ce monde, comme vous sous la dépendance du monde et des sens, nous payons un égal tribut aux exigences du monde et de la chair. Car puisque tout ce qui est châtiment n’existe que par le sentiment de la douleur qui l’accompagne, il est clair que les événements qui ne nous affectent pas de la douleur que vous en ressentez, ne sont pas pour nous des châtiments. [20] XX. Ce qui nous arme contre eux, c’est l’espérance qui nous soutient et la foi qui nous anime; c’est la constance de la vertu ferme, inébranlable sous les ruines du monde qui s’écroule; c’est la résignation à des souffrances que souvent même nous embrassons avec joie, assurés que nous sommes que notre Dieu ne nous manquera pas, comme il s’y est engagé par ces paroles de son Esprit saint : Le figuier ne fleurira plus, et les vignes ne pousseront plus; l’olivier trompera l’attente et ne donnera plus d’olives, et les campagnes ne porteront plus de grain pour la nourriture de l’homme; les brebis seront enlevées des bergeries, et il aura plus de bœufs dans les étables; mais moi je me réjouirai dans le Seigneur; je tressauterai de joie en Dieu, mon Sauveur. Non, le fidèle serviteur de Dieu, appuyé sur le solide fondement de la foi et de l’espérance, ne saurait être abattu par les adversités inséparables de la condition humaine. Que ses vignes et ses oliviers trompent son espoir, que ses champs frappés de stérilité ne lui laissent de perspective que l’indigence : qu’est-ce que cela fait au chrétien qui voit sa place dans un paradis où l’attendent tous les trésors de la grâce et les biens ineffables du royaume céleste? Rien n’altère la sainte joie dont le pénètrent ses intimes communications avec le Dieu qu’il adore; et la contemplation des béatitudes qui lui sont promises le remplit d’un courage qui l’élève au-dessus de toutes les disgrâces du siècle. Nous savons que purifiés du limon d’une naissance terrestre par le baptême qui nous a régénérés dans l’Esprit saint, morts au monde et ne vivant désormais que pour Dieu, ce n’est qu’après nous être réunis à Dieu que nous serons mis en possession des biens éternels auxquels nous aspirons. Jusque-là, faut-il conjurer l’invasion étrangère, obtenir les eaux du ciel dans les temps de stérilité, écarter ou diminuer les fléaux qui pèsent sur l’Empire? nous prions, nous implorons la miséricorde divine, jour et nuit nous supplions au pied de nos autels pour votre salut, nous intercédons pour la paix publique, pour votre salut auprès de la justice du ciel. [21] XXI. Bannissez donc de vos esprits la prévention qu’il n’y ait pas de différence entre nous chrétiens, et vous ennemis déclarés de notre Dieu; et de ce que nous ne sommes pas plus exempts que vous des maux qui font le commun apanage de l’humanité, n’allez pas en conclure que vous n’êtes pour rien dans les causes qui les amènent. Dieu lui-même vous répond par ses oracles sacrés, où il est prédit que sa colère viendra s’appesantir sur les oppresseurs de la vérité, et que si nous ne devons pas rester sur cette terre sans persécutions, nous ne resterons pas non plus sans vengeance. [22] XXII. Lui-même il s’est engagé à nous défendre; et combien, dès le temps présent, de témoignages éclatants de sa colère vengeresse, sans parler de ce jour terrible du dernier jugement, que la sainte Ecriture vous dénonce par ces termes : Poussez des cris et des hurlements, parce que le jour du Seigneur est proche ; jour sans pardon et sans miséricorde où le Tout-Puissant viendra pour tout perdre. Et encore : Voici le jour du Seigneur qui va venir; jour cruel, plein d’indignation et de fureur, qui vient comme une fournaise ardente, et tous les étrangers et les méchants seront consumés comme une paille, dit le Seigneur. Ce qu’il appelle les étrangers, ce sont ceux qui n’ayant pas été régénérés par la naissance spirituelle qui fait les enfants de