LECTURE : Francis BACON (1561 - 1626) : un des intervenants du dialogue de la guerre sacrée, après avoir parlé, positivement, des Incas, des Péruviens, des Mexicains et des hommes de l'Orient, se plaît à juger très sévèrement les Turcs : Francis Bacon, De la guerre sacrée, I : ... Ita ut si aequa lance res ponderetur, imperium Turcarum censeri possit magis barbarum, quam horum quoduis. Tyrannis crudelissima, polluta sanguine imperatorum suorum in successionibus singulis ; mancipiorum et uassallorum massa ; sine nobilibus; sine generosis ; sine ingenuis; haereditates nullae ; nullae stirpes antiquae ; gens sine "affectibus naturalibus"; quaeque (ut ait Scriptura) "non mouetur desideriis mulierum" ; immisericors, et incuriosa erga liberos proprios; gens sine institutionibus moralibus ; sine literis, artibus, et scientiis ; quae uix iugerum agri, aut horam diei mensurare norit ; sordida, et immunda in aedificiis, uictu, et similibus : atque (ut uerbo dicam) opprobrium merum generis humani. Ista tamen natio hortum mundi in eremum uertit. Nam (ut recte habetur in prouerbio) : "Ubi equus Ottomanni pedem ponit, populus uix crescet". ... ... À bien examiner, on trouvera que les Turcs sont plus barbares que les nations dont nous venons de parler : un gouvernement tyrannique teint du sang des empereurs à chaque succession; une foule de vassaux et d'esclaves ; point de seigneurs, point de gentilshommes, point d'hommes libres, point d'héritage, point d'anciennes familles ; des hommes qui sont dépourvus de toutes les affections naturelles, et qui, selon le langage de l'Ecriture sainte, comptent pour rien les désirs des femmes : un peuple sans piété filiale, sans amour paternel, sans morale, qui n'a ni sciences, ni arts, ni belles-lettres, qui sait à peine mesurer un arpent de terre ou une heure du jour; sale et sans goût dans sa manière de vivre et de se loger ; en un mot la honte de la société humaine. Et pourtant cette nation a changé le jardin du monde en un désert ; car on l'a justement observé : la terre qui porte l'empreinte des pieds du cheval d'un musulman ne produit plus de blé. ...