Dieu, sont en dehors de sa famille; ceux-là seuls pouvant échapper à la divine colère, qui auront été marqués du sceau de Jésus-Christ reçu au baptême. Un autre prophète nous fait une description plus énergique encore de ce jour terrible où le Seigneur enverra ses anges pour ravager l’univers et faire périr le genre humain tout entier, en leur disant : Allez, massacrez, n’épargnez personne; tuez tout sans qu’aucun n’échappe, vieillards, jeunes hommes, vierges, femmes et enfants mais ne touchez à pas un de ceux qui seront marqués du signe. Quel est donc ce signe? dans quelle partie du corps est-il imprimé? Le Seigneur l’avait indiqué déjà : Passez, avait-il dit à ce prophète, au travers de la ville, au milieu de Jérusalem, et marquez un tau sur le front des hommes qui gémissent et qui sont dans la douleur de voir toutes les abominations qui se font au milieu d’elle. Le Seigneur nous témoigne encore que ce signe appartient à la Passion et au sang de Jésus-Christ, et que quiconque s’en trouvera marqué sera sauvé. Ce sang, dont sera marquée chaque maison où vous demeurerez, dit-il au livre de l’Exode, servira de signe en votre faveur. Je verrai ce sang, et je passerai vos maisons, et la plaie de mort ne vous touchera point lorsque je frapperai toute l’Egypte. Ce dont l’agneau pascal avait été la figure s’est accompli à la lettre dans la personne de Jésus-Christ. Le peuple juif ne put être sauvé de la plaie dont l’Egypte fut frappée que par le sang et le signe de l’agneau; ainsi, au moment de cette effroyable dévastation de tout l’univers, il n’y aura de sauvés que ceux où l’on reconnaîtra le sang et le signe de Jésus-Christ. [23] XXIII. Pensez donc à vous sauver, tandis qu’il en est temps encore; et puisque la fin du monde approche, commencez à craindre le Seigneur et convertissez-vous à lui. Ne vous abusez pas sur cette vaine domination que vous exercez dans le siècle sur les hommes vertueux qui se courbent sous votre joug sans se plaindre. L’ivraie et les mauvaises herbes dominent aussi dans nos campagnes au milieu des blés les plus fertiles. Cessez de dire que les calamités dont vous gémissez viennent de ce que nous n’adorons point vos dieux; apprenez plutôt que ce sont les effets de la juste colère de notre Dieu. Parce que vous refusez de le reconnaître dans ses bienfaits, il veut vous contraindre à le reconnaître dans ses vengeances. Commencez, quoique bien tard, à le chercher; lui-même vous y exhorte par ces paroles de son prophète: Cherchez Dieu, et votre âme vivra. Apprenez enfin à connaître Jésus-Christ; de sa bouche sacrée est sorti cet oracle : La vie éternelle consiste à vous reconnaître pour le seul Dieu véritable, Seigneur, et avec vous Jésus-Christ que vous avez envoyé. Croyez à son infaillible parole; croyez à la vérité de ses prédictions, dont vous voyez l’accomplissement; croyez à ce Dieu qui récompensera par une éternité de bonheur la foi de ses adorateurs, et châtiera l’incrédulité par une éternité de supplices. [24] XXIV. A ce jour terrible, quel triomphe pour la foi chrétienne! quel supplice pour l’infidélité d’avoir refusé de croire quand il en était temps, et de ne commencer à croire que quand il n’y a plus d’espérance de revenir en arrière! Supplice éternel, châtiment inépuisable, une flamme toujours dévorante s’acharne sur ses victimes qu’elle poursuit, qu’elle pénètre sans jamais se consumer. Pas un moment de trêve ni de relâche. Combien nous serons consolés de nos tribulations passagères, en les voyant à notre tour, durant l’éternité tout entière, punis par la vengeance céleste, ces cruels persécuteurs qui dédaignaient d’abaisser sur nous un regard de pitié durant les jours de notre pèlerinage sur la terre; quand, déchirés par le ver qui ne meurt pas et par les feux qui ne s’éteindront jamais, au sein des plus affreuses angoisses, accablés par la honte et par le désespoir, en présence des justes couronnés et triomphant de ceux qui les opprimèrent autrefois, et qui leur ravissaient le prix de leurs labeurs, ils s’écrieront en gémissant : Les voilà ces hommes pour qui nous n’avions que d’insolents mépris: ils nous semblaient être des insensés; C’étaient nous, nous seuls qui l’étions. Quelle différence ! les voilà ces vrais enfants de Dieu, réunis à la famille du Père céleste, associés à son immortelle félicité. Egarés que nous sommes tous des voies de la vérité nous fermions les yeux à la lumière de la justice, et nous sommes plongés pour toujours dans ces affreuses ténèbres. Triste dénouement de votre orgueil et d’une fastueuse opulence qui s’est dissipée comme l’ombre ! Repentirs stériles, souffrances cuisantes, pleurs et désespoir sans fin, prières jamais exaucées! [25] XXV. Trop tard, hélas! ils seront bien obligés de croire à des tourments éternels, ces hommes qui n’auront pas voulu croire à d’éternelles récompenses. Tandis qu’il en est temps encore, mettez donc et votre vie et votre salut en sûreté. Nous vous offrons en ce moment et nos sentiments et nos conseils paternels dans la vue de votre salut; et parce qu’il ne nous est pas permis de haïr, et que jamais nous ne sommes plus agréables à Dieu que quand nous souffrons patiemment les injures sans chercher à nous en venger, nous vous y exhortons de tout notre cœur. Tandis que vous le pouvez encore, qu’il vous reste encore à parcourir, quelque partie de votre carrière mortelle, hâtez-vous de satisfaire à Dieu; sortez des ténèbres épaisses de la superstition, et ouvrez les yeux à la brillante lumière de notre religion sainte. Bien loin d’envier vos avantages, de réserver pour nous seuls la connaissance des bienfaits de Dieu, nous cherchons à les répandre; nous n’opposons à votre haine que la charité, et pour les tourments, les supplices que vous nous faites endurer, nous vous montrons le chemin qui mène à la vie et au bonheur. Croyez et vivez, et après nous avoir tourmentés dans le temps, venez vous enivrer avec nous pendant l’éternité des joies célestes. Après cette vie, plus de pénitence, plus de satisfaction efficace; c’est uniquement ici-bas que la vie ou se perd ou se conserve, ici-bas que l’on se sauve par la foi et par la piété. Que personne ne se laisse arrêter par la considération du nombre et de l’énormité de ses fautes; que personne ne désespère de son salut tant que l’homme est sur la terre, il lui reste encore le temps du repentir; les chemins de la miséricorde divine lui restent toujours ouverts, et il n’en coûte pas beaucoup pour chercher et pour découvrir la vérité. Bien que vous touchiez de près au terme de votre vie mortelle, demandez au seul Dieu véritable le pardon de vos péchés, implorez sa miséricorde, professez son culte: vous êtes assuré d’en obtenir grâce, et la mort ne sera pour vous qu’un passage à l’immortalité. Tel est le bienfait que vous obtiendrez de Jésus-Christ; tel est le glorieux privilège qu’il nous a mérité par la victoire de sa croix sur la mort. Son sang versé pour nous nous a rachetés; il a réconcilié l’homme avec Dieu son Père; il nous a donné la vie en imprimant sur notre chair mortelle le sceau de la céleste régénération. Marchons tous, s’il est possible, sous cette bannière sacrée; elle est pour nous le chemin de la vie, elle nous montre la route qui mène au paradis, au royaume des cieux. Devenus par elle les enfants de Dieu, nous vivrons à jamais avec lui; renouvelés par le sang du divin Rédempteur, nous triompherons à jamais avec lui, dans la compagnie de Jésus-Christ, associés à sa gloire, à ses immortelles félicités, faisant retentir à jamais le cantique d’actions de grâces. Peut-on n’être pas heureux, peut-on n’être pas à jamais reconnaissant, lorsque de la mort l’on passe à l’assurance de l’immortalité?